Les raisons derrière le nombre record de candidatures aux sénatoriales 2014<!-- --> | Atlantico.fr
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Les élections sénatoriales se tiendront le 28 septembre.
Les élections sénatoriales se tiendront le 28 septembre.
©Reuters

La place est bonne

Quelques 1 733 candidats vont se présenter aux 178 sièges de sénateurs qui seront renouvelés le 28 septembre, un record pour ce type d'élections. Des raisons diverses expliquent cette inflation. Bonnes ou mauvaises...

Jean-Louis Prévost

Jean-Louis Prévost

Journaliste politique à l'AFP chargé de la couverture du Sénat.

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Atlantico : Selon les chiffres officiels fournis par le ministère de l’Intérieur, plus de 1700 candidat(e)s se présentent aux élections sénatoriales le 28 septembre, environ 400 de plus qu’en 2011 et surtout 1000 de plus qu’en 2008. Comment expliquer cette inflation du nombre de candidats cette année ?

Jean-Louis Prévost Il faut d’abord préciser que la moitié des départements est concernée par le renouvellement depuis 2011 alors qu’en 2008 c’était un tiers. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette augmentation du nombre de candidats : d’abord le seuil à partir duquel s’applique le scrutin proportionnel a été abaissé, passant de 4 sièges par département en 2011 à 3 sièges en 2014. Il y a donc une inflation du nombre de candidats dans les scrutins à la représentation proportionnelle avec des listes parfois farfelues alors que dans les petits départements ce sont surtout des candidats des grands partis.

Dans un scrutin  majoritaire, on retrouve un candidat et son suppléant tandis que dans un scrutin de liste à la proportionnelle il faut deux candidats de plus sur la liste que le nombre de sénateurs élus. Comme le nombre de départements appliquant un scrutin à la représentation proportionnelle a augmenté, le nombre de candidats est lui aussi automatiquement revu à la hausse. Par ailleurs des régions peuplées comme l’Ile de France et le Nord Pas de Calais ne sont pas concernés par ce renouvellement sinon le nombre de candidats auraient été encore plus élevé.

Faut-il aussi y voir une volonté de certains partis de déroger à la règle de la parité ?

Dans le département de l’Eure et Loir par exemple deux sénateurs masculins sortants sur trois ont chacu fait une liste. C’est un moyen de contourner la parité car les candidates qui figurent en deuxième ou quatrième position n’ont alors aucune chance d’être élues. On a déjà observé ce phénomène au renouvellement précédent et il concerne surtout la droite.

Pourquoi certains partis politiques, comme le FN ou Debout la République, ont cette année choisi de présenter des listes sur tout le territoire ?

Le FN présente des candidats partout alors qu’en 2011 il était beaucoup moins présent. Lors des dernières municipales il y a eu une vague de droite donc les candidats se disent qu’ils ont des chances de percer et c’est aussi pour ça que l’on voit de nombreuses listes, parfois étranges d’ailleurs. Il ne faut pas oublier que 95 % des grands électeurs viennent des communes et sont des conseillers municipaux ou adjoints au maire. Le FN est trop marqué mais pour Debout la République on peut imaginer que des grands électeurs classés divers droite qui ne sont pas trop marqués politiquement et qui sont lassés de la guerre des chefs à l’UMP soient tentés de voter pour des partis non traditionnels. Comme les Français expriment une défiance envers les politiques cela pourrait bénéficier aux petits partis.

Comme l’Assemblée nationale, et même encore plus, les sénateurs bénéficient d’un cadre de travail particulièrement beau et de petits privilèges. Peut-on aussi expliquer le nombre important de candidatures par ces conditions avantageuses ?

Le mandat n’est pas le même que celui de l’Assemblée nationale : il est de 6 ans contre 5 pour l’Assemblée. Le cadre est agréable avec le Palais du Luxembourg qui est un privilège à lui tout seul et qui est sans doute mieux situé que l’Assemblée. Le Sénat est aussi un lieu où le travail de fond réalisé est important. En ce qui concerne les petits avantages du Sénat, on peut citer la Poste, le restaurant le fleuriste, la buvette, les marchands de journaux, le coiffeur, la cave… c’est une petite ville, un Etat dans l’Etat. Le personnel est aussi aux petits soins. Tout ceci peut bien sûr aussi expliquer la recrudescence des candidatures.

Propos recueillis par Julien Chabrout

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