Moutons de Panurge : comment trouver sa place dans un groupe sans faire "comme tout le monde"<!-- --> | Atlantico.fr
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Il ne sert à rien d'être un mouton.
Il ne sert à rien d'être un mouton.
©Flickr / LivingOS

Bonnes feuilles

Béatrice Millêtre éclaire cette impression diffuse que tant de gens ont aujourd'hui de ne pas être à leur place et de ne pas savoir comment faire pour y arriver. Extrait de "Six clés pour se sentir enfin à sa place" publié chez © Editions Payot & Rivages, 2014 (1/2).

Sauf à vivre sur une île déserte, ce qui ne serait pas très drôle, les autres sont omniprésents. C’est une lapalissade, mais avez-vous conscience de l’importance de leur influence indirecte ?

De par leur présence, leurs remarques, directes ou suggérées, de par leurs attitudes, ils influent sur vos pensées, vos attitudes en retour et votre bien-être.

Renaud me raconte que, depuis cinquante et un ans, il se contraint. À entrer dans le moule, à faire comme s’il était comme tout le monde. « J’y parviens plus ou moins. Selon les personnes, les endroits et les circonstances. Là, par exemple, je suis à un poste où je n’arrive pas à faire semblant. Dans les réunions, je reste muet. Si j’ouvrais la bouche, ce serait pour dire qu’en allant droit au but, la réunion durerait moins longtemps. Mais ça, j’ai bien compris qu’ils ne savent pas faire, ou plutôt que cela ne les intéresse pas : ils sont là autant, sinon plus, pour se rencontrer. Quant à mon patron, lui et moi n’avons pas les mêmes valeurs, aussi je ne l’apprécie pas trop. Pour lui, les employés ne sont que des numéros que l’on peut utiliser et renvoyer facilement. Seul compte le profit. Je sais bien qu’il faut gagner de l’argent, mais pas à n’importe quel prix. »

Je suis toujours embêtée lorsque je reçois des personnes comme Renaud, dont la demande est d’arriver à ressembler aux autres.

Le fond de la question n’est pas tant de leur ressembler que d’être à l’aise au milieu d’eux afin de supprimer les incompréhensions, les problèmes de communication et d’intégration.

Je suis toujours embêtée, car ces personnes possèdent toujours les bonnes valeurs. Non pas à mon goût, mais celles définies par la psychologie pour atteindre le bien-être mental.

Évidemment, elles vont à contre-courant de la loi du plus grand nombre.

Mais ces personnes ont raison.

Raison, car elles sont ce qu’on appelait autrefois des humanistes.

Raison, car ces valeurs humaines sont les seules qui peuvent conduire à l’épanouissement et à l’équilibre.

Oui, mais ! Oui, mais ce n’est pas ce que vous vivez, car ces valeurs ne sont pas partagées par la majorité, ce qui vous conduit à vous sentir anormal.

C’est vrai, et je comprends tout à fait ce sentiment.

Sauf que vous avez raison !

Je revois la tête de Renaud lorsque je lui expliquai cela… « Ce n’est pas ce que je viens chercher chez vous, me dit-il. Au contraire, je viens apprendre à rentrer dans le rang !

Ça c’est impossible et je m’y refuserai encore et toujours. Je refuse de conduire les gens que je reçois à aliéner leur personnalité pour rentrer dans une norme, lorsque cette norme conduit irrémédiablement au mal-être.

– Oui, mais ces valeurs ne sont pas celles du plus grand nombre !

Certes, mais est-ce pour autant que le plus grand nombre a raison ?

J’utilise souvent l’exemple des enfants, de leur éducation. Nous sommes passés d’une société où les mères et les nourrices s’occupaient à plein temps des enfants à une société dans laquelle « il faut penser à soi et ne surtout pas s’oublier ».

Sans être contre cette idée, nous voyons aujourd’hui des enfants qui « poussent » tout seuls.

Déposés à la crèche le matin et repris le soir, puis à la garderie d’avant école à 7 h et repris le soir à la garderie d’après école à 19 h 30, ils ne connaissent que les centres de loisirs et les clubs d’activités pour enfants des clubs de vacances où leurs parents les déposent !

Non, je n’exagère pas.

Je sais bien que les parents doivent travailler et ont un emploi du temps chargé, mais, sans porter de jugement d’aucune sorte, si l’on veut qu’un enfant soit équilibré et devienne une grande personne bien dans sa peau, il faut que l’on s’en occupe !

C’est une règle d’or en matière de développement, une évidence de bon sens pour toutes ces personnes que je reçois.

Il ne leur viendrait jamais à l’esprit de laisser leur enfant grandir devant la télévision et les consoles de jeu, sans partager de moments avec eux.

Cette évidence est tellement forte qu’elles acquiescent à l’idée que le plus grand nombre n’a pas forcément raison. Elles peuvent alors commencer à se dire que leurs valeurs sont les bonnes et qu’elles se doivent de les assumer.

Extrait de "Six clés pour se sentir enfin à sa place", de Béatrice Millêtre, publié chez © Editions Payot & Rivages, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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