55% des Français ont constaté une hausse de leur impôt sur le revenu (et c’est encore pire chez les ouvriers et les salariés) <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
55% des contribuables estiment que leur impôt sur le revenu a augmenté cette année.
55% des contribuables estiment que leur impôt sur le revenu a augmenté cette année.
©Reuters

Ras-le-bol fiscal

SONDAGE EXCLUSIF - 55% des contribuables estiment que leur impôt sur le revenu a augmenté cette année, 61% pour les impôts locaux, et 60% voient une hausse de leur facture de gaz et d'électricité. Les Français restent très sensibles à la question fiscale et pourtant le gouvernement laisse croire que les baisses d’impôt toucheraient en réalité une majorité silencieuse... Pas si sûr.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

Voir la bio »

L’évolution perçue du niveau des impôts et des tarifs de l’énergie depuis un an

Question : Vous personnellement, par rapport à l’année dernière, avez-vous constaté une hausse très importante, une hausse assez importante, une stabilité, une baisse assez importante ou une baisse très importante ?

Jérôme Fourquet : Premier élément, on a une large majorité de Français qui juge que par rapport à l’année dernière, en cette période de réception des feuilles d’impôts, 55% pour l’impôt sur le revenu et 61% pour les impôts locaux, qui estiment qu’il y a eu une hausse. On est bien toujours et encore dans le climat de ras le bol fiscal et on comprend dans ce cadre là le geste du gouvernement annonçant la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu et l’extrême sensibilité de ce sujet. Ce n’est pas très nouveau, les Français ont toujours été sensible à la question fiscale, mais là on est dans des proportions très élevées. Deuxièmement, pour autant, on a un peu moins de Français qui disent, cette année par rapport à l’année dernière, que leurs impôts ont augmenté. L’année dernière on était à 68% pour les impôts locaux, en recul donc de 7 points, et pour l’impôt sur le revenu on a une baisse de 6 points. Un certain nombre de Français ont bénéficié de mesures fiscales annoncées par le gouvernement visant à essayer de contenir cette progression très forte de la fiscalité, néanmoins nous sommes toujours sur une tendance à la hausse.

>>> A lire également sur Atlantico : EXCLUSIF - Le gouvernement promet de larges baisses d’impôt… dans la réalité 10 millions de Français vont payer 4 milliards d’euros en plus en 2014

L’évolution perçue du niveau des impôts et des tarifs de l’énergie depuis un an

Question : Vous personnellement, par rapport à l’année dernière, avez-vous constaté une hausse très importante, une hausse assez importante, une stabilité, une baisse assez importante ou une baisse très importante ?

Cette année on est encore très loin de la stabilité puisque plus de la moitié des Français estime que ça continue d’augmenter, alors que ça avait déjà augmenté sensiblement l’année dernière et pour un quart d’entre eux de manière très importante. On comprend dans ce contexte les efforts significatifs que le gouvernement déploie quitte à ce qu’il soit perçu comme assez illisible et inconstant en matière fiscale : on augmente, on baisse, le Conseil constitutionnel intervient, on ne comprend plus grand-chose. Si le gouvernement prend tous ces risques en termes de communication politique, mais aussi en termes budgétaires, on voit bien que la croissance n’est pas là, il faut continuer d’assurer des rentrées fiscales pour pouvoir tenir nos engagements européens. Donc si on décide de lâcher du leste sur les impôts soit on ne sera pas dans les clous vis-à-vis de nos partenaires, soit on va être obligé de réduire davantage les dépenses, c’est un risque politique important, mais le gouvernement a estimé qu’il fallait le prendre, et on peut comprendre pourquoi quand on regarde ces chiffres. C'est-à-dire que la colère fiscale est loin d’être retombée : elle se nourrit d’une part de la hausse des impôts, mais aussi d’un sentiment plus large d’une perte de pouvoir d’achat.

L’évolution perçue du niveau des impôts et des tarifs de l’énergie depuis un an
De vos impôts locaux (taxe d’habitation, taxe foncière)

Pour les impôts locaux, 16% estiment que la hausse est très importante. A l’inverse, 2% disent que leurs impôts locaux ont baissé, et 7% pour l’impôt sur le revenu, et un gros tiers parlent de stabilité. Donc on a une accélération très forte l’année dernière, cette année on est dans le prolongement, on reste dans une hausse par rapport à il y a deux ans.


La hausse n’est pas ressentie de la même façon en fonction des sensibilités politiques, dans l’électorat socialiste 46% estiment que les impôts ont augmenté contre 66% à l’UMP, 62% au Front national et 73% à l’UDI. L’électorat de droite et du centre est très sensible à la question, c’est également vrai pour l’électorat du Front de gauche (64%). Seuls les socialistes sont un peu plus cléments avec les verts.

L’évolution perçue du niveau des impôts et des tarifs de l’énergie depuis un an
De votre facture de gaz et d’électricité

Deux facteurs expliquent l’impression de l’augmentation des tarifs de gaz et d’électricité, d’une part le ressenti des personnes : quand on est à 15 ou 20 euros près à la fin du mois, une hausse même modérée sur la facture de gaz et d’électricité passe moins bien que si on est plus à l’aise. D’autre part, cela dépend des modes de chauffage qui varient très fortement (électrique, gaz ou fioul) et aussi de la façon dont on se chauffe. Il s’agit de réponses en fonction de la perception des gens, même si on peut penser qu’elle est encrée sur le réel avec ce qu’ils ont vraiment payé ou dépensé, mais ce n’est pas un recensement statistique où on est allé regarder la facture de chacun. L’énergie est une question très sensible, on se souvient de la question des prix des carburants par exemple, politiquement c’est une question éminemment sensible. Comme le débat sur la fixation des prix du gaz, et l’intervention ou pas du gouvernement, ce sont des dépenses contraintes donc l’opinion y est particulièrement sensible. Sur ce paramètre comme sur celui de la fiscalité, le sentiment d’être pris à la gorge et la perception de hausse est un peu moins répandu que l’année dernière, mais demeure très majoritaire. On était déjà en grosse hausse l’année dernière, et cette année encore de manière significative d’où cette colère et ce sentiment de ras le bol fiscal qui continuent de bouillonner dans le pays. On a par ailleurs un nombre jamais vu de demandes de recours aux étalements des paiements des impôts.

L’évolution perçue du niveau des impôts et des tarifs de l’énergie depuis un an
De votre impôt sur le revenu

Dans les 55% de Français qui estiment que leur impôt sur le revenu a augmenté, 25% jugent la hausse très importante, c'est-à-dire un sur quatre, il s’agit là typiquement des retraités (26%) qui avaient des demi parts qui ont sauté, ou des gens qui avaient des heures supplémentaires défiscalisées qui ne le sont plus, et qui en plus bénéficiaient d’abattement pour les demi-parts pour les enfants (en deux ans le plafond est passé de 2500 euros par enfant à 1500). Alors que ces contribuables ont un impôt sur le revenu déjà élevé, ce qui fait un manque à gagner de 2000 euros si vous avez deux enfants. 32% des professions libérales et cadres supérieurs estiment avoir subi une hausse très importante, en cause la mise sous conditions de ressources d’allocations familiales ou les revenus du capital par exemple. 26% des catégories populaires (employés, ouvriers) pensent que la hausse est très importantes, ils sont de leur côté plus concernés par les heures supplémentaires. Dans tous les groupes sociaux, on a entre un quart et un tiers des gens qui estiment que leur impôt sur le revenu a très fortement augmenté par rapport à l’année dernière. 66% des professions libérales et cadres supérieurs disent que leurs impôts ont augmenté par rapport à l’année dernière, contre 52% des catégories populaires, avec un écart entre les ouvriers et les employés.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !