Manuel Valls confirme les bases de l'aggiornamento du PS au milieu des tensions de La Rochelle : l’essai sera-t-il transformé ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls lors de son discours à la Rochelle.
Manuel Valls lors de son discours à la Rochelle.
©Reuters

Mon amie la rose

A La Rochelle, Manuel Valls est venu défendre les réformes entreprises par le gouvernement, récusant tout virage mais affirmant assumer que la Gauche fasse ce qui est nécessaire pour renforcer l’économie, tandis que le Premier secrétaire du parti Jean-Christophe Cambadélis appelle, lui, à refonder le progressisme.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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On se souviendra longtemps du cru 2014 de l’université d’été du PS à la Rochelle. Ce rendez-vous de rentrée s’apparente généralement plus à une sympathique séquence de chamailleries qu’à un simili congrès d’affrontement du type Rennes ou Reims. Hier, Manuel Valls a pu mesurer le chemin qui reste(rait) à parcourir à ce parti dont il voulait autrefois tout changer, même le nom, pour qu’il devienne un (vrai) parti social démocrate comparable à ceux des autres pays européens. Sous les applaudissements, mais sans jamais réussir à faire complètement taire les sifflets, le Premier ministre a expliqué qu’il "assume que la Gauche fasse ce qui est nécessaire pour renforcer l’économie et donc les entreprises qui créent de la richesse et de l’emploi". Son "j’aime l’entreprise" lancé à l’université de rentrée du Medef n’est pas passé auprès de nombre de militants socialistes, venus pour l’occasion grossir les rangs des Frondeurs qui tentent de s’organiser en véritable courant afin de se compter lors d’un prochain congrès. D’ici là, le PS aura peut-être un peu évolué puisqu’avant le remaniement surprise, le programme de cette université d’été consistait à lancer les Etats Généraux du PS, afin de "changer le PS de fond en comble", selon les termes du Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, qui explique que "le Parti socialiste doit tout à la fois refonder le progressisme, rester un parti de débat et réussir au gouvernement". Faute de quoi, dit-il, "le socialisme sera une marque dont on n’attendra même pas la démarque". Cet avertissement sera-t-il suffisant pour rassurer ceux qui redoutent un virage social libéral ? Hier, Manuel Valls a fait preuve d’une certaine prudence. Conscient de marcher sur des œufs après avoir reçu un accueil houleux la veille, le Premier Mministre a précisé "qu'il n’y a ni virage ni tournant, il y a une ligne, celle de la vérité, de la réforme et de l’efficacité sociale démocrate".

Où commence l’efficacité ? C’est l’éternel dilemme des socialistes, partagés entre nécessité de réalisme et utopie. "La politique menée ne correspond pas à ce pourquoi nous avons été élus", a lancé Laura Slimani, la présidente des Jeunes Socialistes, devant un public acquis à cette idée. Manuel Valls, qui a dû en appeler au "respect" et mettre en garde contre le "choix des mots", lui répond en écho : "Nous faisons des choix calibrés, équilibrés. Ils visent à préserver notre modèle social. Et nous le faisons dans le dialogue, en associant les syndicats aux réformes conduites. Et nous sommes vigilants, exigeants sur les engagements qui ont été pris". Un modèle social qui consiste notamment à ne pas remettre en cause les 35H, il a fallu le préciser, alors que le nouveau ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, a tenté une approche dans cette direction.

Par delà la rhétorique, il y a la politique. A La Rochelle, le PS semblait au bord de la scission entre ceux qui considèrent que c’est le gouvernement qui franchit la ligne Jaune avec sa politique d’austérité et ceux qui veulent briser quelques verrous sociaux. Ceux que l’on nomme les Frondeurs sont décidés à remettre en cause le Pacte de responsabilité et les "cadeaux aux Patrons" qu’il recèle, selon eux. Ils n’attendent pas la conclusion des Etats Généraux du PS pour réagir. Ils viennent de se constituer en courant qui a pris pour nom "Vive la Gauche" et sont décidés à mener la vie dure au gouvernement au Parlement. Joindront-ils l’action à la parole ? Oseront-ils voter contre un texte fondateur, comme la confiance au gouvernement ou le Budget ? C’est toute la question. Le discours de politique générale de Manuel Valls sera un premier test à la rentrée. Le débat budgétaire qui suivra dans la foulée en sera un autre. Ce qui est sûr, c’est que tant que le gouvernement n’aura pas obtenu de résultats dans le domaine de la croissance, leur discours recueillera d’autant plus d’écho auprès de la base du PS et dans l’opinion. Car la querelle autour de la ligne économique du PS est éternelle chez les Socialistes ; elle tient lieu de marqueurs aux différents courants. Jean-Pierre Chevènement à son époque, Jean-Luc Mélenchon plus tard ont invoqué le virage libéral des gouvernements d’alors pour voler de leurs propres ailes, avec des succès divers. L’histoire semble se répéter, mais c’est aussi de rapports de force à l’intérieur du PS qu’il s’agit. Les Frondeurs seront-ils rejoints par Martine Aubry, bien décidée à ne pas faciliter la tâche de Manuel Valls qui veut, lui, s’attaquer, "avec pragmatisme, à tout ce qui entrave notre économie depuis des années, des décennies", mais qui a dû rappeler à ses amis que "les Français nous regardent. Si nous ne montrons pas l’exemple, nous tous, comment pourraient-ils comprendre, retrouver confiance, avoir le sentiment que leurs efforts ont un sens ?". Un sujet à méditer pour les militants pendant leurs Etats-Généraux...

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