Air France, l’insupportable grève des nantis<!-- --> | Atlantico.fr
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Les pilotes d'Air France protestent contre le projet de réforme du court et du moyen courrier.
Les pilotes d'Air France protestent contre le projet de réforme du court et du moyen courrier.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Air France devrait annoncer l'abandon (ou tout du moins la suspension) du développement de Transavia Europe. Quel gâchis : la grève des pilotes d’Air France est insupportable. Pas pour les voyageurs qui vont finir par voyager avec la concurrence, mais parce qu’elle montre qu’en France, une catégorie de privilégiés, protégés par un statut, peuvent bloquer et ruiner un pan entier de l’activité économique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette affaire est invraisemblable. Les pilotes d’Air France - et singulièrement les commandants - c’est-à-dire des gens qui gagnent entre 10 000 et 20 000 euros par mois, vont finir par ruiner une des plus belles compagnies aériennes du monde. Pourquoi les pilotes et les commandants de bord font-ils la grève ? Parce que ces seigneurs de l’air n’acceptent pas que l’économie du secteur soit en train de changer.

Le transport aérien change parce qu'il s’adresse désormais à des marchés de masse. Il change parce que le prix du kérosène augmente. Il change parce que le client accepte des conditions de voyage différentes de celles d’autrefois.

Le symbole du changement, c’est l’émergence des compagnies low cost, c’est-à-dire des entreprises qui ont été conçues et qui sont organisées pour transporter le plus grand nombre à bas prix et ce, pour des conditions de sécurité équivalentes puisque ce sont les États qui contrôlent cela.

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Air France ne sera jamais une compagnie low cost mais Air France ne pourra pas se développer sur son modèle. L'entreprise doit, pour survivre, se développer mondialement en se positionnant via une filiale spécialisée sur le low cost : cette filiale, c’est Transavia. Actuellement, Transavia opère avec 14 avions : il lui en faudrait quatre fois plus.

Les pilotes d’Air France refusent cette évolution parce qu’ils craignent d’avoir un jour à travailler sur Transavia ou alors, ils craignent qu’un jour leur statut et leurs conditions soient alignés sur le low cost. Résultat, ils bloquent tout pour faire arrêter le projet. L’attitude est stupide, veine et suicidaire : c’est surtout catastrophique pour l’image de la France.

Cette attitude est stupide parce que se battre contre le transport low cost revient à se battre contre l’incontournable. Pourquoi refuser au plus grand nombre le plaisir de voyager ? Quelle arrogance ! Cette grève est complètement vaine parce que si le low cost n’est pas français, les voyageurs français voleront sur du low cost étranger.

Cette grève est catastrophique pour l’image de la France, car Air France c’est l’image de la France, son savoir-faire et son savoir-être. Les pilotes sont en train de détériorer cet outil formidable de promotion : savent-ils qu’ils détruisent cette image ? Savent-ils qu'en empêchant Transavia, ils condamnent Air France ?

Savent-ils aussi qu'ils empêchent les pilotes d’Air France d’avoir une carrière ? Sans Transavia, pas de développement. Le pilote restera pilote sur Air France alors qu’il pourrait être commandant sur Hop ou sur Transavia. Savent-ils aussi qu’Air France a été construite par les clients et les contribuables français ?

Air France n’appartient pas à 3 000 pilotes nantis et privilégiés. Air France appartient à des actionnaires, à des contribuables, à des millions de clients et à 100 000 salariés directes et indirects. Air France a une responsabilité économique qui va bien au-delà de son rayon d’action. Le dossier est simple : le monde change et il faut changer soi-même si on ne veut pas disparaitre. En attendant, le gâchis continue...

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