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"Les renards et les deux benêts"
©Flickr / soualte

Petite fable politique

En politique, le silence est d’or. La moindre confidence, et hop, on peut en mourir. Retour sur l'affaire Fillon-Jouyet.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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En politique, il faut toujours en dire le moins possible. Car en politique, le silence est d’or. La moindre confidence et hop, on peut en mourir. Surtout quand la dite confidence est faite à un adversaire ou présumé tel. Faute d’avoir respecté ce principe, un homme politique - prénom : François - qui ressemble à s’y méprendre au Iago de Shakespeare, risque de devoir dire adieu à l’Elysée. On évoque Iago, mais on pourrait le qualifier de benêt. Ou les deux à la fois.

Qu’aurait-il fait ? Tout simplement, un jour de juin 2014, alors qu’il déjeunait dans un restaurant du 8ème arrondissement, il se serait laissé aller à distiller quelques confidences à un autre benêt - prénom Jean-Pierre - nous dirons pourquoi tout à l’heure, qui est un proche de l’actuel Président - prénom : François - puisqu’il occupe le poste prestigieux de secrétaire général de l’Elysée. Qu’aurait dit notre Iago qui par ailleurs espère un jour succéder à l’actuel chef de l’Etat ? Tout simplement qu’il fallait taper sur l’ancien Président et accélérer les procédures judiciaires le concernant. Objectif : l’abattre. Cet ancien Président, on l’a compris, se prénomme Nicolas et fait tout pour revenir à l’Elysée… Ce que Iago ne souhaite pas du tout, mais pas du tout. Alors, au cours de ce sympathique déjeuner de juin entre François et Jean-Pierre - les deux hommes se tutoient puisque le premier en poste à Matignon de 2007 à 2012 a eu comme ministre le second -  on multiplie les signes d’amitiés, on balance et on se quitte. En se disant à bientôt. 

Rien que du très banal. Sauf que la suite l’est moins : notre Jean-Pierre, interviewé par deux journalistes - renards d’un quotidien du soir réputé pour ne jamais lâcher sa proie - raconte par le menu si l’on peut dire le déballage que lui aurait fait l’ancien Premier ministre. Tout cela est enregistré. Et rendu public. Le copain de François, l’actuel Président, se rend compte un peu tard de sa gaffe. Le copain du copain de François ne l’est plus du tout. Il est furieux, on le comprend. Ses propres amis laissent entendre que c’est peut-être un traître. L’intéressé nie farouchement avoir tenu de tels propos. Il veut porter plainte. Il est victime d’une manipulation. Les deux journalistes renards sont contents du coup qu’ils ont joué à tout le monde. Quant à l’ancien Président, Nicolas, qui n’a jamais porté dans son cœur son ancien collaborateur, il est plutôt satisfait. Sa cote pour l’Elysée en 2017 remonte. A Bordeaux, Alain, son meilleur concurrent, se méfie. Sauf que cette histoire, croquignolesque pour certains, nauséabonde pour d’autres parce qu’elle décrédibilise un peu plus la politique, a fait un heureux, ou plutôt une heureuse : c’est Marine qui caracole en tête des sondages pour la présidentielle. Jean-Pierre et François seraient-ils devenus les alliés objectifs du Front national ?

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