Des centaines de vies gâchées chaque année à cause de piqûres de tiques : comment la médecine française passe totalement à côté des maladies qu’elles causent

Atlantico : En France, on estime à 30 000 le nombre de personnes piquées chaque année par une tique.  Quels risques ces piqûres font-elles courir ? Comment distinguer les piqûres pour lesquelles il faut s’inquiéter de celles qui sont inoffensives ? 

Christian Perronne : Il est tout d'abord difficile d'estimer le nombre de personnes piquées. Il ne s'agit là que d'une estimation. Les victimes ne consultent pas systématiquement leur médecin.

Une piqûre de tique peut provoquer la maladie de Lyme. Il faut s'inquiéter quand des signes se développent autour de la piqûre, notamment une rougeur. Si elle s'installe et persiste voire progresse, mieux vaut consulter son médecin. La rougeur a une taille variable, d'une pièce de deux euros à 20 cm de diamètre. La rougeur n’apparaît que trois fois sur quatre. D'autres signes peuvent être révélateurs de la maladie qui s'installe, comme de la fatigue ou de la fièvre. 

Quel est le rôle de la tique dans la maladie de Lyme ? En quoi consiste cette maladie ? Peut-elle se déclarer longtemps après la piqûre ? Quelles conséquences dans ces cas-là ?

La maladie de Lyme est transmise par les tiques même si d'autres vecteurs existeraient. La maladie peut se déclarer 8 jours après la piqûre, comme elle peut se déclarer 20 ans après. Plus vite la maladie est diagnostiquée, plus vite le patient est soigné, ce qui empêche la maladie d'évoluer. Non soignée, les symptômes de maladie vont et viennent, avec toujours plus d'intensité. Les symptômes de cette dernière sont très nombreux, elle peut toucher tous les organes ; troubles cardiaques, douleurs dans la poitrine, méningites, douleurs nerveuses, paralysie faciale, fourmis, troubles de la mémoire, de la concentration, accidents vasculaires cérébraux, psychoses aiguës, inflammation des nerfs optiques, problèmes articulaires...

Les campagnes d'information et celles de prévention à l'égard des tiques sont-elles suffisantes ? 

Les campagnes sont largement insuffisantes. Rien n'est fait. Il n'y a pas eu d'innovations ou de nouvelles découvertes au sujet de la maladie de Lyme depuis 30 ans, il est donc difficile de faire parler à ce sujet. Afin de sensibiliser la population il faudrait placer des pancartes à l'entrée des forêts, informer les scouts, les sportifs et professionnels qui vont souvent dans la forêt. 

Comment se protéger ?

Si l'on pratique une activité professionnelle ou un loisir au contact de la forêt et des animaux sauvages, il faut rester vigilent. Préférer par exemple marcher dans les sentiers que dans les sous-bois. Porter des vêtements longs et serrés aux extrémités. Mettre du répulsif. Enfin, au retour chez soi, il faut prendre une douche et ne pas hésiter à demander à quelqu'un d'examiner les zones que l'on ne parvient pas à voir à la recherche de piqûre. Pour les personnes qui ont des animaux, il faut penser à les traiter. Enfin, les personnes qui vivent prés des forêts doivent penser à mettre des clôtures pour empêcher le gibier d'approcher et à tondre leur gazon, les tiques étant plus nombreuses dans les hautes herbes.