Il n’y a pas que les usines au Bangladesh : 5 secrets de fabrication que l’industrie du prêt-à-porter préfère que vous ignoriez <!-- --> | Atlantico.fr
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Les industries de prêt-à-porter ne communique pas beaucoup sur la fabrication de leurs produits
Les industries de prêt-à-porter ne communique pas beaucoup sur la fabrication de leurs produits
©REUTERS/Christian Hartmann

Fast-fashion

Un an après l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, et qui avait fait 1.138 victimes, Auchan a enfin accepté de reverser un million et demi d'euros en guise d'indemnisation. Si l'entreprise avait nié jusque-là tout lien direct, le secteur entier du prêt-à-porter n'en est pas à son unique secret.

Emilie Coutant

Emilie Coutant

Emilie Coutant est sociologue, consultante en mode, médias, tendances, risques et addictions.
Docteur de l’Université Paris V, elle a soutenu une thèse intitulée “Le mâle du siècle : mutation et renaissance des masculinités. Archétypes, stéréotypes, et néotypes masculins dans les iconographies médiatiques” (2011). Fondatrice et dirigeante de la société d’études qualitatives et prospectives Tendance Sociale, elle réalise études et enquêtes sociologiques pour le compte d’entreprises ou d’institutions. Enseignante dans diverses universités et écoles de mode, elle est également Présidente du Groupe d’Etude sur la Mode (GEMode), rédactrice éditoriale des Cahiers Européens de l’Imaginaire et secrétaire du Longeville Surf Club.
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Il y a des produits chimiques et du plomb dans vos vêtements

Malheureusement, il y a une utilisation des produits chimiques très mauvais à la fois pour la santé des ouvriers du textile, mais également pour les consommateurs finaux, c'est-à-dire nous. Les géants du "fast-fashion" doivent nécessairement faire appel à des procédés de coloration des vêtements rapides et peu coûteux. Des colorants volatiles donc, que l'on peut retrouver dans les rayons enfant des enseignes bien connues, mais également du plomb, le plus souvent dans certains accessoires, comme les sacs à main, ou les ceintures… Et nous connaissons tous les effets importants du plomb sur la santé : cela peut amenuiser la fertilité des femmes, ou augmenter les risques cardiaques. Mais est-ce vraiment étonnant lorsque ces mêmes marques fabriquent à quelques centimes un T-shirt, comme H&M par exemple, et qui revend 170% en moyenne plus cher ?

Une forme de "ségrégation sociale" entre les magasins

Les services marketing doivent connaître leur clientèle, ou plutôt leurs clientèles pour vendre au mieux. Ainsi, bien qu'on s'attende à trouver les mêmes vêtements dans tous les Zara de France, les collections et les différentes gammes ne seront pas également présentes qu'on se trouve dans le centre de Paris ou en province. Les différentes gammes d'une même marque y seront dosées différemment, et certains motifs ou matières dont on sait qu’ils ne seront pas adaptés à telle catégorie sociale ne seront tout simplement pas représentés. Quelque part, cela peut ressembler à une forme de ségrégation par le vêtement, bien que l'idée soit initialement de vendre plus.

L'obsolescence des vêtements

Il peut y avoir un choix stylistique pour justifier de l’usure d’un vêtement. Par exemple, le fait pour les marques de créer des tendances à parti de matières fines et légères comme pour la saison estivale, dont on sait par avance qu’elles ne résisteront pas au temps. C'est un des principes même de la Fast-Fashion : tout est consommé rapidement.

Mais il y a une autre forme d’obsolescence qui pourrait davantage s’apparenter à une obsolescence stylistique. On se souvient des deux collections traditionnelles Automne/Hiver et Printemps/Eté d'il y a encore quelques années. Aujourd’hui, on voit en plus des collections capsules, c'est-à-dire des collections dans des collections, le plus souvent temporaires.Certains magasins de vêtements, comme sur l’avenue des Champs-Elysées à Paris changeront leurs collections à une cadence effrénée, jusqu’à une fois par semaine, car ils sont conscients que leurs clients et clientes reviendront le samedi suivant, et que donc le magasin doit être renouvelé. H&M a fait une de ces collections capsules avec Karl Lagerfeld, ou encore Inès de la Fressange et Uniqlo… Elles sont faites non plus dans une logique de saisonnalité, ou d’adaptation à une période, mais bien pour remplacer, pour donner du neuf et "ringardiser" les vêtements achetés quelques semaines auparavant.

L’illusion des bas prix : les outlets

Il existe des magasins d’usine, ou des ventes privées qui font croire qu’elles vendent des produits de marque beaucoup moins cher que dans le commerce traditionnel. Le plus souvent, on remarquera que les prix sont pourtant plus élevés que lorsqu’ils étaient soldés et toujours dans les rayons. C’est une manière de recycler des anciennes collections, et de jouer avec la perception des consommateurs qui acceptent de payer un même vêtement plus cher lorsqu’il n’est pas soldé, même s’il est passé de mode.

Ahhh… Le greenwashing

Beaucoup d’enseignes de fast-fashion veulent noyer le poisson de leur passif écologique/éthique en produisant des codes de conduites, des rapports environnementaux… Des labels entiers sont créés à cette intention. Pourtant il faut faire là preuve de bon sens. Une robe à trente euros ne peut pas avoir été faite dans des conditions où les ouvriers étaient payés correctement.

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