Les Sims 4 : la révolution attendue ?

Mon Sims est une rock star. Il vit dans un loft en duplex entouré de douves. Sa femme, qu'il a rencontrée alors qu'elle faisait cuire des hamburgers végétariens dans le parc du quartier voisin, est contrebandière de l'espace. Sa fusée est d'ailleurs garée sur le toit du duplex. Leur fils est devenu parrain de la mafia, mais il est tragiquement mort de honte après s'être uriné dessus en plein mariage. Pour autant, il n'est pas resté mort longtemps ; sa fille a réussi à négocier un délai avec la Faucheuse. Cette dernière en profite au passage pour lui demander son numéro de téléphone. C'est toujours sympa d'être pote avec la Mort.

Après tout, pourquoi pas ?

Avec 180 millions d'exemplaires vendus depuis la création de la franchise la simulation de vie loufoque des studios Maxis n’est plus à présenter. Dire que les Sims 4 étaient attendus au tournant serait un doux euphémisme, particulièrement suite au tollé des fans de la série en réponse à une série d'annonces de l'éditeur au sujet de l'absence remarquée d'un certain nombre de fonctionnalités, pourtant présentes dans les opus précédents.

Cette controverse n'est pas nouvelle. A vrai dire, elle aura accompagné la sortie de chaque épisode de la série ; bien des fonctionnalités manquantes des Sims 4 seront donc introduites à la faveur d'extensions payantes, comme pour les livraisons précédentes. Cette pratique, bien que regrettable, est souvent justifiée et contrebalancée à chaque numéro par l'ajout d'une fonctionnalité-clé, complètement nouvelle pour la série. Pour les Sims 2, c'était le passage à la 3D. Pour les Sims 3, c'était l'arrivée d'un monde totalement ouvert, sans temps de chargement. Seulement voilà, dans Les Sims 4, ce dernier point brille par son absence.

Ce choix délibéré de la part Maxis est symptomatique de l'approche adoptée pour ce nouveau cru : moins expansif, le quatrième volet de la série concentre son lot d'innovations sur les Sims eux mêmes, et sur leur façon d'interagir avec le monde qui les entoure. Toutefois, cette nouvelle orientation, pour toute valable qu'elle soit, a un coût qui reste difficile à justifier ; les quartiers sont plus petits et les temps de chargement entre chaque déplacement hors de chez soi sont de retour.

Les quartiers ont perdus en taille. Dommage !

Pourtant, il serait dommage de bouder son plaisir ; les Sims 4 apportent également plusieurs innovations, et non des moindres.

La première, copieusement mise en avant par une campagne de pub tentaculaire, concerne l'ajout d'un système "d'émotions". Les Sims réagissent désormais de manière bien plus viscérale au monde qui les entoure ; un Sims qui aura passé une mauvaise journée au travail sera tendu en rentrant chez lui. Un Sims qui aura loupé la chute de sa blague sera embarrassé. Un Sims qui aura passé une bonne heure à se délasser dans son bain à bulle sera détendu et pourquoi pas plus prompt à se laisser affrioler à la vue de sa conquête. Ces états d'âmes apportent ainsi avec eux un lot d'interactions nouvelles, souvent très drôles et dans le plus pur esprit décalé de la série.

Autre ajout de taille, les Sims sont désormais capable de faire plusieurs choses à la fois. Comprenez par là qu'il est enfin possible, par exemple, pour un Sims de lire dans les toilettes !

Un grand pas en avant

Les outils de créations ont également fait l'objet d'une attention toute particulière et il faut bien avouer que le résultat est très convaincant. En terme de possibilités offertes, l'outil de création des Sims dépasse de très loin tout ce que la série avait pu offrir jusqu'alors, en permettant au joueur de contrôler pratiquement chaque aspect de la physionomie de ses personnages, tout en se payant le luxe d'être étonnamment instinctif à l'usage.

Les possibilités sont illimitées

Les outils de construction ont également été fignolés, bien que l'on déplore l'impossibilité de niveler le terrain et de creuser des mares comme dans Les Sims 3. D'un point de vue fonctionnalité pure, il n'a jamais été aussi aisé de construire la maison de ses rêves grâce au système des pièces préfabriquées qu'il est désormais possible d'ajouter à une maison déjà existante, sans avoir à détruire des murs ou à repenser drastiquement l'agencement.

L'intégration discrète des fonctionnalités en ligne est également à saluer. Il est extrêmement aisé de partager ses créations avec la communauté toujours très active et passionnée de la franchise, et c'est un réel plaisir de fouiller la galerie en ligne pour y trouver la petite perle rare, une charmante petite bâtisse ou un imposant manoir, que l'on téléchargera à la volée pour l'installer dans son quartier.

Un manoir construit par un joueur, disponible en ligne

Autre bon point, particulièrement attendu après la déconvenue du dernier Sim City l'année dernière (qui demandait au joueur d'être connecté en permanence), Les Sims 4 ne requièrent une connexion internet que lors de l'activation du jeu, ce dernier étant jouable hors ligne passé ce stade.

Des Sims plus intelligents, des outils plus complets et des fonctionnalités online de qualité suffisent-elles cependant à contrebalancer l'absence de certains éléments que l'on croyait acquis depuis Les Sims 3 ?

En l'état, il est difficile de répondre. L'ajout du système d'émotions, qui rend les Sims toujours plus attachants, et l'incroyable souplesse des outils de créations sont des améliorations à saluer, mais dont la portée reste difficile à mesurer. Il reste fort regrettable d'avoir, encore une fois, à attendre la sortie d'une flopée d'extensions pour pouvoir profiter d'un produit qui n'aura pas à rougir face à ses illustres ancêtres (et leur propre flopée d'extensions).

Mais en dépit de certains "oublis", fruits d'une politique commerciale somme toute assez usante, Les Sims 4 ont un véritable potentiel ; celui, dans un futur que l'on souhaite proche, de devenir la version la plus aboutie de la saga phare de Maxis. En attendant, et c'est heureux, l'univers des Sims n'a rien perdu de son charme fou.

Editeur : Maxis (EA Games)

Genre : Simulation de vie

Plateformes : PC

Prix : €59,99