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Comment gérer un enfant qui fait une crise en public
©Reuters

C'est la crise !

Pleurs, cris, coups... les crises d'enfant en public peuvent revêtir différentes formes qui, généralement, valent des regards accusateurs de la part des gens aux alentours. Loin d'être considérées comme le signe d'un manque d'éducation, ces crises font, au contraire, partie du processus éducatif de l'enfant.

Edwige Antier

Edwige Antier

Pédiatre et mère de famille, ancienne interne des Hôpitaux de Paris, diplômée en psychopathologie, Edwige Antier exerce la pédiatrie depuis trente ans. Connue pour son travail de députée à l'Assemblé nationale pour la protection des enfants, elle a déposé la proposition de loi contre les châtiments corporels et a contribué à l'élaboration de la loi contre la violence faite aux femmes. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, dont L’Enfant de l’Autre (2003, Robert Laffont) et Sois poli, dis merci (à paraître chez Robert Laffont jeudi 11 septembre 2014), et exerce la pédiatrie à Paris.

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Atlantico : Quelles sont les différentes manifestations des crises d'enfant en public ? Lorsqu'ils piquent une crise, les enfants en ont-ils conscience ?

Edwige Antier : Vous devez voir venir la crise: l'enfant ne veut plus avancer, devient grognon, pâle, transpire, se jette à terre… Puis les "bêtises" commencent: prendre un objet interdit et le jeter, donner des coups de pied et hurler, tirer la langue à un adulte… puis encore hurler en se roulant par terre. Comment se faire comprendre autrement quand on est petit? 

Ces crises expriment une inadéquation entre l'endroit où vous emmenez l'enfant, le temps passé, l'inintérêt pour lui, les objets interdits sous son nez (comme les rubans de friandises devant la caisse alors qu'on attend…)

Ils se doutent que vous allez réagir, il va se passer quelque chose: des protestations des parents, menaces et colère. Mais ils n'ont pas conscience du degré de perturbation qu'ils procurent ainsi à votre vie d'adulte.

Quelles réactions appellent-elles de la part des parents ?

S'interroger sur l'inconfort infligé à l'enfant par une situation où il n'a pas sa place: conversation interminable au téléphone, courses dans les magasins, promenade épuisante qui n'a pas de sens pour lui, interruption d'une sortie passionnante pour entrer dans une voiture…

Face aux regards accusateurs des individus assistant à la crise, quelle attitude les parents doivent-ils adopter ? Finalement, dans le cadre d'une crise de son enfant en public, qu'est-ce qui est le plus difficile à gérer : le regard agacé des autres ou la crise elle-même ?

Surtout ne pas se laisser influencer par les donneurs de leçons ! Si vous vous sentez obligé de dire quelque chose, ce sera: "excusez-nous, il est fatigué !". Les "gens" qui jettent un regard lourd de reproches n'aiment pas les enfants, vous n'avez pas de comptes à leur rendre...

Quels sont les moyens à la disposition des parents pour prévenir ces crises en public ? Comment déceler ces raisons quand on est parents, notamment dans le cas d'enfants très jeunes qui ne sont pas encore capables, en raison de leur âge, d'expliquer les raisons de leur mécontentement ? 

Ne pas se mettre en situation d'infliger à un enfant plein de vie une situation insupportable: attendre à table au restaurant à 3 ans, tourner en rond dans les allées du supermarché le nez au ras de produits interdits, devoir être attaché dans une poussette quand on pourrait avoir un marche pied… 

Les raisons: une enfant mesure 1m à 4 ans: que voit-il à cette hauteur, hormis le bas des pantalons? Que respire-t-il et entend-il hormis le bruit des voitures? S'il veut se faire porter, ce n'est pas par "caprice" mais pour être à la hauteur de vos yeux qui voient la même chose que lui, de votre bouche dont les mots mettent du sens sur ce qu'il voit...

Un manque d'éducation chez les enfants piquant des crises en public est-elle la cause de celles-ci ? Ne devrait-on pas plutôt considérer ces crises, au contraire, comme faisant partie intégrante du processus d'éducation de l'enfant, dans le sens où elles sont pour les parents l'occasion de leur apprendre les bonnes manières de se comporter en public ? 

Ce n'est pas un manque d'éducation mais souvent un manque d'adéquation entre les situations dans lesquelles les parents placent les enfants et les besoins de leur âge. Notre société impose des obligations incontournables qui sont contraignantes pour les enfants. Mais alors, au lieu de vous sentir obligé d'élever la voix, voire la main, contre ce pauvre petit, pour donner une bonne image de parent en face des étrangers, mieux vaut dire: "je te comprends, ce n'est pas drôle de devoir s'attacher dans la voiture, mais c'est obligé!". Et limiter ces épreuves à l'indispensable!

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