Primaire PS : Ségolène Royal critiquait moins les sondages quand elle était en tête en 2006...<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Primaire PS : Ségolène Royal critiquait moins les sondages quand elle était en tête en 2006...
©

Electoralement votre

Ségolène Royal a contesté cette semaine la méthodologie des sondages pour la primaire socialiste, et donc leurs résultats. A-t-elle raison ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

Voir la bio »

Atlantico : Comment sont réalisés les sondages de la primaire socialiste ?

Alain Renaudin : Les sondages, dans le cadre de la primaire socialiste, sont effectués sur des échantillons qui sont nationaux, représentatifs, comme cela peut être fait pour des intentions de vote pour la présidentielle. Après, selon les instituts, il y a deux manières de procéder : la première se focalise sur les sympathisants du Parti socialiste pour les interroger sur leurs intentions de vote à la primaire ou sur leur candidat préféré. La seconde reste sur une base nationale : on demande à la personne si elle compte voter lors de la primaire socialiste, puis, sur une base dite « filtrée » (ce qui ont effectivement l’intention de voter à la primaire), on demande aux sondés leurs intentions vis-à-vis du candidat préféré.

Ces sondages sont-ils fiables selon vous ?

Il faut bien-sûr analyser ces sondages avec une précaution. C’est la première fois que des primaires sont ouvertes à l’ensemble de la population, c’est un exercice nouveau. Les intentions de se déplacer pour les primaires sont faibles et variables selon les études et selon les moments. On tourne autour d’une dizaine de points sur la population entière, à peu près le double en ce qui concerne les sympathisants PS. La majorité ne déclare pas avoir envie d’aller voter à la primaire. Plus l’échantillon est faible, plus le sondage est relatif.

De plus, personne n’est sûr que les personnes qui sont interviewées dans le cadre de ces sondages, aillent effectivement se rendre à la primaire socialiste. De la même manière, personne n’est sûr que les personnes interviewées dans le cadre d’un sondage pour la présidentielle, aillent se rendre dans les bureaux de vote. Tout repose sur une déclaration d’intention de se déplacer.

Ce qu’il faut c’est regarder plusieurs indicateurs et là on se rend quand même compte que la hiérarchie est globalement identique entre les candidats à la primaire socialiste en terme de score au sein de la primaire et en terme d’intention pour le premier tour de l’élection présidentielle.

La marge d’erreur est donc plus importante que dans les sondages classiques ?

La marge peut être plus importante, à partir du moment où la base des répondants est plus faible. C’est tout simplement une loi statistique qui fait que plus la base de l’échantillon est faible, plus la marge d’erreur est importante. Comme souvent, dans le cadre des intentions de vote à la primaire socialiste, soit sur des gens qui ont envie d’aller voter, soit sur une base de sympathisants PS, vous avez nécessairement des bases de répondants qui sont plus faibles. Même si quelques instituts cumulent des enquêtes pour essayer d’avoir des échantillonnages un peu plus importants.


Delphine Batho, mandataire de Ségolène Royal pour la primaire PS, fustige le manque de clarté des sondages, notamment le manque d’avertissement mettant en garde les citoyens sur la marge d’erreur. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que Mme. Batho se trompe. Si elle se référait directement aux rapports des instituts de sondage, elle verrait que, dans l’immense majorité des cas, ils intègrent systématiquement un rappel des marges d’erreurs par taille d’échantillon. Ce qui est publié est autant le fait des instituts de sondage que du média. Les medias n’ont pas toujours la place d’intégrer, avec les sondages qu’ils ont commandé aux instituts, un tableau, tout sauf attractif pour le lecteur, qui rappelle les marges d’erreurs.

Cette stratégie est un grand classique. De tout temps, c’est toujours ceux qui ont été en mauvaise position dans les sondages qui les ont le plus critiqué. Je n’ai pas le souvenir d’avoir beaucoup entendu Ségolène Royal, en 2006, quand les sondages ont fait d’elle la candidate socialiste pour la présidentielle de 2007.

Ce n’est pas une stratégie gagnante selon moi. Je ne vois pas en quoi cela peut mobiliser son électorat ou convaincre, d’une quelconque manière que ce soit, qu’elle a une aptitude à battre Nicolas Sarkozy. Régulièrement, des candidats se portent comme victimes, soit d’être moins représentés dans les médias, soit d’être défavorisés dans les sondages. Cette posture de victime ne peut jamais être une structure gagnante dans le cadre d’une campagne électorale.

Je rappelle tout de même qu’il y a plusieurs instituts de sondage et que les études ne sont pas toutes identiques. Globalement, les différents instituts de sondage, même s’ils ne travaillent pas de manière strictement identique, obtiennent à peu près les mêmes résultats.

Comment expliquer le retard dans les sondages de Ségolène Royal ?

Les sympathisants du PS, qui sont ceux qui vont le plus aller voter, veulent surtout nommer un candidat capable de battre Nicolas Sarkozy. C’est cela qui, principalement, va rentrer en ligne de compte. Les idées ou les programmes des uns et des autres, d’autant plus qu’ils ont déjà signé un programme commun, pèseront moins que la capacité à battre Nicolas Sarkozy.

Ségolène Royal a déjà tenté sa chance. Elle a montré qu’elle ne pouvait pas battre Nicolas Sarkozy. Il est normal, et presque mécanique, que les sympathisants PS aient plutôt envie de voter pour quelqu’un d’autre. Ségolène Royal, à l’instar de Nicolas Sarkozy, doit montrer qu’elle a changé si elle veut convaincre les sympathisants PS. La Ségolène Royal de 2007 ne pourra pas battre Nicolas Sarkozy en 2012.

Il faut aussi voir qu’à huit mois de l’échéance, Ségolène Royal qui tourne autour d’une vingtaine de pourcents, que cela soit au premier tour de la présidentielle, ou dans les intentions de vote sur la primaire, dispose quand même d’un socle non négligeable en terme d’électorat. Elle a une base qui reste significative et qui peut encore progresser. La hiérarchie est celle-ci aujourd’hui mais les choses peuvent évoluer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !