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Nicolas Sarkozy est-il vraiment 
le Président des riches ?
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Bilan 2007-2012

Taxer davantage les plus hauts revenus : c'est l'une des mesures du plan d'austérité français pour lutter contre le crise. L'occasion de revenir sur le qualificatif de "Président des riches" qui reste souvent accolé à Nicolas Sarkozy. Et si la réalité était plus complexe ?

Francis Brochet

Francis Brochet

Francis Brochet a publié en 2015 le prémonitoire Et François Hollande enterra le socialisme (L'Archipel) et, plus récemment, Démocratie smartphone : le populisme numérique de Trump à Macron (François Bourin). Il est journaliste au bureau parisien du groupe de presse régionale Ebra (Le Progrès de Lyon, L'Est républicain, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, etc.).

 

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Nicolas Sarkozy n’est pas le Président  sans cap ni boussole que dénoncent ses adversaires, cette girouette qui changerait d’orientation au gré des intérêts de quelques privilégiés. Il a été élu sur un projet, la réforme du modèle social français, de l’Etat providence hérité de l’après-guerre, dans un sens plus libéral. C’est une ambition qui est tout sauf modeste car elle revient, dans un pays construit sur son rapport particulier à l’Etat, à liquider l’exception française.

Un président qui tient le cap...

Le plus remarquable, dans le quinquennat qui s’achève, est d’ailleurs la constance avec laquelle le Président a maintenu son projet, malgré la crise qui n’a cessé de réduire ses marges. Le démantèlement du bouclier fiscal, pour spectaculaire qu’il apparaisse, n’est-il ainsi qu’un trompe-l’œil, une concession de forme : la refonte parallèle de l’ISF permet de sauvegarder l’abaissement du niveau d’imposition sur le revenu des plus aisés des Français. Le récent paquet de mesures sur la rigueur témoigne de la même volonté de tenir le cap. La meilleure preuve en est la multiplication des micro-mesures, qui gêne la compréhension de l’ensemble, mais permet de ne pas modifier les grands équilibres de la politique économique.

Certes, il y a la contribution exceptionnelle des plus riches. Mais son niveau demeure très symbolique, pouvant représenter moins de 1% des revenus annuels. Et le président de l’AFEP Maurice Lévy, qui a le premier plaidé pour cet effort, l’a inclus dans le cadre plus général d’une réforme libérale des finances publiques et de la fiscalité des entreprises. Ce sera peut-être « gagnant-gagnant » pour le pays, c’est assurément donnant-donnant dans l’esprit de Maurice Lévy.

On ne change pas un pays en quelques années...

Nicolas Sarkozy est donc bien devenu le Président des riches. Mais cela n’aurait pu se produire sans la coïncidence de son projet présidentiel avec l’évolution de la société française, de ses pauvres comme de ses riches. Le néolibéralisme, souligne Pierre Ronsanvallon, « a correspondu à des formes d’attentes sociales », liées à la mise en avant des figures du consommateur et du compétiteur, au détriment de celle du citoyen. « Au fond, explique l’historien, l’idéologie du mérite s’est partout imposée, porteuse d’un consentement silencieux à une partie des mécanismes producteurs des inégalités » (Libération, 27/08/11).

Reste qu’on ne change pas un pays en quelques années. La mutation libérale de la société française s’inscrit dans la longue durée, traversée de fortes réticences et résistances. C’est cela qu’a sans doute sous-estimé Nicolas Sarkozy, suscitant à droite comme à gauche de vives critiques sur son rapport décomplexé à l’argent. Chacun se souvient de la grand-croix de la Légion d’honneur qu’il avait épinglée au revers d’Antoine Bernheim, premier homme d’affaires à recevoir pareil hommage. C’était là, avait expliqué le Président, une manière « d’aider la France à régler ses comptes vis-à-vis de l’argent, vis-à-vis de la réussite ». A l’évidence, ces comptes sont loin d’être tous réglés.

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