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Les clichés du libéralisme, épisode #1 : Et non, le libéralisme ne se réduit pas qu'à l’économie de marché
©Daniel Tourre, Editions Tulys

Série du weeekend

Le libéralisme fondée sur l’égoïsme et centrée uniquement sur l'économie ? Faux. C’est avant tout une tradition philosophique que chacun pratique quotidiennement dans de nombreux domaines. Chaque samedi, Daniel Tourre défait, avec humour, les clichés que l’on se fait sur le libéralisme. Pour la première de cette série, un retour aux origines s'impose.

Daniel Tourre

Daniel Tourre

Daniel Tourre est notamment l'auteur de Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants (Tulys, 2012) et porte-parole du "Collectif Antigone". 

 

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Si quelqu’un cherchait à s’informer en écoutant une large partie des commentateurs français (pas de panique, c’est juste une hypothèse hein...), cette personne reviendrait avec une conviction : le libéralisme est une idéologie économique, d’origine anglo-saxonne, fondée sur l’égoïsme. Pour avoir une chance de comprendre ce qu’est le libéralisme, un Français un peu curieux ne peut compter que sur sa propre persévérance et la lecture des auteurs libéraux. Il découvrirait alors l’incroyable : le libéralisme n’est pas une théorie économique.

C'est une tradition philosophique, née au siècle des Lumières, qui se déploie dans de nombreux domaines comme la politique ou le droit et dont les conséquences se répercutent ensuite seulement sur l’économie. Réduire le libéralisme à l’un de ces domaines sans connaître la vision générale qui le soutient, c’est comme parler de la pointe d’un iceberg en ignorant, ou en feignant d’ignorer, qu’il y a aussi (beaucoup) de glace sous l’eau...

On croit parfois possible dans certains milieux intellectuels de s’affirmer libéral politique pour mieux ensuite fustiger un libéralisme économique fantasmé. Ce saucissonnage entre un gentil libéralisme politique et un méchant libéralisme économique est artificiel. Tous les auteurs libéraux ont été favorables à la liberté politique et économique. Le libéralisme défend la liberté individuelle et la propriété privée. Il se trouve que les individus libres disposant de la propriété privée échangent, contractent et travaillent les uns pour les autres. On voit mal comment on peut s’affirmer libéral tout en interdisant aux individus l’usage de leur corps ou de leur esprit pour fabriquer ou échanger librement des biens matériels ou des services avec les autres.

"J’ai défendu quarante ans le même principe : liberté en tout, en religion, en littérature, en philosophie, en industrie, en politique, et par liberté j’entends le triomphe de l’individualité tant sur l’autorité qui voudrait gouverner par le despotisme que sur les masses qui réclament le droit d’asservir la minorité à la majorité." Benjamin Constant - Ecrits politiques

Le libéralisme n’existe en tant que famille philosophique que depuis le XVIIIe siècle mais il n’est bien sûr pas apparu miraculeusement le 1er janvier 1700 après deux mille ans de ténèbres. Les briques conceptuelles qui le constituent – Des Droits naturels inaliénables à l’ordre auto-organisé- sont pour la plupart apparues aux siècles précédents -voire aux millénaires précédents-.

Le mot libéral quant à lui est plus vieux que le libéralisme lui-même. Dans l’Antiquité, Liberalis désigne les activités dignes de l’homme libre. Ce dernier, pour prendre sa place dans la cité, doit maîtriser les arts libéraux : la grammaire, la rhétorique, la dialectique… Au Moyen-Âge, la vertu de libéralité, juste milieu entre avarice et prodigalité, permet à la personne libérale d’user de son argent pour le don comme pour la dépense, sans égoïsme ni gaspillage. Quelques siècles plus tard, au XVIIIe siècle, des hommes libres proches de cette définition -des libéraux- de John Locke aux philosophes français des Lumières, posent les fondements du libéralisme. Le mot libéralisme est ensuite régulièrement utilisé au XIXe siècle mais ne prend sa place qu’en 1878 dans le dictionnaire de l’Académie Française. Dictionnaire longtemps rétif il est vrai, à tous les termes en ".isme".

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