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Salon de l'auto : où sont passées les voitures volantes ?
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Vroum vroum

Le Salon de Francfort présente des concept car luxueux mais le véhicule du futur fait partie du passé et l'utopie est morte.

Patrick J. Gyger

Patrick J. Gyger

Patrick J. Gyger est historien, auteur et curateur suisse. Il est directeur du Lieu Unique à Nantes. Il a écrit notamment "Les voitures volantes : souvenirs d'un futur rêvé" (Favre - 2005).

 

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Atlantico : Dans votre ouvrage consacré à différentes utopies, vous prenez l’exemple de la voiture volante, ce véhicule idéal et futuriste qui n'a jamais vraiment "décollé"...

Patrick Gyger : Oui pourtant, techniquement les voitures volantes sont réalisables. Il y en existe aujourd'hui et depuis les années 1930. Mais le rêve s'est brisé en raison de conflits avec les règles. En effet, on a essayé de démontrer aux gens que la voiture volante était la liberté absolue : vous pouvez décoller de chez vous et aller où vous voulez. Mais évidemment comme pour la voiture, c’est impossible. Il faut des routes, de la signalisation et des lois. Vous ne pourrez jamais voler n’importe comment.
En plus la voiture-avion n’a pas forcément d’utilité pratique. Ce rêve a été remplacé par de petits aéroports qui sont construits un peu partout, comme c’est le cas aux États-Unis. A la descente d’avion, vous avez recours à la location de voiture (qui s’est beaucoup développée dans les années 1940, notamment aux États-unis). La bi-fonctionnalité de la voiture volante est donc devenue moins pertinente à ce moment là.

Il y a aussi la pertinence économique. C’était un projet relativement cher et il faut avoir une piste de décollage pas trop loin du domicile ou pouvoir décoller de n’importe quelle route, ce qui est improbable. Enfin, cela resterait un privilège. Quand on parle de voitures volantes, c’est toujours l’objet du XXIe ou du XXIIe siècle : c’est toujours un objet du futur. Or en fait, on s’aperçoit que c’est un objet du passé. 


Alors quel est le vrai véhicule du futur ? Un véhicule intelligent, économe mais pas très glamour ?

Il y a eu une perte d’image positive du futur depuis pas mal de temps. On a aussi perdu foi en la science. On a vu qu’elle avait créé autant de problèmes qu’elle en a résolus. On est revenu de l’idée que la technologie, la technique et la science allaient améliorer le monde. On a aussi tendance à ne pas imaginer que nous ne sommes pas un monde de progrès. On a remis en cause cette notion de progrès. On a perdu la notion d’utopie ! Ce qui est regrettable car même si elle a été liée il y a un siècle au progrès technologique, au consumérisme et au développement tel qu’on le connaît traditionnellement, l’utopie a pu se nicher dans d’autres lieux. On devrait avoir des visions sur des spectres très larges pour le futur.


Cela revient-il à dire que la voiture ne fait plus rêver ?

Les véhicules individuels existeront toujours. Peu importe qu’ils ne soient pas toujours les véhicules les plus efficaces pour le déplacement. On a développé les trains à grande vitesse et on constate que dans la densité d’urbanisation la voiture ne semble pas être le moyen le plus rapide pour se déplacer. Ce qui est intéressant dans un système de rationalisation des transports, c’est de se dire qu’il y a des types de transports spécifiques à des territoires différents. On peut tendre vers cela dans un futur proche...

Nous ne sommes plus du tout dans le même rêve de liberté. On est maintenant dans un rêve de luxe. Certaines personnes rêvent de voitures très luxueuses, personnalisées, exclusives. Mais on peut aussi rêver à des voitures  dont les coûts de construction extrêmement bas, tout en exploitant personne, qui consomment très peu, et permettent d’aller très loin.. C'est peut-être la véritable utopie.

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