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Le secret bancaire suisse 
rétabli sur son piédestal
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EDITORIAL

La Suisse vient de faire un joli pied de nez à l’Europe. Elle peut remercier la crise financière qui lui redonne tout son lustre passé, en faisant de son territoire l’un des refuges offrant la meilleure sécurité pour les capitaux déboussolés par la volatilité des marchés.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La Suisse attire autant que l’or et sa monnaie, au sommet, défie aussi bien l’euro que le dollar. Alors que Bruxelles l’avait mise sur la défensive au moment de la grande panique financière de 2008 au nom de la lutte contre la fraude fiscale, elle prend aujourd’hui sa revanche de manière éclatante par la réhabilitation de son légendaire secret bancaire. Elle vient successivement de signer deux accords avec laGrande-Bretagne et l’Allemagne, mettant un point final au conflit qui les opposaient depuis des années et concernaient quelques cent à cent cinquante milliards pour chacun des deux pays.

Les titulaires acquitteront un prélèvement libératoirequi sera collecté par le Trésor helvétique sans communiquer aux services fiscaux les éléments concernant lescomptes détenus, tandis que le régime d’imposition sur le capital sera inférieur à celui qui est en vigueur dans leur pays d’origine. Les États concernés pourront ainsi récupérer plusieurs milliards d’euros chaque année, tandis que les détenteurs pourront dormir sur leurs deux oreilles, puisqu’ils ne seront plus inquiétés ou poursuivis.

On mesure le retentissement de ces accords qui pourraient faire tâche d’huile car la Confédération a engagé des pourparlers avec d’autres pays européens. Elle n’a pas retenu le cas de laFrance, qui refusepour l’instant fermement de renoncer au droit de poursuivre pénalement tous ceux qui détiennent illégalement des avoirs à l’étranger. Toutefois, cette position rigide pourrait devenir de plus en plus difficile à tenir si la majorité des nations européennes venaient à signer un compromis avec la Suisse.

Dans le débat houleux qui se déroule présentement à l’Assemblée nationale où le gouvernement a toutes les peines du monde à faire adopter son plan de rigueur, certains parlementaires estiment qu’un assouplissement de la position officielle pourrait apporter une manne précieuse de revenus sur les quelques cent milliards d’euros dissimulés en Suisse par nos compatriotes. Ce thème tabou va ainsi être exposé sur la place publique, bien que ses chances de déboucher sur une initiative concrète soient infimes sinon totalement nulles. Car, avec le début de la campagne électorale, la chasse aux "riches" a repris avec vigueur, exploitée à fond par une opposition qui connaît la relation historique difficile des Français à l’argent.

Pour l’instant, il n’est pas surprenant qu’une nouvelle vague de départs de grosses fortunes soient annoncée. Les patrons prenant leur retraite et perdant le bénéfice de l’outil de travail n’ont déjà pas apprécié la réforme de l’ISF, dont ils espéraient la suppression et la perspective de nouveaux tours de vis fiscaux les incite à regarder au-delà des frontières.

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