Ebola : pourquoi le virus tueur dont nous devrions vraiment avoir peur ne sortira pas des forêts tropicales<!-- --> | Atlantico.fr
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Le virus Ebola a tué cette année des centaines de personnes, principalement en Afrique de l'Ouest.
Le virus Ebola a tué cette année des centaines de personnes, principalement en Afrique de l'Ouest.
©Reuters

Fausse frayeur

La plus importante épidémie jamais connue d'Ebola qui sévit actuellement en Afrique de l'Ouest a déjà causé des centaines de morts et continue de s'étendre. Sa vitesse de propagation inquiète au plus haut point les autorités.

Christopher Payan

Christopher Payan

Christopher Payan est virologue au CHU de Brest et professeur à la faculté de médecine de l'université de Bretagne Occidentale (Brest).

Il est l'un des auteurs de Mini manuel de microbiologie (Editions Dunod)

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Atlantico : Le virus Ebola a tué cette année des centaines de personnes, principalement en Afrique de l'Ouest. Pour autant, il semble impossible que ce virus se propage dans des pays comme la France ou les Etats-Unis. Quels sont les ingrédients nécessaires pour déclencher une pandémie ?

Christopher Payan : Vous pouvez même indiquer plus de 1000 décès causés par Ebola. L'exemple le plus récent de pandémie est la grippe H1N1 en 2009-2010, avec un virus à l'origine retrouvé chez le porc au Mexique ; il s'agissait d'un virus recombiné avec un virus H1N1 humain donc bien adapté à l'homme, mais ce virus était absent les années précédentes (pas d'immunisation de la population, seuls les sujets nés avant les années 50 étaient immunisés et donc moins touchés, un virus proche avait circulé avant cette période); dernier ingrédient, un virus qui se diffuse facilement (par la toux pour la grippe, les selles et les mains souillées pour les gastroentérites) et un réseau de soin limité (capacité à isoler les malades, à maintenir les malades en réanimation, maintenir un haut niveau d'hygiène et assurer une surveillance sur le territoire avec alerte). Pour Ebola, il manque la capacité à diffuser facilement, les protections contacts étant plus élevées chez nous.

Cela signifie-t-il donc que la pandémie du virus Ebola était en quelque sorte une exception et que l'on doit s'attendre à ce que la prochaine pandémie parte des villes, des hôpitaux ou encore des camps de réfugiés ? Existent-il certains pays plus sujets aux pandémies que d'autres ?

Ce n'est pas une pandémie à ce stade car cela reste limité à quelques pays d'Afrique (épidémie): on le dit endémique dans ces pays car il y est connu depuis les années 70 à bas bruit (initialement au Zaire), je ne pense pas que l'on observera de pandémie (large diffusion sur tous les continents), au pire vous aurez quelques cas qui auront été en contact avec les malades en Afrique (comme le cas du prêtre espagnol ou le médecin américain), qui seront isolés et soignés comme nous avions eu avec la grippe aviaire ou le SRAS dans les années 2000.

Quelles caractéristiques les bactéries et virus les plus tueurs ont-ils ?

Il n'y a plus vraiment de bactéries tueuses comme autrefois (peste, choléra...) car en effet, les antibiotiques ont permis de les eradiquer. Par contre, les bactéries résistantes aux antibiotiques posent le plus de problème (Tuberculose, Staphylocoque, Entérocoque et Colibacille...). Pour les virus, se sont les virus les moins adaptés à l'homme qui tuent le plus : VIH (transmis du singe depuis une centaine d'années chez l'homme donc encore mal adapté), grippe aviaire, le coronavirus SRAS ou MERS.

Comment "naît" un virus ?

Un virus naît dans une cellule infectée par un virus parent, chez un animal ou chez l'homme, il peut passer de l'un à l'autre quand ce virus reconnait un récepteur comparable à la surface de la cellule lui permettant de rentrer; celui-ci s'y reproduit et peut muter, se recombiner avec d'autres virus en général de même espèce présent dans la même cellule et générer ainsi de nouveaux virus plus virulents ou au contraire mieux adaptés et en général mieux tolérés; le plus souvent on a un équilibre entre le virus et son hôte qui développe une réponse immunitaire pour l'éliminer (grippe, rhume, gastroentérite...) ou à défaut le controler (herpes, hépatite B, papillomavirus...), parfois il dérape (cancer et hépatite B ou papillomavirus).

Certaines maladies dues à des virus ou des bactéries existent depuis des décennies, voire des siècles comme la tuberculose, le sida ou la malaria. Saurons-nous nous y adapter un jour ? Comment notre organisme apprend-il à se défendre au fil du temps ?

On distingue les micro-organismes qui se sont adaptés chez l'homme depuis des milliers d'année, pensez à toutes ses bactéries dans notre tube digestif, plus nombreuses que nos cellules et que nous supportons sans problème. On retrouve ainsi des bactéries, voir même des champignons dans toutes les voies d'entrée, buccal, respiratoire, génital et sur la peau que l'on supporte très bien. De même on héberge toute sorte de virus (herpes, virus Epstein-Barr, parvovirus, calicivirus, papillomavirus, rétrovirus endogène) avec une réponse immunitaire qui controle ces micro-organismes. On les distingues des pathogènes, quand ils sont présents, ils sont mal controlés, c'est le cas des 3 que vous indiquez tuberculose/bactérie (vous avez aussi la Syphilis), le SIDA (virus VIH) ou malaria (parasite Plasmodium), il faut des traitements pour les contrôler et parfois guérir (ce qui n'est pas encore le cas du VIH). En effet le contrôle par les traitements est possible tant que ces micro-organismes ne résistent pas, les virus étant les plus rapides pour cela (par mutation ou recombinaison dans la cellule infectée).

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