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Petit traité de lucidité sur soi-même (et sur les autres)
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Bonnes feuilles

Déceptions, désillusions, sentiment d'être trahis... Et si nous attendions trop des autres ? Plusieurs grands pièges : vouloir être aimé à tout prix, investir un rôle, croire pouvoir changer l’autre... Laurie Hawkes nous apprend à être plus lucides sur nous-mêmes et sur les autres et plus réalistes dans nos attentes. Extrait de "Petit traité de lucidité sur soi-même et sur les autres", édité chez Payot Rivages (2/2).

Laurie  Hawkes

Laurie Hawkes

Laurie Hawkes, psychologue clinicienne, est confondatrice de l'Ecole d'analyse transactionnelle de Paris. Elle a notamment publié La force des introvertis.

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Nous avons vu précédemment ces exigences internes qui nous mettent une pression constante, qui nous « drivent ». Il est impossible de s’en débarrasser complètement ; désolée pour la mauvaise nouvelle ! Mais on peut en atténuer la force et en diminuer la fréquence. Pour cela, vous devrez d’abord prendre conscience de cette pression particulière en vous. Ensuite, grâce au Parent interne, vous pourrez utiliser des messages bien ciblés qui servent en quelque sorte d’antidote. En effet, le driver préférentiel indique une zone sensible chez chacun, c’est elle qu’il faudra viser. Ainsi, vous pourrez prendre le positif de ces messages internes avec moins de contrainte.

SOIS PARFAIT

Lorsque vous sentez cette tension à l’idée du moindre défaut, d’une petite imperfection de votre fait ou due à quelqu’un d’autre, félicitez-vous de viser l’excellence, et dites-vous quelque chose comme « Tu es très bien comme tu es », ou « Tu as le droit d’être toi-même ». Vous resterez plutôt perfectionniste, mais vous pourrez l’être de façon moins rigide si vous acceptez que la perfection n’existe pas et ne serait même pas souhaitable. Apaisez-vous grâce à des phrases auxquelles vous pouvez adhérer, comme : « Personne ne te demande d’être parfait », « Profite plutôt de tes proches au lieu d’essayer que tout soit parfait », « Ce serait vraiment mieux si c’était absolument parfait ? » De même, si vous attendez d’autrui des réalisations parfaites, prenez du recul pour mesurer si leurs petites imperfections sont vraiment très importantes. Ne préférez- vous pas passer un bon moment ensemble, au lieu de démarrer la rencontre par une remarque qui risque de fâcher l’autre ?

FAIS PLAISIR

Quand vient cette pression intérieure pour plaire à autrui, et cette attente que les autres nous rendent la pareille, nous avons à nous recentrer sur ce que nous voulons vraiment, pour retrouver plus de frontières. Vous et l’autre n’êtes pas les mêmes, vous n’êtes pas confondus, il y a une fron- tière, une « peau » entre vous. Si votre interlo- cuteur n’est pas content, vous pouvez l’être, vous (et inversement !). Vous n’avez pas à vous sur- adapter aux autres, et eux n’ont pas à deviner vos souhaits. Chacun est responsable de ce qu’il souhaite. Pour vous libérer de cette pression, vous aurez à viser des demandes claires – attendre les demandes des autres au lieu de les anticiper et de devancer leurs désirs, faire des demandes claires vous-même plutôt que d’espérer un prix de subtilité sociale en laissant seulement entendre ce que vous préférez. Évidemment, comme vous êtes peut-être fier, légitimement, d’être une personne sensible, rien ne vous interdit de rendre service et d’offrir à ceux que vous aimez le cadeau idéal que vous savez si bien trouver. Mais gardez en tête l’antidote du message « Fais plaisir » : « Tu as le droit de te prendre en considération et de te respecter. » Autrement dit, pensez à vos propres besoins et pas uniquement à ceux des autres ! Si vous voyez une personne âgée qui a du mal à porter sa valise dans l’escalier mais que vousmême avez un lumbago, pensez à votre dos ! Si vos enfants ont envie d’une tablette neuve mais que votre budget est serré, ne vous torturez pas de ne pas pouvoir leur faire plaisir.

SOIS FORT

Cette attitude est très proche du stéréotype british du « stiff upper lip » – littéralement, « la lèvre supérieure raide », expression faciale typique d’une personne qui refuse de laisser voir son émotion, surtout pour s’empêcher de pleurer. Sous l’influence de ce driver, nous pouvons penser que tout le monde (à commencer par nous) devrait se montrer stoïque. La formule encourageante à se répéter est : « Tu as le droit d’être ouvert et d’écouter tes propres besoins. » Il n’est pas facile de surmonter cette réticence à montrer la moindre vulnérabilité, on peut se sentir gêné, indécent, en danger. Mais même si vous êtes fier, non sans raison, de votre force morale, vous avez vraiment besoin de vous radoucir, en commençant par vous-même. Il faut prendre conscience de votre Enfant intérieur et l’accepter avec ses besoins et ses failles, afin de pouvoir tolérer avec bienveillance celui des autres. C’est plus facile à dire qu’à faire,mais le jeu en vaut la chandelle !

FAIS DES EFFORTS

Quand nous nous retrouvons dans cette dynamique… fort peu dynamique, à nous donner beaucoup de mal tout en piétinant sur place, la permission clé à adopter intérieurement est « Tu as le droit de réussir ! ». Une publicité dit : « Just do it ! » C’est aussi un bon slogan pour tâcher de se décoincer. « Allons-y ! », ou « Vas-y ! Faisle ! ». Il faut sortir de l’habitude demontrer qu’on essaie, en espérant obtenir l’aide d’une personne en position de parent. Ici plus encore qu’avec les autres messages drivers, l’attitude Adulte est une bonne issue. Vous avez besoin de fixer vos propres objectifs et de les viser pour votre propre compte, au lieu de vous définir par rapport à l’autre, pour lequel vous déployez des efforts si peu efficaces. Comme tout le monde, vous aurez encore à faire des efforts pour atteindre des buts difficiles, comme gravir l’Everest, apprendre à jouer du violon ou à danser la valse.Mais vous ne gaspillerez plus autant d’énergie à essayer si fort de vous rappeler d’acheter le pain en rentrant !

DÉPÊCHE-TOI

Ici, il est urgent d’attendre, ou plutôt de s’apaiser. Cette pression intérieure est épuisante – et peu efficace, en général. Au lieu de vous précipiter, focalisez-vous quelques instants sur votre respiration, ralentissez-la délibérément, regardez quelque chose de beau dans votre environnement… Et ensuite remettez-vous à la tâche, sans hâte. « Tu as le droit de prendre ton temps », voilà la permission clé. Ce qui ne vous empêche pas d’apprécier votre capacité à effectuer certaines tâches avec vitesse et efficacité ! Mais la précipitation et la pression constante pour accélérer toujours plus, voilà qui n’est pas bon.

Extrait de "Petit traité de lucidité sur soi-même et sur les autres", de Laurie Hawke,sédité chez Payot Rivages, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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