Pourquoi la France n'est pas en état de profiter de la baisse de l'euro<!-- --> | Atlantico.fr
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L'euro a baissé de plus de 8 % face au dollar en seulement 4 mois.
L'euro a baissé de plus de 8 % face au dollar en seulement 4 mois.
©Reuters

Editorial

L'euro a baissé de plus de 8 % face au dollar en seulement 4 mois au rythme des annonces de la Banque centrale européenne et de Mario Draghi. Mais les effets positifs de cette évolution devraient se faire sentir avant tout sur l’Allemagne.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Attendue depuis des mois comme le Messie, la baisse de l’euro aura-t-elle les vertus que lui prêtent ses partisans ? A les croire, elle est aujourd’hui la clé qui devrait permettre au vieux continent de sortir de la stagnation dans laquelle il est en train de s’enliser. Elle est en tous cas bien réelle, puisque la glissade de la monnaie unique dépasse déjà sept pour cent par rapport au dollar, à 1,28, en tombant ainsi à son plus bas niveau depuis juillet 2013. Et tout donne à penser que le mouvement va se poursuivre. Le cours de 1,20 pourrait être enregistré avant la fin de l’année, sans parler de ceux qui espéreraient parvenir à la parité avec le dollar, qui parait pourtant chimérique. Face à l’apathie des gouvernements, la Banque centrale européenne s’est décidée à agir. Mario Draghi s’est affranchi du carcan des règles communautaires pour donner un peu d’air et réveiller l’activité. La déflation tant redoutée serait ainsi écartée, les exportations stimulées, un peu d’inflation instillée dans les circuits économiques, favorisant les comptes publics, au moment où le déficit a une fâcheuse tendance à se creuser à nouveau à 4,4% du produit intérieur brut au deuxième trimestre en France. Les coûts salariaux seraient allégés comme on l’a vu aux Etats-Unis au moment du redémarrage de l’activité. Au total, on pourrait espérer un regain de croissance de 0,3% pour notre pays.

Ce tableau n’est-il pas trop rose ? C'est la vision de Patrick Artus : selon lui, une baisse de dix pour cent de l’euro, dont on est encore loin, ne générerait pas plus de 0,2% de croissance supplémentaire, tant l’économie française est encalaminée. Les rigidités qui caractérisent notre pays agissent comme un frein qui nous empêche de connaître dans leur ampleur les effets qui se manifestent chez nos partenaires. Ainsi, la France réalise les deux tiers de son commerce extérieur au sein de la communauté : elle exporte moins vers la zone dollar que l’Allemagne ou l’Italie : c’est dire qu’elle ressent moins l’avantage du recul de la première devise mondiale. Au demeurant, un pays comme l’Espagne est en train de prendre en Allemagne des parts de marché qui étaient dévolues jusqu’ici à notre pays, en raison des progrès de compétitivité qu’elle a accompli grâce aux puissantes mesures de redressement qu’elle a mise en œuvre. En revanche, le coût de nos importations, en particulier en matière d’énergie, va se renchérir sensiblement. Et le pouvoir d’achat des consommateurs risque d’être menacé rapidement avec l’inévitable hausse des produits qui s’ensuivra et de déclencher une cascade de revendications.

Les effets de la baisse de l’euro devraient donc se faire sentir avant tout sur l’Allemagne, dont les exportations enregistraient un coup de mou et seront stimulées, ainsi que les autres pays européens exportateurs, ce qui n’est pas le cas de la France, où la stagnation va se poursuivre. Car, on en revient toujours au même problème : les taux d’intérêt les plus bas que l’on connaît aujourd’hui, l’avantage de change théorique n’ont aucun effet sur la conjoncture intérieure, toujours à l’état d’un encéphalogramme plat. Rien ne se produira tant qu’on ne sortira pas du discours académique sur les réformes pour les engager véritablement. Le Pacte de responsabilité reste encore à l’état de mythe et le moral des patrons perd un point par mois dans les sondages depuis mai. La confiance est toujours aux abonnés absents. Et ce n’est pas le comportement du gouvernement dans le conflit Air France qui laisse entrevoir le retour de la volonté politique pour maîtriser un climat social où les tensions sont de plus en plus vives.                                                           

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