Coup de mou chez les constructeurs français, carton plein des allemands : ce que les chiffres des ventes automobiles du mois d'août nous révèlent

Un mois d’août morose dans une année orientée à la hausse

Dans une année où la croissance du marché était repartie, de janvier à août,  à un rythme plutôt satisfaisant de 1,6% en brut, et 2,8 % en données corrigées de l’effet jours fériés, les chiffres des immatriculations automobiles du mois d’août déçoivent ce qui peut inquiéter les constructeurs. En cette période de rentrée où la recherche de signaux économiques positifs  conduit à scruter fébrilement chaque marché, l’annonce d’un recul de l’automobile française ne va pas doper l’enthousiasme. Toutefois il faut apprécier ces données avec nuance. Août est rarement un mois significatif dans un pays qui persiste à concentrer ses congés d’été sur ces quatre semaines, pratique mais peu compatible avec la visite des concessions automobiles. Ce recul en août par rapport à l’année précédente peut être également imputé à beaucoup de facteurs exogènes, comme la météorologie, sans en tirer des conséquences quant à un éventuel repli du marché. En revanche, qui est plus préoccupant c’est qu’août 2014 est le pire mois d’août depuis 2009.

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Les Françaises freinent : Renault -13,8%, Peugeot -4,5% et Citroën -1%

La créativité des marques n’est pas en cause. Renault et Peugeot ont réussi à placer leurs nouveaux modèles dans les meilleures ventes de l’année. Sur le podium, Clio IV présente les meilleures ventes sur 8 mois, suivie de Peugeot 208, Renault Captur, Citroën C3 II, Peugeot 308 et 2008. 54% des ventes sont concentrées sur les voitures économiques et d’entrée de gamme contre 49% au premier semestre 2013, ce qui favorise traditionnellement les marques françaises et Dacia. D’ailleurs on observe qu’en août Dacia a fait beaucoup mieux (-1,8%) que sa maison mère (-13,8%). Citroën faisant également mieux (-1%) que la marque Peugeot (-4,5%).Cette préférence pour les petits modèles vaut à la France la palme du parc 2014 le plus écologique des grands pays avec en moyenne 114 g/CO2 par km contre 122 en moyenne européenne et 133,8 en Allemagne.

Les Allemandes accélèrent : Volkswagen +26,1%, Ford +40,9% et Mercedes +39,5%

Le marché allemand ne connaît pas la faiblesse du mois d’août et les indicateurs macro-économiques de l’Allemagne restent au meilleur niveau. Mais il n’est qu’en croissance de 3% sur les 7 premiers mois avec toutefois des variations d’un mois sur l’autre. Les Allemands achètent préférentiellement allemand, leurs constructeurs ayant d’ailleurs opté pour une stratégie de volume plus que de prix. Sur 7 mois les ventes en Allemagne de véhicules de marque allemande se sont élevées à 1,3 million contre 500.000 pour les constructeurs étrangers. L’effet qualité allemande joue à plein sur le marché chinois où les constructeurs allemands se sont accaparés 23% de ce marché sur six mois. Au total, les exportations allemandes de voiture ont cru en 2014 de 8% pour atteindre 2,6 millions soit près de trois fois la demande intérieure française. Il est clair que les écarts se creusent entre les industries des deux pays. Ce succès crée une dépendance majeure et il n’est pas sûr que la Chine persiste à accepter ce défi permanent à ses propres compétences.

Il n'y aura pas d'effet "Mondial de l’Automobile"

Les salons automobiles ne jouent plus le même effet de surprise aujourd’hui que par le passé. L’information circule vite, les sites web sont à l’affut des informations que les constructeurs ne peinent plus à distiller savamment. Le Mondial reste un salon majeur qui attire le grand public et maintient l’intérêt pour l’industrie automobile en dépit de tant de vents contraires. Mais ce ne sont pas ici que les transactions se concluent. Bien évidemment Renault et groupe PSA jouent à domicile et font de ce salon un évènement majeur, surtout pour la presse et leurs réseaux de concessionnaires. Après Genève en mars Citroën va marquer le public avec sa Cactus, très innovante en terme de conception et agressive en prix, Peugeot 108 et Citroën C1 vont tenter de voler la vedette à la séduisante nouvelle Twingo, première propulsion récente de la marque. Quant au haut de gamme c’est le renouvellement très attendu d’un des modèles cultes de Renault, Espace, par un véhicule innovant et encore jamais vu chez Renault qui peut repositionner la marque sur le haut de gamme sans toutefois bouleverser les volumes.