Effet domino : ce que l’Europe a vraiment à craindre du grave ralentissement chinois <!-- --> | Atlantico.fr
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Le ralentissement chinois aura un "effet domino".
Le ralentissement chinois aura un "effet domino".
©Reuters

La crise qui vient

Les autorités chinoises reconnaissent que l'objectif de 7,5% de croissance pour 2014 ne sera sans doute pas atteint. Le ralentissement, s'il se confirme, aura des conséquences graves pour la Chine et pour plusieurs pays développés.

Pierre  Sabatier

Pierre Sabatier

Pierre Sabatier est stratégiste et président du cabinet de recherche PrimeView.

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Atlantico :  La croissance chinoise pour ce troisième trimestre est passée en dessous des 7,5 %, le pire ralentissement depuis six ans. La Chine va-t-elle se retrouver en crise économique ? Qu'est-ce qui pourrait être la goutte d'eau qui ferait déborder le vase ? 

Pierre Sabatier : Les chiffres du PIB ne sont pas un très bon indicateur. Le ralentissement est plus important que ce que l'on peut en voir. Il a commencé au moins depuis 2011. Et le meilleur indicateur cette fois pour le montrer, c'est le prix des matières premières. La Chine consomme au niveau mondial 45% des métaux industriels. Si les prix ont augmenté de 2002 à 2011, il n'y a pas de secret, c'est parce que la Chine était en pleine ascension. Or, les prix baissent depuis 2011. Cela traduit une production industrielle chinoise est en ralentissement. La seule chose qui tient encore l'économie chinoise c'est l'investissement (il y a même une surcapacité qui ne peut être absorbée par la demande interne), notamment dans l'immobilier où l'Etat lâche parfois la bride du crédit pour construire des immeubles souvent vides. Mais la fin de cycle a déjà commencé sur le terrain même si elle ne transparait pas dans les chiffres. 

Les autorités chinoises injectent 60 milliards d'euros pour relancer l'économie. Cette action peut-elle éviter le pire pour la Chine ?

Les dirigeants ne font qu'acheter du temps. D'ailleurs ce n'est pas une attitude spécialement chinoise… Mais cela ne pourra permettre de transformer le modèle de société malgré la volonté affichée de se tourner plutôt sur la consommation des ménages. Mais il n'y a qu'une seule manière de le faire : augmenter les salaires (qui ne représentent que 40% du PIB en Chine contre 60% en France) ce que la plupart des entreprises sont incapables de faire. Le gouvernement chinois ne fait donc que repousser le moment où il devra faire le choix d'assumer une vraie récession en laissant faire faillite les entreprises qui ne peuvent pas donner du pouvoir d'achat au Chinois. Ce serait donc une vraie purge de l'outil de production. Mais comme le régime chinois est autoritaire, il peut se permettre d'imposer un "deal" où il assure de la croissance pour que chacun des acteurs économiques puisse espérer en profiter. Les autorités sont frileuses à accepter cette récession qui serait pourtant salvatrice car elles n'arrivent pas à évaluer les conséquences sociales et politiques. Et tout cela marche en plus de moins en moins car les acteurs commencent à douter de l'efficacité de ce système.

La Chine étant maintenant très imbriquée dans l'économie mondiale, et en passe de devenir le premier PIB mondial, quel pourrait être l'impact d'une crise chinoise sur les autres pays développés ?

La Chine est avant tout un exportateur et importe assez peu sauf des matières premières. Il n'y a donc pas tant de risques que cela, sauf pour le prix des matières premières qui va chuter si la Chine ralentit encore. Des pays comme l'Australie ou le Canada vont subir un coup violent. Mais d'autres pays verront plutôt des entreprises avec des marges croissantes grâce à la baisse de ces matières premières. Après, au niveau mondial, on peut aussi se poser la question de l'avenir d'un pays comme l'Arabie Saoudite avec un baril qui tomberait à 50 dollars… A priori, il pourrait aussi y avoir une baisse des actifs financiers, les actions, car une telle situation générerait du risque supplémentaire sur la valorisation de ces actifs.   

La Chine connaît depuis plusieurs années un ralentissement tangible de son économie. Entre-t-elle dans une période de "normalisation" de son économie ? Pourra-t-elle supporter "l'atterissage" ? 

Il n'y a pas de normalisation. Pour qu'il y ait normalisation, il faut un transfert de la croissance vers le marché intérieur. Or, ce n'est absolument pas le cas. La consommation des ménages ne prend pas le relais des investissements et des exportations. On est au contraire dans une mécanique de fuite en avant, et la fin d'un système que les autorités vont devoir gérer pour mieux s'adapter, notamment au niveau politique et social, à une situation qui promet d'être bien moins favorable.

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