De la suprématie, contestée mais incontestable et non assumée de l'Occident <!-- --> | Atlantico.fr
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Le mot Occident est un gros mot. Oser le prononcer mène droit au bûcher. Osons !
Le mot Occident est un gros mot. Oser le prononcer mène droit au bûcher. Osons !
©Reuters

Bis repetita ?

Le mot Occident est un gros mot. Oser le prononcer mène droit au bûcher. Osons !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Au XIXème siècle, l'Occident se rua à l'assaut de nations faibles ou inexistantes. De différentes façons. L'Europe par la conquête. Les Etats-Unis en installant ici et là des dictateurs latino-américains fantoches. L'impérialisme était alors considéré comme un horizon indépassable pour des Etats qui se définissaient comme civilisés. Et le colonialisme constituait, dans le même esprit, un bienfait pour les sauvages. Rudyard Kipling illustra cette planétaire aventure par une phrase restée célèbre : "Le fardeau de l'homme blanc".

Tout a changé depuis. Et en même temps, rien n'a tout à fait changé… De Kipling, on a juste gardé Mowgli. Pour les enfants. Et l'Occident a battu – et continue à battre – sa coulpe pour le mépris et le racisme qui firent cortège à ses conquêtes coloniales. De surcroît, pour que l'expiation soit complète, il a interdit qu'on l'appelle Occident. Car ça peut fâcher.

Donc plus d'Occident ? Rien n'est plus faux. Car l'Occident, même s'il a tenu à se débarrasser de son nom honni, est partout dans le monde. Avec ses armes. Avec ses subventions et ses aides qui sont la continuité du "fardeau" célébré par Kipling. Qui, par des frappes aériennes, tente de sauver les chrétiens d'Irak et les Yézédis du massacre ? L'aviation américaine à la demande du gouvernement irakien qui suppliait depuis des mois qu'elle bombarde les djihadistes. Qui, par deux fois, a fait la guerre à l'Irak pour abattre Saddam Hussein ? Les Etats-Unis et leurs alliés européens à la demande des gouvernements arabes qui, sans exception, ont donné leur blanc-seing à la mise à mort du dictateur irakien.

C'est l'Occident qui fait les guerres que d'autres, pourtant plus concernés, ne veulent pas faire. Le terme de "fardeau" est ici de nouveau très approprié. Ce sont bien les Etats arabes et la Conférence Islamique qui ont voulu la fin de Kadhafi. L'aviation de l'OTAN a fait le travail à leur place. Qui, après de coupables atermoiements, a sauvé les musulmans de Bosnie du massacre ? Les armes et les instructeurs fournis par l'Occident. Et pas par le monde islamique. Qui a, en bombardant la Serbie, protégé les Kosovars musulmans ? Les mêmes avions que ceux utilisés contre Kadhafi. Pas les avions arabes. Aujourd'hui, la Bosnie et le Kosovo sont devenus de fait des protectorats européens. Est-ce bien ? Est-ce mal ? C'est.

En Afrique, continent maudit et voué au désastre, c'est encore l'Occident qui fournit de quoi empêcher un désastre encore plus grand. Des milliards. Pour construire quelques hôpitaux ou écoles. Pour éradiquer la fièvre jaune et le choléra. Pour nourrir. De quelle origine sont les médecins qui se dévouent pour aller là-bas combattre le virus Ebola ? Et de quels pays viennent ces centaines de bénévoles de MSF, de Médecins du Monde et d'autres ONG ?

Et qui, en Afrique francophone tout au moins, permet de payer les soldats, les fonctionnaires et les policiers, seuls soutiens, changeants il est vrai, des régimes en place eux-mêmes très éphémères ? La France. Et qui est le bras armé de l'Occident en Afrique ? Encore la France. Elle intervient à la demande. Au Mali. Pour sauver un pouvoir totalement incapable de tenir tête à quelques centaines de djihadistes et à quelques milliers de Touaregs. Elle envoie nos troupes en Centrafrique, toujours à la demande des autorités locales, pour mettre au pas les milices musulmanes et tenter de calmer leurs rivales chrétiennes.

Elle a, avec ses troupes, chassé du pouvoir Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire et ce, à la demande de M. Ouattara, le président légalement (on n'ose pas dire démocratiquement) élu. Nos soldats se sont battus partout là-bas. Au Tchad, au Congo-Brazzaville… Nous avons des bases militaires en Afrique. Certes, pour protéger nos ressortissants. Mais tels chefs ou dictateurs ou présidents peuvent toujours – et ils ne s'en privent pas – faire appel à elles. Le fardeau de la France qui paye pour avoir trop longtemps porté un casque colonial…

Le cas français est d'ailleurs intéressant à analyser. Car il résume à lui tout seul la suprématie occidentale et le complexe qui interdit de l'assumer. La France en effet – et elle est la seule dans ce cas – a gardé quelques confettis de son défunt empire colonial. Pour bien faire, elle les a élevées au statut de département. Il y en a quatre. La Guyane, la Martinique, la Guadeloupe et Mayotte. Ils sont à la métropole ce que le Tiers monde (le Quart monde s'agissant de Mayotte) est au monde développé.

Chômage, criminalité, violence, ressentiment anti-blanc connaissent là-bas une insolente prospérité. Et la métropole maintient ces territoires, ces bouts de France, sous perfusion. Allocations familiales, RSA, indemnités chômage, subventions en tout genre. La Creuse, département très pauvre, n'a pas le dixième de ces aides. Il est vrai qu'elle n'a pas été colonisée. Un fardeau ? Oui.

Les mauvais coucheurs diront – rhétorique habituelle – que les puissances occidentales agissent uniquement en fonction de leurs intérêts. Ah bon ? Il y a du pétrole en Bosnie ? Du gaz au Kosovo ? Et en Afghanistan, il y a quoi comme richesse en dehors des Talibans ? En Côte d'Ivoire, juste un peu de cacao. Et dans nos Départements d'Outre-Mer ? De la canne à sucre et quelques bananes. Et au Mali et en Centrafrique ? Rien. Et c'est à cause de ce rien, de ce dénuement que l'Occident fonctionne comme une sorte de SAMU. Il serait stupide que l'Occident, et donc la France, tire gloriole ou vanité de cette suprématie. Mais il serait sain qu'il cesse d'en avoir honte. 

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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