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Stèle pour le sous-lieutenant Grunberg, le plus jeune résistant décapité par Vichy : l'épreuve de l’échafaud
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Bonnes feuilles

A travers l'histoire d'Isidore David Grunberg, juif polonais communiste exécuté sous les ordres du maréchal Pétain au motif de ses activités terroristes, Benoît Rayski décrit l'organisation du pouvoir et de la justice sous le régime de Vichy et montre que la résistance contre les nazis s'est traduite par une guerre civile contre le pouvoir français. Extrait de "Stèle pour le sous-lieutenant Grunberg : lycéen guillotiné par Pétain", publié aux Editions du Rocher (1/2).

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il est 4 h 45, Georges-Henri Desfourneaux vient d’arriver à la Santé avec ses aides. La porte de la cellule d’Isidore David Grunberg s’ouvre. Il sait que c’est l’heure. Il y a du monde. Le directeur de la prison, un officier allemand qui a tenu à être là par sympathie pour la police française, son avocat, le bourreau… Et aussi un rabbin. Isidore David Grunberg l’interpelle gentiment. « Désolé, monsieur le rabbin, je ne sais pas prier. » Isidore David Grunberg marche vers l’échafaud.

Il est presque 5 heures. Paris s’éveille. Le 122 rue de Provence, connu sous le nom de One Two Two, laisse s’échapper une cohorte de soldats allemands passablement fatigués par la nuit de plaisir qu’ils ont passée dans cette maison de rendez-vous. Des camions de la Wehrmacht les attendent. Direction la gare de l’Est. Ils partent vers le front. Le vrai. Là où on meurt. Les plaines de Russie. Les filles du One Two Two ont fait de leur mieux pour leur offrir de délicieux moments.

Isidore David Grunberg marche vers l’échafaud. Paris s’éveille. Jean Cocteau et Jean Marais sortent du Select, un endroit extrêmement bien achalandé en jeunes garçons. Gide, lui, est loin. Il est allé faire ses courses à Tanger.

Isidore David Grunberg s’approche de l’échafaud.

Drancy s’éveille. Le chef du camp, le SS Heinz Röthke, s’est levé de bonne heure. Une dure journée en perspective. Il lui faut vérifier minutieusement la liste des mille Juifs qui partiront le 10 août pour Auschwitz. Pour l’aider, il a convoqué le capitaine Vieux qui commande les gendarmes français préposés à la garde du camp. Un homme de confiance : on l’a vu donner des coups de bottes à des enfants. Des mille Juifs, aucun n’est revenu. Les gendarmes français n’ont pas été inquiétés : ils avaient juste obéi.

Isidore David Grunberg voit le dais noir qui pudiquement enveloppe la guillotine.

Paris s’éveille. Entre Pigalle et Blanche, les maquereaux corses relèvent les compteurs. Leurs Citroën traction-avant s’arrêtent devant les gagneuses qui remettent la recette de leur travail nocturne. Pas de tricherie possible : celles qui prétendent avoir eu peu de clients seront mises à l’amende. Une raclée ou dans les cas graves, une jolie cicatrice au rasoir.

Extrait de "Stèle pour le sous-lieutenant Grunberg : lycéen guillotiné par Pétain", de Benoît Rayski, publié aux Editions du Rocher, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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