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La Palestine dans tous ses états
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EDITORIAL

Vote à l'ONU mardi prochain sur la reconnaissance de l'État palestinien. Le conflit avec Israël reste toutefois loin d'être résolu...

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Avigdor Lieberman n’est pas un tendre. L’actuel ministre israélien des Affaires étrangères a coutume de soigner ses sorties. « Ce que je peux dire avec la plus totale certitude, c’est qu’à partir du moment où ils (les Palestiniens) font passer une décision unilatérale, il y aura des conséquences dures et graves » a-t-il lancé dans un discours public. Des conséquences pour qui ? Lesquelles ? Lieberman reste flou à dessein. Ne pas préciser une menace la rend encore plus terrifiante.

L’État hébreu a raison de s’inquiéter d’une initiative diplomatique qui se matérialisera le 20 septembre prochain, lorsque l’autorité palestinienne déposera un projet de résolution visant à officialiser la création d’un État palestinien. Celle-ci risque d’aggraver la situation d’isolement d’Israël sur la scène internationale et de donner le sentiment à l’opinion planétaire que l’actuel gouvernement de Benjamin Netanyahou se refuse à résoudre un conflit qui dure depuis plus de 60 ans.

Mais la peur n’évite pas le danger. Plutôt que de se murer dans une opposition totale et frontale vouée à la défaite car selon toute vraisemblance, la résolution sera votée début octobre par une majorité qualifiée de l’Assemblée générale des Nations Unies, Israël aurait pu adopter une position plus offensive et, en tous cas, plus constructive. En proposant par exemple de voter lui-même la résolution sous certaines conditions : que le texte reconnaisse l’État juif de jure et plus seulement de facto ; qu’y soit mentionnée l’indispensable relance des négociations avec Israël, notamment sur la question du tracé des frontières et de Jérusalem ; que la renonciation au terrorisme comme prolongement de l’action politique soit explicite. De telles dispositions introduites dans le texte amèneraient les Palestiniens à précipiter le débat interne qu’ils fuient depuis trop longtemps et condamneraient le Hamas à choisir : changer ou disparaître. La France et quelques partenaires occidentaux travailleraient d’ailleurs discrètement à une résolution alternative acceptable pour l’ensemble des parties en présence.

L’initiative unilatérale de l’autorité palestinienne comporte bien des inconvénients. Elle a néanmoins le mérite de jouer le rôle d’électrochoc dont Israéliens et Palestiniens semblent avoir besoin pour redonner vie à un processus de paix comateux. Les hommes de Jérusalem qui, en leur temps, ont fait la paix avec l’Égypte puis la Jordanie croyaient dur comme fer que le problème palestinien demeurerait dans l’impasse tant que leurs interlocuteurs ne représenteraient pas un État. Ils arguaient qu’il est plus rationnel et donc plus facile de négocier avec un chef d’État qu’avec un chef révolutionnaire, voir un chef terroriste. A partir du mois prochain, Mahmoud Abbas sera peut-être considéré par les dirigeants de plus de 100 pays comme l’un des leurs. Lui incombera alors la responsabilité de se montrer digne de ce nouveau statut.

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