Virage à gauche, virage à droite, derrière les soubresauts du PS un grand bénéficiaire, François Hollande <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
La situation tendue à l'intérieur du PS pourrait au final profiter au chef de l'Etat.
La situation tendue à l'intérieur du PS pourrait au final profiter au chef de l'Etat.
©Reuters

Des épines de rose

Alors que mercredi 22 octobre Benoît Hamon et Aurélie Filippetti ont été vivement critiqués pour s'être abstenus lors du vote du budget 2015, Manuel Valls déclare ce jeudi 23 octobre vouloir en finir avec une gauche passéiste. Une situation tendue à l'intérieur du PS qui pourrait au final profiter au chef de l'Etat.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

A la fois, historien, théoricien et tacticien de la gauche, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, s'efforce de garder une certaine placidité dans la tempête qui secoue le Parti socialiste : "Il y a quelque chose qui ne fonctionne plus au PS", constate-t-il. C'est le moins que l'on puisse dire ! Aussi préconise-t-il un "énorme effort de redéfinition". C'est dans ce but qu'ont été lancés des Etats Généraux du parti qui se déroulent en ce moment dans les sections avec plus de 1.400 réunions organisées à travers le pays. Ces Etats Généraux doivent déboucher avant la fin de l'année sur la définition d'un nouveau "progressisme" qui sera consigné dans une Charte en dix ou douze points. Voilà pour la théorie. En pratique les socialistes s'affrontent comme ils le font régulièrement depuis des décennies sur l'orientation du parti, - plus à gauche ou plus à droite ?, sur fond de questionnement sur le rôle de l'Europe, à l'heure où la France est sous la pression de la Commission de Bruxelles, d'absence de résultats économiques, et de doutes sur les futures échéances électorales (départementales et régionales), après les échecs cuisants essuyés aux Municipales et aux Européennes.

Ce "débat" se répercute sur les bancs de l'Assemblée où une quarantaine de députés PS (- dont les ministres qui viennent de quitter le gouvernement, Aurélie Filippetti et Benoît Hamon), se sont abstenus de voter la première partie du budget 2015. Du jamais vu ! Le tout est assorti de quelques déclarations tonitruantes sur fond de rivalité pour le leadership de la gauche ,dont la plus spectaculaire est celle de l'ancien ministre de l'Education, Benoît Hamon : "La politique de François Hollande menace la République "! Mais pour débattre, il faut au moins être deux : si la gauche du parti a quelque peu monopolisé la parole, elle n'est plus seule.

Manuel Valls, qui incarne l'aile droite du PS, minoritaire, entre à son tour dans la danse avec des propos non moins décoiffants à travers une longue interview à l'Obs. Il défend "une gauche qui marche et qui assume les responsabilités... Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des 30 glorieuses. La seule question qui vaille, c'est comment orienter la modernité pour accélérer l'émancipation des individus ...La gauche que je porte est pragmatique, réformiste et républicaine".

Et d'appeler à réformer l'Etat providence : "un modèle inefficace.... qui redistribue aveuglement sans tenir compte des besoins de chacun... nous devons proposer un modèle que j'appelle la prédistribution pour prévenir les inégalités". De quoi provoquer plus que des crises d'urticaire, voire des hurlements chez  tous ceux qui ne voient de salut que dans l'universalisme. Et le Premier ministre en rajoute en critiquant "le fonctionnement du marché du travail qui génère des inégalités importantes entre, d'une part, des salariés très protégés en CDI et, d'autre part, des salariés très précaires en CDD et en intérim. C'est là dessus qu'il faut agir..." Et Manuel Valls qui , il y a quelques semaines brandissait la menace de la disparition de la gauche, pose une  cerise sur le gâteau, en proposant "un nouveau compromis avec toutes les forces progressistes du pays " et de "bâtir une maison commune dans laquelle chacun se retrouve... Une fédération ou une seule formation". Car, en bon rocardien qu'il fut, le Premier ministre n'en finit pas de regretter l'occasion manquée de 2012 où le PS n'a pas su tendre la main à François Bayrou qui avait appelé à voter pour François Hollande.

Pour mener à bien ses réformes, il a besoin d'élargir la majorité qui rétrécit avec la semi-défection des Frondeurs et la prise de distance des Verts. Les tenants de l'aile gauche (Hamon, Montebourg, Aubry) font le même calcul mais dans l'autre sens, en tentant de récupérer les Ecologistes et quelques déçus du Front de Gauche pour reprendre le leadership du Parti. Mais au PS, tout le monde n'entre pas dans cette bagarre, car, estiment certains, à l'image du député Edouardo Rihan Cypel "la première gauche et la deuxième gauche, c'est terminéLa théorie de la gauche soixante huitarde et productiviste, versus un social libéralisme blairiste, ce sont de vieux schémas !" A l'Elysée, celui qui fut le maître de la synthèse lorsqu'il dirigeait le Parti, observe. François Hollande qui a parait-il validé l'interview de Manuel Valls qui sème l'émoi, a tout à gagner d'un PS qui se renforcerait à la fois sur sa droite et sur sa gauche. Comment pourrait-il critiquer son Premier ministre qui explique que "réformer un pays qui a perdu sa compétitivité prendra dix ans" ? C'est la somme de deux quinquennats. Quant aux Frondeurs, ils s'abstiennent, critiquent, mais ne rompent pas. Ils ne veulent pas quitter le PS, mais le réformer. Et tout le monde se retrouve sur un point : ne pas perdre les élections.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !