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Lancement d'Apple Pay : les porte-monnaie virtuels peuvent-ils tuer les banques ?
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Le buzz du biz

Les entreprises de la Silicon Valley surfent sur le secteur bancaire en révolutionnant les moyens de paiement. Décryptage de ce phénomène dans la chronique du "buzz du biz".

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Cette semaine, Apple a lancé Apple Pay. Cette nouvelle application permet de payer avec son téléphone, sans contact, grâce à la technologie NFC (near field communication). Cette innovation intervient juste après que Twitter et BPCE ont annoncé la création d’un paiement par le réseau social, en quelques signes. Il n’en fallait pas plus pour mettre l’avenir du secteur bancaire à la une des interrogations. Nos banques vont-elles disparaître ?

L’activité bancaire sur mobile, ce n’est pas nouveau. On le sait trop peu, mais l’Afrique est par exemple très en avance (voire leader) dans ce secteur (M-pesa est ainsi une entreprise symbolique de ce dynamisme). Au Japon, Line est un porte-monnaie électronique utilisé depuis une dizaine d’années.

La logique du porte-monnaie virtuel est de faciliter l’acte d’achat. Les études comportementales montrent en effet que les consommateurs dépensent plus facilement quand ils n’ont pas à sortir de cash et que le paiement est rapide et simple. Le téléphone permet ainsi, psychologiquement, de dissocier la dépense du compte bancaire. En clair, plus c’est ludique et virtuel, plus on dépense. Comme l’écrit Businessweek cette semaine : les commerçants vont adorer Google Pay.

Beaucoup reste cependant à faire : aux Etats-Unis, seulement 220 000 points de vente sont équipés (et visiblement ça ne fonctionne pas toujours). L’enjeu pour Apple sera donc de les faire adopter sa technologie. Ce sera évidemment une révolution pour les consommateurs et notre façon de dépenser, pour le commerce … mais peut-être pas pour le secteur bancaire structurellement

Ce que montre en effet le développement d’Apple Pay, c’est d’une certaine façon l’ambition limitée de la Silicon Valley en matière bancaire, contrainte par un principe de réalité: aussi importante qu’elle soit, la révolution numérique ne s’attaque pas encore au cœur du secteur bancaire (le crédit). Les entreprises de la Silicon Valley surfent sur le secteur bancaire, sans en remettre en cause les fondements à ce jour. Elles révolutionnent nos porte-monnaies (les moyens de paiement), mais pas l’activité bancaire elle-même : les barrières à l’entrée sont trop grandes.

La première barrière est économique (elle en est d’autant plus forte) : avec des taux d’intérêt aussi bas, l’activité de prêt n’est pas aisément rentable.

La seconde barrière est réglementaire. Créer une banque, se lancer dans l’activité de prêt, est très encadré (pour ne pas dire trop). Comme l’explique John Gapper dans le Financial Times, quand des membres d’Occupy Wall Street ont voulu créer leur propre institution bancaire, ils ont rapidement renoncé, tant les contraintes étaient nombreuses et insurmontables pour un nouvel entrant.

Notre façon de payer va donc changer, grâce à Apple, Tweeter, Square, PayPal et tant d’autres ; la révolution est en cours. Des agences bancaires vont certainement disparaître (gérer un compte en ligne est moins coûteux que dans une boutique). La concurrence va probablement s’accroître (et on sait combien ce secteur en a besoin !). Mais l’infrastructure du secteur financier, organisé autour des banques, ne devrait pas évoluer fortement dans l’immédiat.

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