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La gauche face à la dette : plus 
d'impôts, c'est moins de croissance
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Comme en Grèce...

Si les principaux candidats à la primaire socialiste reconnaissent que le poids de la dette publique pose problème, leurs remèdes ne sont pas les mêmes. Pour Jean-Marc Daniel, François Hollande reste le plus sérieux en ce domaine, mais sa réforme fiscale serait un frein pour la croissance.

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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François Hollande répète régulièrement que « la dette publique est l’ennemie de la Gauche et de la France ». Au-delà des déclarations d’intention de ce type en fait assez convenues car rares sont les hommes politiques qui proclament leur volonté d’accroître l’endettement public, les socialistes et la gauche ont du mal à formuler une vision claire de leur action en la matière.

Programme cacophonique

Le crédo officiel se fonde sur le programme du parti qui prévoit un retour du déficit à 3% du PIB en 2014, déficit étrangement présenté comme l’équilibre des finances publiques (est-ce parce que les 3% sont la limite supérieure du Pacte de stabilité et de croissance, lui-même souvent assimilé abusivement aux conditions du traité du Maastricht, est-ce parce que cela correspond à ce que les économistes appellent l’équilibre primaire, c'est-à-dire le niveau de déficit où les recettes fiscales couvrent exactement la dépense hors versements d’intérêt ? ).

Au-delà de cette assertion, certains brodent plus ou moins. Aux marges du parti, Jean-Luc Mélanchon prône un impôt confiscatoire, référencé sur les réformes fiscales du New Deal, mais plus proche dans la réalité des affirmations de matamore du « regretté » Georges Marchais. Au sein du parti,  Arnaud de Montebourg brandit régulièrement les mannes d’un Keynes que manifestement il n’a pas lu pour défendre un programme protectionniste dont il ne mesure certainement pas les conséquences. Martine Aubry, en difficulté dans les sondages, adopte la stratégie du caméléon ; en Avignon je me fais couleur locale, c'est-à-dire couleur culture et je promets une augmentation de 30% du budget du ministère de la Culture, promesse ridicule qui traduit plus le désarroi de celle qui la fait que les attentes de ceux qui la reçoivent. Le plus sérieux dans sa démarche paraît François Hollande qui assume depuis la dernière élection présidentielle sa volonté d’augmenter les impôts.

Œillères socialistes

Puisque le PS prétend revenir à la retraite à 60 ans, puisque le PS entend faire prendre en charge par l’Etat le premier emploi des jeunes qu’un système scolaire à la dérive en refusant de les évaluer condamne à une insertion problématique sur le marché du travail, puisque le PS veut équilibrer les comptes malgré ses charges nouvelles, l’équation est simple et débouche sur des hausses d’impôt. La proposition de fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu en serait le moyen privilégié, visant à rendre progressive la CSG et à détruire en fait dans une usine à gaz extrêmement difficile à mettre en œuvre une des rares innovations fiscales efficaces de ces dernières années.

La dette est l’ennemie de la gauche et de la France mais la gauche de gouvernement française, à la différence de celle des pays scandinaves ou des pays anglo-saxons, ne conçoit de la réduire que par l’impôt et singulièrement l’impôt punitif. C’est oublier que l’impôt est l’ennemi de la croissance et finit par détruire l’assiette sur laquelle il est assis.

Papandréou en Grèce qui préfère augmenter les impôts que de privatiser subit de plein fouet les conséquences de l’austérité fiscale : techniquement parlant, l’excédent primaire structurel grec représente 2,6 % du PIB (en France nous avons un déficit de 1,4 %), mais la situation des finances publiques ne cesse de se détériorer du fait de la récession. Pour parler simplement,  les indicateurs de long terme grecs se sont redressés  mais la Grèce subit un effondrement conjoncturel dû aux hausses d’impôts qui aggrave la situation de ses finances. Manifestement, à La Rochelle, on a une vision toute « sophistique » d’Athènes….

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