Danse avec les stars (à demie nues) ou la preuve que les hommes sont définitivement devenus des objets sexuels comme les autres<!-- --> | Atlantico.fr
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Rayane Bensetti est souvent torse nu dans Danse avec les stars
Rayane Bensetti est souvent torse nu dans Danse avec les stars
©Capture

Chaud devant

Le candidat de l’émission Danse avec les stars Rayane Bensetti a déclaré cette semaine dans une interview à Télé 7 jours que la production de l’émission l’avait obligé à danser torse nu samedi dernier lors du prime time sur TF1. Un phénomène loin d'être totalement anecdotique.

Roland  Huesca

Roland Huesca

Professeur d'esthétique à l'Université de Lorraine et  auteur de l'ouvrage à paraître "La danse des orifices, étude sur la nudité" aux éditions Jean Michel Place. 

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Atlantico : Comment analyser cette volonté de l’émission de valoriser le physique d’un danseur, notamment ses abdominaux ? En quoi n’est-ce pas simplement pour faire monter les audiences ?

Roland Huesca : Faire monter l’audience en même temps que la température ! Mais il y a plus ! Ce phénomène montre combien l’homme est devenu « publiquement » un objet de désir.  Dans le même temps, on perçoit dans cette relative nudité une ascèse, une vigueur, une énergie patiemment conquises. Dans une époque marquée par la fin des grands idéaux, au moment où le futur semble se dérober, le corps devient une plus-value pour  l’avenir.

Par ailleurs cette question valorisant le torse nu de l’homme est ancienne. Déjà avec Polyclète, ce torse, cette « cuirasse esthétique »  vantait un idéal : celui de la beauté. La statuaire en témoigne. Cependant, l’idée s’exprimait dans le statisme, le lisse du marbre et la solitude d’une statue.  Cet idéal de beauté était pour les classiques, un mode d’accès à la vérité. Avec «Danse avec les stars» tout change. Nous sommes en présence d’un couple qui met en scène les clichés de la séduction, du désir,  de la sensualité. Tout le monde peut s’y retrouver. Et surtout, il y a le mouvement qui donne toute sa puissance au désir.

Cette exigence de l’émission est-elle le signe que les hommes sont désormais devenus des "bêtes de spectacle" devant afficher leur corps afin d’avoir des retombées économiques ?

Les hommes gagnent un territoire qui, jusque-là, était l’apanage des femmes. Même relative, la nudité attire les regards. Du même geste, elle fait vendre et fait monter l’audimat.  Dans ce domaine, le corps est assurément une plus-value.  Mais ce n’est pas nouveau.  Pensez aux calendriers des rugbymen : «les Dieux du stade».  C’est une esthétique que l’on trouve d’ailleurs  dans la culture gay.  Ce mâle puissant, musclé et imberbe qui assume une part de féminité et qui se met en scène.  Ces images jalonnent le quotidien de nos kiosques à journaux.

Alors que le corps avantageux de la femme a été montré et valorisé dans les médias, faisant des "bimbos" un argument marketing pour certaines émissions, pourquoi celui des hommes est à son tour de plus en plus affiché en public ? Qu’est –ce que cela traduit de notre société ?

Cet argument marketing marque un tournant, car de nos jours, le regard des femmes sur le corps désirable de l’homme s’est libéré. Elles affichent leurs désirs, le revendiquent et tant mieux ! Pensez aux phénomènes des « cougards »  chassant le jeune éphèbe. Ces représentations de la femme sont désormais valorisées ou du moins ne sont pas dévalorisées. Par ailleurs, le souci de son apparence envahit la sphère du masculin. : ai programme, soin, crèmes, chirurgie esthétique, etc. . Tout un marché de la beauté s’ouvre à eux. Dans nos sociétés ces nouvelles attentions renforcent l’adage : beauté = talent. Chez l’homme, tout un imaginaire social accorde au corps beau et vigoureux un surcroit de productivité.Quels sont les risques pour la société d’afficher aussi ostensiblement le culte du corps parfait ?

Je ne pense pas que ce soit un modèle dominant. Ce danseur est à la fois proche et lointain du commun des mortels. De plus, chez les hommes les palettes d’identifications à des modèles sociaux sont beaucoup plus variées que chez les femmes. Et le modèle de beauté beaucoup moins présent dès la petite enfance. Même s’il y a une plus-value accordée au corps, ce qui est indéniable, cette beauté du corps masculin ne l’emporte pas sur tout le reste. Regardez, dans le domaine de la mode les stars sont des femmes. Les hommes sont quasiment inconnus. 

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