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11 385 collégiens ou lycéens sont encore en attente d'affectation.
11 385 collégiens ou lycéens sont encore en attente d'affectation.
©Reuters

Education nationale mon amour

Deux semaines après la rentrée, 11 385 collégiens ou lycéens étaient encore en attente d'affectation à la suite de difficultés rencontrées lors de leur inscription. Une situation pas inédite qui illustre les dysfonctionnements de l'Education nationale.

Valérie Marty

Valérie Marty

Valérie Marty est présidente nationale de la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public (P.E.E.P).

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Atlantico : Deux semaines après la rentrée, plus de 11 000 collégiens et lycéens se retrouvent sans affectation. Comment en est-on arrivé à cette situation qui amène autant d'élèves à ne pas pouvoir aller en cours ? Quels défauts de fonctionnement de l'Education nationale sont ainsi mis au jour ? Pourquoi les lycées sont-ils plus touchés ?

Valérie Marty : Il y a volontairement une gestion très rigoureuse et trop rigoriste des moyens. L'Education nationale attend au dernier moment pour affecter des élèves, à la rentrée, pour voir si des élèves ne sont pas partis dans le privé et si les effectifs prévus en juin ne se sont pas dégonflés pendant l'été. Or chaque année on voit que les élèves se présentent bien à la rentrée. L'Education nationale a la possibilité de mieux gérer les flux. Actuellement l'Education nationale peut laisser des enfants dans la nature sans s'en rendre compte. Il y a un manque de réactivité. On pourrait à mon sens trouver très rapidement des solutions avec une meilleure anticipation des choses pour ne pas laisser autant d'élèves sans affectation.

Il y a par ailleurs un manque de moyens et un manque d'enseignants qui fait qu'ouvrir des divisions est compliqué. Il faut d'abord trouver des enseignants, surtout sur certains territoires. Pour les maths ou la physique par exemple nous n'avons quasiment plus de professeurs.

L'absence d'affectation peut concerner les collégiens s'ils ont changé d'académie et ont déménagé. Dans ce cas, il y a parfois des problèmes de gestion de dossiers. A la PEEP, nous sommes obligés de retransmettre des dossiers à l'Education nationale et leur dire "attention ces dossiers ont été perdus quelque part". Cette absence de fluidité des dossiers à l'heure du numérique peut paraître aberrante.

Au niveau des lycées, les redoublements jouent un rôle : plus les lycéens sont nombreux à le faire plus les problèmes apparaissent notamment pour les élèves de terminale. Au lycée professionnel, c'est par ailleurs plus compliqué de proposer une autre filière et les lycéens peuvent se voir proposer quatre établissements.

Qu'est-ce que peuvent faire concrètement les familles des collégiens et lycéens confrontés à ce genre de situation ?

Il faut se tourner rapidement vers l'Inspection académique la plus proche, se faire connaître auprès des fédérations de parents d'élèves pour les aider. Il n'y a pas de solution miracle mais il faut se rendre personnellement et physiquement sur place. Ensuite, il faut essayer de trouver quelqu'un qui réponde à ses questions et ce n'est pas gagné. Puis il faut ensuite insister pour le suivi de son dossier…

Comment expliquer que les enfants et leurs parents se retrouvent aussi démunis face à ce genre de situation compliquée ? Pourquoi les acteurs (principal ou proviseur d'établissement, direction académique de l'Education nationale, rectorat…) se renvoient-ils la balle dans ce qui s'apparente à un labyrinthe administratif ?

C'est une situation kafkaïenne : les personnes se retrouvent face à une administration non équipée et pas informée. On laisse les familles sans réponse, désespérées. Les enfants pensent même qu'on ne veut pas d'eux. Ce fonctionnement n'est pas acceptable. L'administration ne met pas en place de service d'écoute. Il y a juste un accueil avec des personnes qui prennent note mais en revanche il n'y a pas de prise en charge personnelle du problème. Ce ne sont par ailleurs pas des personnes qui savent toujours gérer les relations publiques car ne sont pas leurs missions. L'Inspection académique affecte les élèves et les chefs d'établissement ne peuvent rien faire, c'est ce qui explique pourquoi ils se renvoient la balle.

Le ministère de l'Education nationale assure que tous les dossiers seront traités et régularisés d'ici la fin du mois de septembre voire début octobre. Comment se fait-il que cela prenne autant de temps ? Quelles conséquences pour l'élève qui rate un mois de cours ?

Trouver des moyens financiers est compliqué quand la rentrée est faite. Ouvrir des divisions ne se fait pas comme ça donc l'anticipation est importante. Pour un redoublant sans affectation à la rentrée c'est moins grave car il a déjà fait le programme l'année dernière, mais pour les autres élèves cela peut avoir des lourdes conséquences toute l'année.

Il faut aussi dire que nous sommes confrontés à un manque d'information de la part de l'Education nationale. On demande des chiffres mais on reçoit des fins de non recevoir. Il y a un manque de transparence par rapport à ça.

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