Quand Janet Yellen fait gentiment mais fermement la leçon à la BCE sur les erreurs économiques de l’Europe<!-- --> | Atlantico.fr
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Janet Yellen, présidente de la Fed.
Janet Yellen, présidente de la Fed.
©Reuters

Bonnet d'âne

Ce vendredi 7 novembre à la Banque de France, c’était journée de Gala. Le patron des lieux, Christian Noyer, recevait le gratin la politique monétaire mondiale. C’est ainsi que Janet Yellen, Présidente de la FED, Haruhiko Kuroda, pour la Banque du Japon, Marc Carney de la Banque d’Angleterre et Raghuram Rajan de la Banque centrale indienne sont venus porter la bonne parole sur un continent qui semble en avoir bien besoin.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Les représentants de la Banque centrale européenne n’étaient pas réellement à la fête. Car il n’est un secret pour personne que la zone euro doit se contenter du bonnet d’âne en termes de croissance depuis l’entrée en crise, et sa situation actuelle de quasi déflation n’arrange pas les choses.

Les membres de la BCE ont fait figure de mauvais élève au cours d’une journée dominée par le discours de Janet Yellen. Car la Présidente de la FED, sous un ton feutré, élégant, souriant, typique du banquier central, a placé ses banderilles une par une sur la zone euro :

« La seconde leçon (de la crise) est que…les banques centrales doivent être préparées à employer tous les outils à leur disposition, en incluant les politiques non conventionnelles, pour soutenir la croissance et atteindre leur objectif d’inflation ».

La Banque centrale européenne est clairement visée. Son score actuel de 0.4% d’inflation pour l’année en cours la place très loin de son objectif inférieur mais proche de 2%. Ici, Janet Yellen indique sans détour que cette situation de stagnation économique est de la responsabilité directe de l’autorité monétaire européenne. Il suffirait à cette dernière d’utiliser les outils qui sont sa disposition pour soutenir la croissance et l’inflation.

Puis vient le tour de la critique des politiques d’austérité. Car selon la Présidente de la FED, les mesures de restriction budgétaire ne sont évidemment pas neutres sur la croissance :

« Dans la plupart des cas, la politique budgétaire a pesé sur la croissance économique. Ce résultat a été très évident dans la périphérie de la zone euro (…) En Espagne, par exemple, l’OCDE estime que la consolidation budgétaire a soustrait une moyenne de 1 à 1.5 points à la croissance du PIB, et ce, chaque année depuis 2009. »

Une stratégie européenne de retour à la croissance qui aura finalement couté entre 5 et 10 points de progression du PIB à l’Espagne. Un véritable exploit. Mais alors, que faire pour la BCE ? Ici encore, Janet Yellen vient discrètement faire la leçon à ses homologues européens :

« Lorsque les taux se rapprochent de 0, les banques centrales ont la nécessité de se tourner vers des outils non conventionnels comme le rachat d’actifs à grande échelle (assouplissement quantitatif ou QE), et la mise en place d’un Forward Guidance (stratégie visant à communiquer clairement les objectifs poursuivis par la banque centrale afin de permettre une meilleure anticipation des actions monétaires par les agents économiques) à propos de l’avenir des taux. Ces outils non conventionnels ont, selon moi, servi à soutenir la croissance de la demande intérieure, et en conséquence, à la croissance économique ».

Si les membres de la BCE ont encore des doutes sur les outils à employer pour permettre une sortie de crise, sur les méthodes à mettre en place, la FED n’en a pas. Le rôle d’une politique monétaire est bien de soutenir la croissance, il ne s’agit pas uniquement de regarder passer des trains.

Ironiquement, quelques minutes avant la prise de parole de la Présidente de la FED, les chiffres d’octobre de l’emploi américain étaient publiés. Ce sont 49 mois consécutif de création d’emplois qui viennent de se succéder, pour un total de 10.6 millions d’emplois crées depuis 2010. Les membres de la BCE vont devoir, à nouveau revoir leur copie.

A lire également, le nouveau livre de Nicolas Goetzmann :Sortir l'Europe de la crise : le modèle japonais, (Atlantico éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.


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