Démantèlement d’un vaste trafic d’armes en ligne : une estimation des puissants moyens qu’Internet a mis à la disposition des criminels en tout genre <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
48 personnes impliquées dans un trafic d'armes utilisant Internet ont été arrêtées mardi 7 octobre.
48 personnes impliquées dans un trafic d'armes utilisant Internet ont été arrêtées mardi 7 octobre.
©Reuters

Crime 2.0

48 personnes impliquées dans un trafic d'armes utilisant Internet ont été arrêtées mardi 7 octobre sur l'ensemble du territoire français. La partie émergée d'un système caché aux ramifications sans fins.

Stéphane Quéré

Stéphane Quéré

Diplômé de l'Institut de Criminologie et d'Analyse en Menaces Criminelles Contemporaines à Paris II, Master II "Sécurité Intérieure" - Université de Nice. Animateur du site spécialisé crimorg.com. Derniers livres parus : "La 'Ndrangheta" et "Planète mafia" à La Manufacture de Livre / "La Peau de l'Ours" (avec Sylvain Auffret, sur le trafic d'animaux, aux Editions du Nouveau Monde)

Voir la bio »

Atlantico : Un vaste trafic d'armes a été démantelé, donnant lieu à 48 interpellation en France. Plusieurs centaines d'armes de toutes sortes ont été saisies ; celles-ci étaient écoulées via internet. Comment ces ventes d'armes par internet s'organisent-elles ?

Stéphane Quéré : Cela s'organise un peu comme une bourse aux armes classique. Cette dernière est légale, se fait sur tout le territoire, avec des vendeurs qui proposent des armes neutralisées ou démilitarisées. Sur internet, c'est exactement la même chose, mais avec des armes qui n'ont pas été neutralisées ou que des bricoleurs ont remis en état de marche. Le plus problématique n'est pas tant la vente d'armes que celle de munitions. Si encore ces dernières ne circulaient pas, les armes resteraient inoffensives.

Dans le cas qui nous occupe, on a affaire à un milieu de collectionneurs qui se connaissent, soit au travers de forum, soit dans la réalité. Le cas relève presque plus de la police administrative que de la police judiciaire. Ce qui pose problème, c'est la porosité entre des gens connus des services de police, donc des criminels, et ces collectionneurs. Les criminels, eux, utiliseront ces armes pour des braquages, des règlements de comptes et autres.

Comment fonctionne cet internet qui permet à des marchés illégaux de fonctionner ?

C'est ce qu'on appelle le "dark net" ou le "deep web". Des nuances de signification existent entre les deux, mais pour résumer on peut dire qu'il s'agit du domaine de spécialistes. Cela représente 90 % de ce qui existe sur internet, et qui n'est pas référencé par les moteurs de recherche. On peut y trouver de tout, des activistes en révolte contre Google, Yahoo ou Facebook, ou bien des personnes recherchées dans leur pays pour leurs idées politiques. Les manifestants de Hong-Kong ou les dissidents iraniens, par exemple, se retrouvent sur le dark web. Ceci pour dire que le dark web n'abrite pas que des activités criminelles. Il n'en reste pas moins que l'essentiel est consacré aux activités illégales.

Quelles drogues peuvent se trouver sur internet, et comment ce marché fonctionne-t-il ?

Toutes sortes de drogues s'échangent sur internet. On trouve les drogues traditionnelles - cannabis, héroïne, cocaïne -, les drogues de synthèse, et toutes les nouvelles drogues, qui sont dangereuses mais pas forcément fichées en tant que drogues illégales.

Au travers du dark web, on ne se retrouvera pas en contact avec les cartels colombiens ou mexicains, il s'agit plutôt de quantités réduites ou moyennes. Les réseaux sont professionnels, mais de moindre niveau. Les choses pourraient changer à l'avenir avec le changement de génération.

Quels services illégaux peut-on obtenir via internet ?

On trouve beaucoup de service de techniciens. On pourra vous proposer des logiciels pour déverrouiller les ordinateurs, des techniques de piratage pour accéder à des comptes Twitter ou Facebook, ou bien des "packages" de données confidentielles et de codes de cartes bancaires. Vous trouverez aussi des services de tueur à gages. C'est plus rare, mais ça existe. "Silk Road", qui était une référence en matière de dark net et de vente de stupéfiants, a été fermé par le FBI en partie parce qu'il était possible d'y recruter un tueur à gages.

Grâce à des outils d'anonymisation et de cryptage, et grâce à des monnaies virtuelles, dont le Bitcoin, il est possible d'acheter à peu près tout : armes, stupéfiants, pédopornographie, clés d'accès et fichiers piratés, etc.

Qu'en est-il du trafic d'êtres humains, ou d'organes ? Ceux-ci sont-ils adaptés au support internet ?

Le trafic d'êtres humains pourrait éventuellement exister sur internet, mais je n'en ai pas eu d'écho. Le trafic d'organes, quant à lui, est trop local et pas assez important en termes d'ampleur. Sachant qu'il faut une rencontre physique, cela passe surtout par des réseaux médicaux ou paramédicaux et avec l'aide d'officiels corrompus.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !