Comment Bruno Le Maire marque des points dans sa campagne pour la présidence de l’UMP<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire a surpris tout au long de son évolution dans la campagne pour la présidence de l’UMP.
Bruno Le Maire a surpris tout au long de son évolution dans la campagne pour la présidence de l’UMP.
©Reuters

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"Un bon score à une élection, c'est un score qui gagne", déclarait Laurent Wauquiez à l'issue d'une émission sur RTL dimanche 2 novembre, confirmant par là les ambitions rationalisées des sarkozystes pour la campagne de la présidence du parti. En parallèle, Bruno Le Maire a surpris tout au long de son évolution dans la campagne, en séduisant aujourd’hui près d’un électeur sur quatre.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Comment expliquer l'efficacité de sa campagne, qui réussit même à faire douter les Sarkozystes ?

Bruno Jeudy : Il est vrai que plus on avance dans cette campagne, plus les ambitions chez les sarkozystes sont revues à la baisse. Guillaume Peltier a même déclaré il y a quelques jours que 60% pour Nicolas Sarkozy serait un triomphe, ce qui est bien différent des 80% annoncé à son retour.

Bien que cela n’enlève rien du talent et de la bonne campagne de Bruno Le Maire, les sondages qu’on lit actuellement ne prennent en compte que les adhérents, et non les sympathisants, ce qui n’est donc pas tout à fait représentatif.

Nicolas Sarkozy ne caracole pas devant parce que les sympathisants UMP sont globalement déçus, ils restent sur leur faim après 40 jours de campagne de Nicolas Sarkozy. Le noyau dur de ce dernier est toujours hystérisé, mais une partie non négligeable des sympathisants UMP recherchent une autre offre politique. Et elles sont au nombre de deux : Hervé Mariton et Bruno Le Maire. Tout porte à croire qu’ils pourront faire de meilleurs scores que ce qu’on leur permettait d’atteindre au début de la campagne.

Bruno Le Maire incarne le renouveau, principalement du fait de son âge. En effet, des autres quadras comme Xavier Bertrand ou Nathalie Kosciusko-Morizet, c’est le seul qui a décidé de s’engager contre Nicolas Sarkozy. Cependant, on peut dire qu’il a eu l’intelligence et l’intuition de ne jamais l’attaquer de front, de ne jamais lui porter des coups.On pourrait davantage parler d’une campagne en creux contre l’ancien président.

De même, les idées qu’il porte symbolisent cette fraîcheur. Il s’est résolument placé sur le terrain du renouvellement des pratiques politiques, notamment sur le cumul des mandats et des mandats dans le temps. Il est également partisan d’une transparence, s’inscrit dans ce créneau qui intéresse une partie grandissante des électeurs de droite, alors que ce sujet était davantage porté à gauche.

Pour autant, alors que Bruno Le Maire attend un millier de militants à la Mutualité mardi 4 novembre au soir, Nicolas Sarkozy, lui, en espère 5 fois plus quelques jours plus tard. Quelle progression peut-on noter du point de vue de sa popularité chez les sympathisants UMP ? 

Au cours de sa campagne pour la présidence de l’UMP, Bruno Le Maire a engrangé un nombre conséquent de soutiens au Parlement, environ une cinquantaine. Pour mémoire en 2012, quand il a essayé d’être candidat il n’avait pas obtenu suffisamment de parrainage pour être candidat. Aujourd’hui, non seulement, il a tous les parrainages requis, mais aussi dans des proportions importantes. Nicolas Sarkozy lui-même n’a pas voulu dire combien de parlementaires le soutenaient, ce qui laisse à penser qu’il n’en a guère plus que Bruno Le Maire.

Le deuxième point, c’est qu’il a très tôt décidé de partir en campagne, le 11 juin exactement. Au cours de celle-ci, il a animé plus de 70 réunions, ce qui lui a permis de labourer le terrain, département après département. La campagne médiatique efficace a permis de consolider et d’améliorer sa notoriété.

Voilà comment Bruno Le Maire a pu grignoter les points dans tous les sondages, à tel point que pour la primaire il fait jeu égal voire mieux que François Fillon. Le troisième point, c’est qu’il a fait ce petit coup d’éclat en remplissant la salle de la Mutualité, ce qui représente un certain défi. Aujourd’hui je continue à penser qu’il n’a aucune chance de gagner contre Nicolas Sarkozy, mais à la mi-temps de la campagne, il apparaît comme un candidat que Nicolas Sarkozy ne peut plus négliger.

Son bilan politique est-il également responsable de son ascension ?

Aujourd’hui, je ne pense pas que ce soit ses arguments principaux même s’il est vrai que le passage à l’agriculture a pu le détechnocratiser. Il demeure malgré tout un pur produit de l’énarchie, quand bien même il porterait des jeans.

Il fait une campagne plutôt en creux vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, et cultive sa manière de le combattre mais jamais frontalement. Il s’oppose à une remise en cause de l’essence même de l’UMP, ce qui est un aspect assez fort.

En quoi peut-il mettre en difficulté Nicolas Sarkozy ?

Pour l’instant, Nicolas Sarkozy fait tout de même la course en tête, et qu’aucun sondage ni rien ne montre qu’il a de très sérieuses chances de le battre. Mais si Bruno Le Maire gagne des points par rapport à lui, c’est d’abord parce qu’il à l’air de séduire une part importante des jeunes de l’UMP.

Ensuite, ses relais parlementaires lui assurent un maillage sur le territoire, ce qui lui permet d’envisager un score national de 25% ou plus. Compte tenu du poids que représente Nicolas Sarkozy, c’est assez incroyable.

Comment Bruno Le Maire pourrait-il concrétiser sa surprenante ascension sur le plan politique ?

Si Nicolas Sarkozy est élu et que Bruno Le Maire a réalisé une bonne performance, il n’aura pas d’autre choix que de l’intégrer à un très haut niveau dans le futur organigramme du parti, et il s’inscrira alors comme un des personnages clés de la droite française. Dans une élection interne, détenir un électeur sur 4 n'est pas quantité négligeable.

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