Trafics de titres de séjour, la suite : Kofi Yamgnane serait l’ancien ministre impliqué dans l’affaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Kofi Yamgnane à Quimper, en 2009.
Kofi Yamgnane à Quimper, en 2009.
©jyc1 on Flickr

Corruption

Comme Atlantico l’avait révélé le 11 octobre, un ancien ministre PS d’Edith Cresson et de Pierre Bérégovoy semble bien impliqué dans un trafic de cartes de séjour. Il s’agit de Kofi Yamgnane, qui vit actuellement au Togo.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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C’est une histoire qui, d’une certaine façon, fait mal. Voir le nom de Christian Prouteau, un ancien officier d’élite de l’armée française, fondateur du GIGN et celui de Kofi Yamgnane, ex-secrétaire d’Etat chargé de l’Intégration d’Edith Cresson et de Pierre Béregovoy, cités dans une histoire de trafic de cartes de séjours, voilà qui laisse pantois. Quand en prime, on apprend que Christophe Rocancourt surnommé "l’escroc des stars" et un avocat connu, Me Marcel Ceccaldi semblent bien au centre de l’escroquerie (surtout le premier), là on se frotte  les yeux pour y croire. Pourtant, l’histoire est vraie. Tellement qu’elle est instruite depuis une dizaine de jours  par les juges Roger Le Loire  et Charlotte Bilger.

Lire également : Trafic de titres de séjours : un ancien ministre de Pierre Bérégovoy mis en cause

De quoi s’agit-il ? Au départ, il y a  Christophe  Rocancourt qui  a monté un petit  commerce, celui de l’obtention de cartes de séjours contre rémunération. Mais il faut quelqu’un d’introduit dans les milieux administratifs et policiers. C’est ainsi  que Rocancourt, déjà condamné à 16 mois de prison en février 2012, pour avoir soutiré  700 000 euros à la cinéaste Catherine Breillat s’adresse à une de ses relations qui n’est autre que Christian Prouteau,  ancien chef de la fameuse cellule de l’Elysée sous la présidence de François Mitterrand. Et notre vaillant  officier – promu  préfet par Mitterrand – sollicite le cabinet du Préfet de police pour obtenir des cartes de séjour pour deux Marocaines. Pour prix de ce service, le tarif  serait, dit-on, de 500 euros. Seulement voilà : le cabinet du préfet de Police flaire l’entourloupe quand il apprend que les deux gentilles Marocaines ont leurs époux à l’ombre. Autrement dit, en prison… De fil en aiguille, les enquêteurs de la Brigade de recherches et d’investigations financières (BRIF) font une drôle de découverte : ils apprennent qu’un ancien secrétaire d’Etat chargé de l’intégration (1991-1993) d’abord d’Edith Cresson, puis de Pierre Bérégovoy, Kofi Yamgnane, âgé aujourd’hui de 69 ans, aurait tenté d’obtenir un sésame pour quelques personnes désireuses de rester en France.  Pour prix de ce travail, il aurait demandé 3 000 euros… sans que l’on sache vraiment s’il les aurait réellement perçus.

Ancien  maire (PS) de Saint-Coulitz  (Finistère) de 1989 à 2001, cet ancien élève de l’Ecole des Mines de Nancy sera également député du Finistère de 1997 à 2002, date à laquelle il sera battu. Personnage sympathique, symbole de "l’intégration réussie", Kofi Yamgnane, élevé en août dernier, au rang de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur par Marylise  Lebranchu, élue du Finistère, passe le plus clair de son temps au Togo où il a tenté, en 2005, avant finalement d’y renoncer, d’être candidat à la présidence de la République. En 2010,  il réitère sa candidature à la  magistrature suprême… Mais elle est rejetée par la Cour constitutionnelle en raison "d’un doute sur son identité".  Pour 2015, il envisagerait de l’être une troisième fois. Aujourd’hui, les enquêteurs parisiens, soucieux d’en savoir un peu plus sur son rôle exact joué dans cette affaire de cartes de séjour, attendent avec impatience son retour en France…

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