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Marseille : 
une criminalité "Fast and Furious" !
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Nouveau préfet

Le préfet Alain Gardère, nouveau Délégué à la sécurité et à la défense pour les Bouches-du-Rhône, est arrivé à Marseille ce lundi. Objectif : inverser les chiffres de la délinquance. Son prédécesseur vient d'être évincé pour manque de résultats.

Alain Tourre

Alain Tourre

Alain Tourre a passé plus de trente-huit années au service de la police nationale, dont la majeure partie en police judiciaire.

Au cours de ce parcours professionnel, il fut pendant deux ans le «patron» du SRPJ (Service régional de police judiciaire) de Marseille. Il a écrit L'Histoire de l'évêché (Jacob-Duvernet - 2011).

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Atlantico : Après le parking Vinci géré par des voyous, des règlements de comptes entre truands et des statistiques de criminalité alarmantes... En tant qu'ancien patron du SRPJ de Marseille, que pensez vous de la situation que connait actuellement la ville en matière d'insécurité ? 

Alain Tourre : Sur le plan du grand banditisme, on remarque que les règlements de comptes n’ont jamais baissé par rapport à la période où j’étais en service, dans les années 1990. Ceux-ci sont souvent liés à des problèmes de rivalités dans le domaine des stupéfiants, voire du proxénétisme ou des machines à sous. En revanche, on constate aujourd’hui une criminalité qui est comme le film : Fast and Furious ! Le but est simple : s’approprier de l’argent en un minimum de temps - quels que soient les moyens utilisés... En particulier sur le plan de l’armement avec l’utilisation, parfois, deKalachnikov. Comme cela a d’ailleurs été démontré lors de braquages. Il y a suffisamment de pays en conflit, malheureusement, pour que ces armes soient acheminées en France de manière clandestine.

Pourquoi cette violence se développe-t-elle si bien dans la cité phocéenne, selon vous ? Pourquoi spécifiquement à Marseille et non à Montpellier ou à Lille, par exemple ?

On ne peut pas nier l’aspect historique. Bien avant la dernière guerre, on a vu l’apparition de grands caïds qui ont défrayé la chronique. Leur disparition a sans doute créé une guerre de succession pour une tentative de reprise de main.

On ne doit pas écarter non plus, la possibilité qu’on ait affaire à une guerre entre « caïds intermédiaire » issus des cités et très liés aux stupéfiants, tentés de se démarquer de la manière la plus rapide possible.

Vous parliez de machine à sous, de prostitution : ces activités sont-elles encore d’actualité ?

Rien n’a changé ! Cela ne fait que croître et embellir. On doit continuer à jouer aux jeux clandestins. Naturellement, le gros problème c’est la drogue : l’héroïne et la cocaïne vont bon train. Les dernières saisies réalisées concernent les drogues dure. Toutes les drogues passent par Marseille : n’oubliez pas que la ville est un port !

Estimez-vous que le changement de préfet à Marseille permettra à la ville d’améliorer sa sécurité ?

Je connais l’ancien et le nouveau préfet (NDLR : Alain Gardère a été installé dans ses nouvelles fonctions de Délégué à la sécurité et à la défense pour les Bouches-du-Rhône, occupées avant lui par Gilles Leclair).

Gilles Leclair est l’un de mes amis, il est plus versé en police judiciaire et le deuxième, Alain Gardère - que je connais également -, est plus spécialisé en sécurité publique. Ce sont deux professionnels que j‘apprécie beaucoup. N'oublions pas que Marseille a connu un accroissement important de population. Des effectifs supplémentaires permettront, sans doute, de mieux lutter contre la délinquance.

Comment vivez-vous Marseille au quotidien ?

Quand j’étais en fonction ou quand j’y retourne de temps en temps : je m’y sens bien. Les règlements de comptes en soi n’affectent pas les Marseillais. A condition que les malfaiteurs règlent leurs problèmes entre eux et qu’il n’y ait pas de "dégâts collatéraux". Mais on ne peut pas s’en satisfaire. Et cela n’empêchera pas les services de police de faire une enquête pour déterminer qui sont les auteurs de ce crime...

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