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Manuel Valls.
Manuel Valls.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La majorité du Parti Socialiste n’accepte pas cette évidence qui leur apparaît comme du chantage, mais pourtant Manuel Valls a raison. Cette petite phrase révélée dans Le Monde a fait l’effet d’une bombe. Du coup, le Premier ministre a été obligé hier soir de jurer qu’il n’avait jamais dit cela.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Voila encore le PS prit en flagrant délit d’écart de lucidité. Un écart entre la majorité socialiste et les dirigeants de ce pays. La majorité des socialistes n’accepte pas de regarder la vérité en face. Ils ne veulent pas croire que le monde a changé, que la mondialisation et la révolution digitale bouleversent tout. Ils refusent de penser que la France est en quasi-faillite. Sont-ils à ce point-là nuls, illuminés par leurs croyances ancestrales, leur morale étriquée, leur absolue certitude d’être intelligents et d’avoir raison contre tout le monde ? Cette conviction que Keynes n’est pas mort et que l’on pourrait presque vivre avec une croissance zéro. Et bien voyons !

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Aujourd’hui, si les résultats n’arrivent pas très vite, "c’est foutu". Il est extrêmement lucide Manuel Valls. Le problème, c’est qu’il y a un malentendu entre ce que disent les uns et comprennent les autres. Pour les socialistes, ils ont compris que dans trois mois ils risquaient de perdre leurs sièges de députés et la majorité perdrait l’essentiel de ses responsabilités au sein du gouvernement. Mais ça n’est pas très grave. Ce qui est grave c’est que sans résultats rapides, ce qui est foutu c’est le pays tout entier qui aura du mal à s’en remettre. Pourquoi ? Pour deux raisons majeures.

La première raison, mesdames, messieurs les députés, c’est que sans réformes de structures, les promesses de redressement seront complètement illusoires. Sans réformes, pas de confiance. Sans confiance, pas d’investissements privés et donc pas d’activité.


Le facteur confiance va se voir très vite. Pas besoin d’attendre un an ou deux. Dans les deux mois, on saura si les milieux financiers, qui commandent les taux  d’intérêt, et les entrepreneurs qui commandent les projets d’investissement reprennent confiance ou pas. Si les investisseurs sont aux abonnés absents, n’espérez pas des chances de résultats. Le gouvernement n’a pas d’autres solutions que de démissionner. Le Président de la République peut tenter une dissolution pour sauver sa peau de Président  mais dans les deux cas, les députés perdent leur job. Oui, "sans résultats c’est foutu" pour la Hollandie et la majorité des socialistes.

Mais il y a une deuxième raison de penser que ça sera foutu bien au-delà de la majorité politique.

C’est que les conditions économiques déplorables, sans aucun espoir de redressement, vont mettre le pays à genoux. Du coup, un chômage encore plus massif, une Europe qui se porte bien mais qui nous tournera le dos et un FMI qu’il faudra accueillir sous les ors de l’Élysée pour nous aider à tenir les échéances. Formidable perspective !  Ce n’est pas seulement le gouvernement qui sera humilié, mais la France toute entière comme en 1958 ou en 1982. Obligée alors de se plier aux contraintes de nos créanciers. Oui ce sera foutu et pour très longtemps.

La Japon a mis trente ans à se redresser d’une trop grande frilosité. Le Japon est resté bloqué sur son modèle capitaliste national alors que le monde était en train de se bouleverser. Si la France ne réussit pas à changer son logiciel social, elle se retrouvera avec le même risque d’étouffement et d’isolement. Si les résultats ne sont pas là, les riches vont continuer à faire des affaires ailleurs que dans l’Hexagone, les jeunes diplômés vont continuer à s’expatrier. On laissera en France ceux qui n’ont pas réussi une formation supérieure et à qui l’on n’a pas appris les langues étrangères, les chômeurs et les petits retraités qui seront trop vieux ou trop désargentés pour aller au Maroc.

Bref, si les résultats ne sont pas là, le scénario catastrophe qui fait peur à l’Élysée sera d’actualité.

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