Journée mondiale du refus de la misère : ce rôle de plus en plus déterminant que joue l’éducation et pourquoi il faut y sensibiliser les Français<!-- --> | Atlantico.fr
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L'amélioration de l'accès à l'éducation est un levier contre la pauvreté.
L'amélioration de l'accès à l'éducation est un levier contre la pauvreté.
©Reuters

Prise de conscience

Ce vendredi 17 octobre se déroule la journée mondiale du refus de la misère, l'occasion de rappeler que nous avons tous à gagner à la démocratisation de l'éducation dans les pays du Sud.

Catherine Alvarez

Catherine Alvarez

Catherine Alvarez est directrice générale de l'association soeur Emmanuelle depuis 1991. Elle a auparavant travaillé dans l'immobilier et a été impliquée dans le milieu associatif dès son plus jeune âge, notamment sur la cause des adultes inadaptés mentaux. 
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Atlantico : A l’occasion de la Journée Mondiale du Refus de la Misère du 17 octobre, l'association Sœur Emmanuelle (Asmae), lance une campagne pour défendre l'Accès à l'éducation comme levier contre la pauvreté. Alors que l'Europe traverse une crise économique, comment vous y prenez-vous pour sensibiliser aux situations de pauvreté au Sud ?

Catherine Alvarez : Justement, le grand public est d'autant plus touché par les situations de précarité, que ce soit en France ou à l'étranger. Il est touché par les images de la guerre qu'il voit sur ses écrans, la misère, l'immigration galopante avec toutes ces familles qui se noient en mer. Les gens ont conscience qu'il n'y a qu'un moyen pour arrêter cela : l'éducation. Si les migrants quittent leur pays c'est parce que la vie y est impossible et non pas parce qu'ils n'aiment pas l'endroit où ils vivent. Et la violence, notamment la violence de l'Etat islamique, est directement liée au manque d'éducation. L'éducation est à la base de nombre de remèdes. Moins il y a d'éducation, plus il y a de violence. 

Les donateurs ne sont-ils pas davantage tentés par des dons de proximité ?  

Très souvent dans les mots qui accompagnent les dons, nos donateurs nous disent qu'ils n'ont pas beaucoup de moyens, mais qu'ils donnent malgré tout. Il s'agit généralement de sommes allant de 10 à 15 euros. Le grand public est touché par les difficultés que traverse le monde et a conscience qu'il nous faut miser sur l'éducation des enfantsCette tentation de donner avant toute chose en France existe néanmoins. De nombreux particuliers mais aussi des entreprises choisissent le don de proximité. Cette tendance est grandissante ces dernières années en raison de la situation économique et de l'augmentation du nombre de demandeurs d'emploi. Asmea n'est pas particulièrement touchée par cette tendance car la majorité de nos donateurs s'intéresse de la même manière à la situation des pays du Sud qu'à celle de la France.

En quoi la situation des pays du Sud est-elle particulièrement préoccupante ?

En termes d'éducation, la situation est préoccupante car les Etats n'ont pas les moyens de mettre ne place une scolarité publique de qualité. Les efforts fournis par les Etats du Sud concernent essentiellement des infrastructures. Le taux de scolarisation est donc en hausse mais de manière assez paradoxale le nombre d'enfants qui savent lire et écrire reste faible. En réalité, cela s'explique parce que l'Etat n'a pas les moyens d'assurer le bon fonctionnement des écoles et les professeurs ne sont pas suffisamment formés. Par exemple, au Burkina Faso, l'instruction se fait en français alors que le niveau des enseignants dans cette langue est bien souvent insuffisant. Sans compter qu'à la maison les enfants parlent le dialecte.  

Nous  appuyons donc la formation des moniteurs dans les classes de maternelles,  nous essayons d'améliorer les outils pédagogiques. Nous avons également mis en place des projets spécifiques comme des classes de lecture. En plus des heures de classes, nous organisons des heures d'apprentissage de lecture et d'écriture à partir d'outils ludiques. Nous soutenons aussi les initiatives de soutien scolaire. Par exemple, dans certains pays d'Afrique, les enfants ont des devoirs mais n'ayant pas l'électricité, ils ne peuvent pas les faire chez eux. Nous avons aménagé des salles collectives pour que les enfants puissent faire leurs devoirs.  

Quelles sont les actions que vous mettez en place et comment chacun à son échelle peut-il contribuer ?

Il existe différentes manières de contribuer. Tout d'abord, il est possible de faire des dons afin de nous aider à financer des associations locales et  l'envoi de personnel afin de former le personnel local. Outre le don, il est également possible de s'engager professionnellement. Nous recrutons notamment des éducateurs de jeunes enfants et des personnes ayant un niveau Master en sciences de l'éducation. Tout professionnel qui peut contribuer à l'amélioration du système éducatif par la formation des enseignants et l'amélioration des outils pédagogiques.

Nous travaillons également sur des projets d'éducation inclusive, c'est-à-dire sur l'intégration d'enfants en situation de handicap dans des écoles normales. Des éducateurs spécialisés forment alors les moniteurs sur place.

Je crois que la grosse évolution ces dernières années est que les parents au Sud qui n'étaient pas convaincus de l'intérêt de l'école, le sont aujourd'hui. Ils vont même jusqu'à faire la queue pour les inscrire. L'école permet, dans un certain nombre de pays, de donner l'instruction de base nécessaire à l'exercice d'un métier. Le peuple s'est rendu compte que ses enfants ne pouvaient pas rester ignorants et aussi qu'ils pouvaient ensuite en faire bénéficier financièrement l'ensemble de la famille.

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