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Avec la crise, les pays émergents 
rattraperont-ils les pays développés ?
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Déclin de l'Occident

Les pays émergents (Chine, Inde, Brésil,...) ont mieux résisté à la crise que les pays développés. L’évolution du PIB par habitant en est la preuve. Mais alors, pendant combien de temps encore devrons-nous les considérer comme "émergents" ?

Xavier Timbeau

Xavier Timbeau

Xavier Timbeau est directeur du département "Analyse et prévision" à l'Ofce.

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Atlantico : Que nous apprend l'évolution, sur ces dernières années, du produit international brut (PIB) par habitant des différents pays développés ?

Xavier Timbeau : Ces dernières années, dans les pays occidentaux, l’évolution du PIB par habitant a été très faible. Il augmentait à des taux relativement faible jusqu’en 2007 (environ 1% par an). Puis la crise de 2008-2009 est arrivée, et le PIB par habitant a stagné et même chuté (entre cinq et six points selon les pays). La crise a donc représenté un retour en arrière de six à sept ans pour les pays développés.

Les États-Unis, étaient au début 2011 au niveau qu’ils avaient atteint pendant l’année 2004. La France, elle, a atteint en 2011 le niveau de la fin de l’année 2005. Le cas le plus grave reste celui de l’Italie : ce pays est revenu à des niveaux équivalents à ceux de l’année 1999.

L’Allemagne est elle sortie très rapidement de la crise. La différence avec les autres pays s’est creusée au cours des deux dernières années. Le processus de sortie de crise allemand a été très dynamique. Par exemple, en 2000, il y avait une différence d’un peu moins de 10% entre l’Allemagne et l’Italie alors qu’aujourd’hui la différence est de plus de 20%.

Comment expliquer le fait que le PIB par habitant allemand ait mieux résisté à la crise que celui des autres pays occidentaux ?

Les plans de relance ont été plus nombreux en Allemagne. Il y a eu un deuxième plan en 2009 alors que dans les autres pays européens, ils ont tous été concentrés en automne 2008.

Le deuxième facteur explicatif tient au fait que l’Allemagne, dans la crise, a réussi à préserver son tissu industriel. Les entreprises industrielles allemandes n’ont pas failli car elles ont réussi à éviter l’augmentation des coûts liés à l’inactivité. Elles ont pour partie utilisé des dispositifs de chômage partiel. L’idée est de mettre au chômage un employé tout en conservant son contrat de travail. L’employé connait alors une réduction de son salaire, payé par une caisse publique et non plus par l’entreprise.

Les Allemands bénéficient aussi d’une flexibilité plus importante dans les contrats de travail. Beaucoup prévoient, qu’en cas de chute de l’activité, l’entreprise puisse alléger sa masse salariale. Cela a permis aux entreprises allemandes de limiter les coûts, les conséquences sur la trésorerie et sur le bilan. Quand l’activité a commencé à rebondir et qu’il y a eu une reprise du commerce international, les entreprises allemandes ont pu gagner des parts de marché sur les autres entreprises européennes car elles étaient toujours opérationnelles et vivantes.

Cela a eu bien évidemment des conséquences bénéfiques en matière de dépenses publiques. Qui dit rebond d’activité, dit finance publique plus saine, en meilleur état. Cela donne plus de marge de manœuvre pour soutenir l’activité ou, en tout cas, éviter les restrictions budgétaires dans lesquelles nous sommes plongés aujourd’hui.

Les pays émergents, eux, n’ont pas connu un tel ralentissement dans l’évolution de leur PIB.  Peuvent-ils espérer atteindre les niveaux de vie des pays développés ?

Dans les pays émergents, il y a des taux de croissance très élevés. En Chine, nous sommes sur un rythme de 10 à 12%. L’Inde n’est pas loin avec  8% par an. Les autres plus petits pays émergents, comme le Brésil et l’Indonésie, ont des taux entre 2 et 6 %. C’est une caractéristique du début de notre siècle : la globalisation a conduit à ce que le modèle de développement économique des pays émergents permette de diminuer l’écart avec les pays développés. 

En comparaison avec ceux des pays développés, ces rythmes paraissent très élevés. Mais le point de départ est beaucoup plus bas, la marge de progression bien plus importante. Il ne faut pas oublier une chose, ces pays sont beaucoup moins riches (par exemple, le PIB par habitant en Italie est de 27 000 euros par an. En Chine il est autour de 5000 euros).  A ce rythme, il faudra une vingtaine d’années à la Chine pour atteindre le niveau de vie des pays développés : en effet, le niveau de vie moyen actuel en Chine correspond au niveau de vie en Europe au début du vingtième siècle.

Le PIB par habitant est-il un indicateur pertinent pour comparer les pays émergents avec les pays développés ?

Quand on compare les pays émergents et les développés, le PIB par habitant n’est pas un si mauvais indicateur que cela. Il donne une première bonne approximation de la distance entre les deux. Ceci étant dit, un élément rend l’interprétation pour les pays émergents plus difficiles : il ne tient pas compte de la question des inégalités.

En Chine, où le revenu par habitant moyen est autour de 6000 dollars, il y a bien sûr des Chinois de Shanghai, ou d’autres grandes mégalopoles chinoises, qui vivent comme des occidentaux, avec des niveaux de vie, de rémunération et des modes de consommation assez comparables. Cela constitue une classe moyenne émergente chinoise comparable à la classe moyenne des pays développés.

Cependant, il y a aussi une masse de gens avec des revenus qui correspondent à ceux de pays très pauvres (quelques milliers de dollars par an), une société rurale très peu émergente. La Chine émergente ne constitue seulement que 10 à 30 % de la population totale. 

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