Journée mondiale de la douleur : serons-nous bientôt capables de la mesurer (et pourquoi ça pourrait tout changer) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Lundi 20 octobre se déroule la journée mondiale de la douleur.
Lundi 20 octobre se déroule la journée mondiale de la douleur.
©Reuters

Espoir pour migraineux

Comme tous les ans au mois d'octobre, la communauté scientifique assiste à la journée mondiale de la douleur, prévue lundi 20 octobre. Et cette année, les recherches ont permis une réactualisation des connaissances.

Alain Serrie

Alain Serrie

Alain Serrie est directeur du service Médecine de la douleur à l'hôpital Lariboisière de Paris.

Il est l'auteur de "Vaincre la douleur" aux éditions Michel Lafon.

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Atlantico : S'il est aujourd'hui impossible de mesurer de manière objective la douleur ressentie par les patients, certaines études tendent à montrer que l'imagerie neuronale permettrait de la mesurer. L'observation du cerveau pourrait-elle permettre de mieux évaluer le niveau de douleur ?

Alain Serrie : Pour l'instant, on ne peut pas vraiment dire que l'imagerie fonctionnelle permettrait d'évaluer l'intensité d'une douleur. Ça veut simplement dire qu'il y a des variations du débit sanguin cérébral en fonction de plusieurs éléments de la vie comme les émotions, la culture, qui ont une influence sur les régions du cerveau impliquées dans la perception de la douleur. Le cerveau est un organe extrêmement compliqué, et la douleur en est l'une des émotions les plus sophistiquées.

L'imagerie neuronale nous a en revanche permis d'avoir des informations extrêmement importantes : on voit qu'en fonction des différentes régions d'où proviennent les douleurs une variation de débit. Par exemple, un patient qui souffre d'arthrose aura une augmentation du débit sanguin cérébral avant le traitement anti-inflammatoire stéroïdien, et une diminution après celui-ci. Ce point la nous a permis de réactualiser nos connaissance. Et on voit d'ailleurs que l'hypnose réussit à ce type de résultat également. Certaines techniques subjectives qui ne sont pas pharmacologiques ni médicamenteuses peuvent agir sur le cerveau.

Quand bien même la douleur serait évaluée de manière objective par un biais technique, il n'en reste pas moins que chaque patient en a sa propre perception. Finalement, évaluer le niveau de douleur avec précision change-t-il quoi que ce soit ?

Vous évoquez la question de savoir si une douleur chez un individu est comparable avec celle d'un autre. Et la réponse est non. Il faut donc raisonner en intra-individuel. Lorsque vous avez mal, le corps médical va mesurer cette valeur subjective par des méthodes objectives, et évaluer le traitement adéquat en fonction des résultats propres au patient. On ne compare aucunement avec d'autres patients. Donc oui, nous pouvons dès lors évaluer l'efficacité des traitements, et ce à intervalle régulier, comme pour n'importe quelle affection.

Les techniques actuelles sont-elles satisfaisantes ?

On ne peut pas vraiment le dire car nous n'avons pas inventé beaucoup de médicaments contre la douleur ces dernières décennies, en dehors des Triptans (traitements contre la migraine ndlr). Mais on a en revanche beaucoup travaillé sur les voies d'administration qui ont de fait beaucoup évoluées. Mais c'est vrai qu'on pouvait espérer mieux.

Ce lundi 20 octobre est la journée mondiale de la douleur. En quoi cela représente-t-il un enjeu central, au point d'en faire un tel événement ?

La récente enquête réalisée pour le laboratoire Sanofi permet d'avoir un aperçu de l'ampleur de la douleur puisque un français sur trois souffre de douleurs chroniques. Ce chiffre a d'ailleurs beaucoup augmenté en quelques années. Cela est dû en grande partie aux modes de vie modernes, plus durs et plus douloureux, mais il y aussi une meilleure reconnaissance et identification comme nous l'avons dit plus haut, et la prise en compte des personnes autistes ou schizophrènes a participé à augmenter ce chiffre. L'espérance de vie augmente également d'un mois par an, et selon les prévisions la France comptera donc 150 000 centenaires en 2050. Pour toutes ces raisons, l'exploration, la compréhension et l'étude de la douleur en fait un thème majeur de la recherche médicale actuelle et à venir.

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