Les nouveaux 100 jours de Manuel Valls rencontreront-ils les attentes des entrepreneurs ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Mardi 16 septembre, Manuel Valls va se soumettre pour la seconde fois en six mois au vote de confiance de l'Assemblée.
Mardi 16 septembre, Manuel Valls va se soumettre pour la seconde fois en six mois au vote de confiance de l'Assemblée.
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Réforme du droit du travail, diminution du rôle de l’État, etc. Voici ce qu'espèrent les entrepreneurs du nouveau gouvernement de Manuel Valls et de son ministre de l'Economie Emmanuel Macron.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Partons du principe que le chronomètre est remis à zéro. Retour vers le futur avec au volant de la De-loreal, version turbo PS, avec les options "Libéral" et "Social", achetées pour compléter les équipements originaux.

C’est le luxe suprême, puisque l’on trouve au volant, 2 chauffeurs de choc.. Sinon rien ! Les 2 conducteurs les plus "libéraux compatibles", qui permettent de montrer que le libéralisme n’est pas la jungle brutale que les paralysés du neurone politique ont voulu décrire et simplifier pour se débarrasser d’une concurrence qui leur aurait été peu flatteuse, mais bien un système qui redonne le pouvoir et le sens de la responsabilité au citoyen et concentre les forces de l’Etat sur quelques fonctions essentielles et indéniables.

L’an 1 de cette force inattendue, non de Manuel Valls, mais de ce gouvernement, se situe, grâce à la précision du carbone (de schiste !) 14, au 17 août. Date à laquelle le futur président Valls est venu donner une petite leçon de réalisme à l’université du Medef, en indiquant au passage que la France du paritarisme archaïque, avec ses 700 branches, mériterait surement un petit nettoyage de printemps, assez comparable à celui qu’on exige de l’Etat. L’air est vraiment plus pur à Jouy-en-Josas !

Il faut, pour être honnête, ajouter à ce tandem plusieurs cartouches, capables de toucher les cibles des multiples pesanteurs françaises. Je veux parler de Axelle Lemaire, Thierry Mandon et, plus surprenant car plus ancien, ce qui signifie souvent plus prudent voire frileux, François Rebsamen. L’homme par qui le dialogue réclamé par les entrepreneurs sur les seuils sociaux, depuis 10 ans, arrive enfin. Et qui semble vouloir le faire passer quoi qu’il arrive. Du jamais vu ! Nous les appellerons donc les "Mousquetaires".

A droite, la guerre des chefs, pitoyables, donne des couleurs bleu marine à une grande blonde et ses bottes noires. L’extrême gauche est déprimée, pour le plus grand bien du pays. Les écologistes eux, rament. Laissons-les tous et attachons-nous dès que possible à faire réussir ce pays, seul moyen d’écarter la perspective de voir une Marianne blonde à grosse voix à l’Elysée.
. Ces derniers temps, les femmes de l’Elysée ne donne pas envie de rêver de parité. Vivement Christine Lagarde !

Voilà la complainte d’un entrepreneur sur la banquise de l’économie française, un pays où l’initiative, congelée dans l’attente d’un éventuel printemps, espère et prie l’image de nos 5 mousquetaires, à l’ombre d’une bougie afin de prouver leur volonté écologique...

L’Etat, Mousquetaires, vous réduirez. Il faut choisir entre l’Etat, qui se mêle depuis 30 ans et à nos frais, de tout ce qui ne le regarde pas afin de nous maintenir sous sa coupe, nous, les Français et nos entreprises.

Tout ce qui sera économisé sur l’Etat sera rendu à la nation, à l’investissement, à la fluidité nécessaire pour que le pays redémarre.

Il est urgent de réaliser que ce sont les entreprises et non les gouvernements et l’Etat qui sont porteuses de croissance, d’emploi et de confiance retrouvée en l’avenir. Il faut donc réduire le nombre de nos députés et sénateurs, concentrer l’Etat sur 5 fonctions essentielles (Education, Armée, Justice, Affaires Etrangères, Economie..) et redonner au pays et à ses régions, ainsi réduites en nombre, tout le reste.

Le paritarisme vous réformerez. Il n’y a pas que l’Etat qui doive faire un régime protéiné. Le paritarisme doit disparaître dans sa forme actuelle, s’alléger, se réformer et là aussi donner aux salariés, employés, cadres, le pouvoir de discuter directement avec leur entreprise dont ils doivent pouvoir devenir actionnaire.

Les partenaires sociaux expliquent tous les jours ce qu’il faudrait faire pour créer des emplois, alors que les uns adorent les détruire, plutôt que de céder au réalisme et que les autres dédaignent les PME qui les créé, en leur préférant les puissants. Ils confisquent un argent et imposent un coût et une rigidité formidable à nos entreprises. Leur affrontement fait de nous, entrepreneurs, de véritables victimes de leur affrontement. Et à travers nous les Français, qui trinquent sans profiter de l'ivresse.

Le droit du travail, les seuils sociaux, la relation à l’administration, le pouvoir de bercy, vous réformerez. La priorité pour avoir des effets à l’embauche, des effets immédiats, par opposition à un CICE qui créera, peut-être, des emplois dans 3 ou 4 ans, c’est la souplesse. Pas les charges sociales. La confiance pourrait rétablir la volonté d’investir et les entreprises peuvent risquer d’embaucher si elles peuvent débaucher, à faible coût, si les prévisions de croissance ne sont pas au rendez-vous. Pourquoi ne pas essayer ? Etre innovant une fois en 30 ans et que le pays se rappelle de vous comme ceux qui ont osé et auront prouvé que de réduire une protection qui n’est qu’apparente s’est transformé en aubaine pour tous ces Français au chômage. Bravo Rebsamen pour le seuils sociaux, bravo à Le Maire pour son combat sur le numérique, bravo à Mandon pour la simplification. Continuons le combat ! La simplification doit prendre une ampleur bien plus forte, avec de véritables mesures chocs mises en œuvre en urgence. Il faut relancer et terminer les Assises de l’Entrepreneuriat, qui avaient donné la parole aux entrepreneurs plutôt qu’aux partenaires sociaux et qui sont orphelins de 30 mesures délaissées et enterrées.

Sur l’international vous miserez ! Massivement. Maintenant que nous sommes débarrassés des fraudeurs du fisc, pourquoi ne pas en profiter pour mettre un entrepreneurau commerce extérieur ? Cessons de mettre à ces fonctions des gens qui n’en ont qu’une connaissance (et encore !) théorique, qui confondent exportation et internationalisation. Qui ne connaissent pas assez le numérique, secteur porteur d’internationalisation naturelle. Quel dommage de toujours confier ce ministère clé à des politiques, car si il existe bien un ministère qui demanderait les compétences d’un entrepreneurs, c’est bien celui-là. Ce gouvernement a mis à la tête d’Ubifrance une femme de valeur, venue du privé, donnons-lui le binôme qu’elle mérite !!

Le financement vous travaillerez. Pour atteindre les sommets, il faut une longue cordée. Notre système de financement s’arrête au second bivouac. Inciter les investisseurs à créer les chaînons manquants, qui permettraient à la France d’avoir, ne serait-ce que l’ombre de ce qui existe en Grande Bretagne ou aux USA, suffirait à donner des ailes aux entrepreneurs. Ils cherchent désespérément en France ce que le "trou dans la raquette" (de 5 à 30M) de l’investissement en capital leur interdit de financer, les obligeant ainsi à devoir vendre à l’étranger. La BPI ne peut pas tout, on ne parle pas de 1Md, mais de plusieurs et surtout de fonds différents, spécialisés et intervenant à des niveaux et des étapes très différentes de la vie de l’entreprise de croissance.

Enfin, à la roulette du casino économique, misons tout sur les PME qui peuvent devenir des ETI. Pour le devenir, il faut de l’argent, de la fluidité, des compétences. Il faut donc rassembler les fonds du corporate-venture, de la revitalisation. Il faut accompagner (après les avoir détectées) ces PME à fort potentiel. Il faut leur permettre d’accéder aux compétences des seniors qui quittent les grands groupes. Pour ce prix modique, qui réclame organisation, rassemblement des moyens et aucun argent public, nous pourrons atteindre un doublement du nombre d’ETI en France. 

Si les administrations de Bercy, qui harcèlent les entreprises pour leur reprendre par la force ce que le CIE leur a donné de l’autre, est mise au pas. Si l’URSSAF prend un rôle d’accompagnement, formation et conseil, au lieu d’un rôle quasi djhadiste et dogmatique contre l’entreprise. Si les normes sont pourchassées comme un virus mortel. Si le commerce est libéralisé afin d’ouvrir quand il le souhaite et dopé par une gratuité du stationnement les jours d’affluence. Si, si et si toutes ces mesures sont mises en œuvre, l’emploi coulera à flot. Car, malgré la volonté du gouvernement d’amortir la baisse de moral qu’entraînerait le fait de dévoiler les vrais chiffres, il est clair que les prévision de croissance de 1.2% en 2015 ne seront pas tenues. Sauf si ces mesures se mettent en place, avec la promesse de tenir jusqu’à la fin du quinquennat.

Alors, à nos deux derniers espoirs de réussite du pays, ne nous décevez pas, non pour nous faire plaisir, mais pour le rebond du pays. Restez sourds aux vieilles gloires du post communisme et des redresseurs non productifs. Foncez. Oubliez la précaution et choisissez l’audace. La croissance vous le rendra !

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