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Marcoule : faut-il vraiment avoir peur des déchets nucléaires ?
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Question centrale

L'accident survenu à Marcoule ce lundi dans l’installation nucléaire Centraco a jeté de nouvelles suspicions sur la filière nucléaire et relancé la question de la gestion des déchets nucléaires. État des lieux des dernières avancées en la matière.

Christophe Béhar

Christophe Béhar

Né en 1957 à Paris, Christophe BEHAR est ingénieur, diplômé de l’Ecole Centrale de Paris en 1982. Depuis avril 2009, Christophe Béhar est Directeur de l’Energie Nucléaire.

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Une fois passée la légitime émotion liée à ce dramatique accident, il convient de rappeler que la majeure partie des déchets nucléaires (90%) est aujourd'hui traitée selon des procédés industriels. Et que les recherches se poursuivent pour les 10% de déchets dits "ultimes". Ces déchets devront être gérés de manière durable.

Une gestion pour chacune des catégories des déchets

Les déchets radioactifs sont communément appelés « nucléaires », mais on les distingue en fonction du rayonnement qu’ils émettent, de leur « durée de vie » et de la quantité de radioactivité qu’ils renferment : en effet, leur dangerosité étant différente, les solutions pour la gestion de ces déchets sont également différentes.

  • Les déchets à vie courte, dont la durée de vie est inférieure à 30 ans, parmi lesquels :

- les déchets très faiblement actifs : ce sont principalement des gravats, plastiques, ferrailles… La radioactivité est faible et de courte durée,

- les déchets faiblement ou moyennement actifs à durée de vie courte. Ce sont des objets provenant du fonctionnement de centrales nucléaires (gants, filtres, résines…), de laboratoires de recherche, d’hôpitaux, d’industries minières, agro-alimentaires, métallurgiques…Les déchets gérés industriellement par Centraco font partie de ces catégories.

  • Les déchets à vie longue, qui ont une durée de vie supérieure à 30 ans, parmi lesquels :

- les déchets faiblement radioactifs à durée de vie longue, issus notamment du traitement chimique des minerais d’uranium, qui est le combustible des centrales nucléaires,

- les déchets moyennement et hautement radioactifs à vie longue : des usines de fabrication des combustibles, des centres de recherche, des usines de retraitement des combustibles usés.

Le stockage des déchets aujourd'hui en France

La majeure partie des déchets nucléaires vient de la production d’électricité. Après tri et séparation, pour 90 % de déchets radioactifs, les déchets à vie courte, il existe en France des solutions de stockage adoptées depuis plusieurs dizaines d’années.

Les 10 % des déchets radioactifs restants, les déchets moyennement et hautement radioactifs à vie longue, sont actuellement entreposés dans des bâtiments adaptés sur leurs sites de production. Rappelons que le déchet ultime est actuellement constitué pour l'essentiel des produits de fission et actinides mineurs, qui sont immobilisés dans une matrice de verre, dont la structure a été conçue pour conférer une excellente durabilité au colis final. Ce "verre nucléaire" est développé par le CEA et élaboré dans l'usine de La Hague (10 à 15 conteneurs d'environ 150 litres par réacteur et par an). Leur gestion à long terme et la mise en œuvre de solutions industrielles de stockage font l’objet de recherches et d’études.

Des recherches encadrées par des lois, des progrès et une solution pour demain

Des progrès décisifs ont été accomplis depuis 1991 dans la réduction du volume des déchets nucléaires industriels et surtout dans la démonstration au plan scientifique que l’on savait extraire du combustible irradié tous les radioéléments à vie longue et les incinérer (les transmuter ?).

C’est le domaine dit de la séparation/transmutation sur lequel le CEA conduit ses recherches  afin d'explorer la possibilité de réduire encore davantage la nocivité des déchets ultimes. De réelles avancées ont été récemment obtenues à l'échelle du laboratoire sur certains radioéléments à vie longue (en premier lieu l'américium), augurant favorablement de la possibilité de considérer de telles options, mais cela relève du long terme : bien des étapes restent à franchir pour aborder le stade du possible déploiement industriel.

L’avancée majeure des 15 dernières années de recherche a donc été de démontrer qu’il existe au moins une solution à la gestion durable des déchets nucléaires de haute activité à vie moyenne ou longue.

Quelles que soient les orientations futures du mix énergétique, la gestion durable des déchets nucléaires est un enjeu sociétal majeur, une responsabilité devant les générations futures et un sujet environnemental prioritaire.

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