L'épidémie d'Ebola pourrait-elle sortir d'Afrique pour la première fois ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Une jeune victime du Ebola.
Une jeune victime du Ebola.
©Reuters

Propagation

Avec plus de 1 300 cas, l'actuelle épidémie d'Ebola est la plus importante jamais connue. Et si les moyens pour endiguer sa propagation sont connus, ils demeurent difficiles à mettre en place.

Jean-Marc Manuguerra

Jean-Marc Manuguerra

Jean-Marc Manuguerra est chef de laboratoire à l’institut Pasteur. Il dirige l'unité environnement et risques infectieux. Il est aussi responsable de la cellule d'intervention biologique d'urgence et des virus émergents.

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Atlantico : L'épidémie Ebola se répand rapidement, ayant déjà tué sur son passage plus de 650 personnes. Un premier cas a été identifié au Nigéria, à Lagos, l'une des trois plus grandes villes du continent africain. L'épidémie aurait donc traversé 6 pays depuis son berceau, la Guinée. La maladie touche à présent l'ouest et le centre de l'Afrique. Comment expliquer la viralité de cette maladie ? 

Jean-Marc Manuguerra : Nous n'en sommes qu'aux observations. C'est la première fois qu'un tel virus arrive dans les grandes villes. Si l'épidémie se propage, c'est parce que nous ne parvenons pas à cesser la chaîne de transmission. La maladie a débuté en campagne mais la source n'est plus importante actuellement. Le fait que l'épidémie se trouve actuellement dans des villes rend plus compliqué son contrôle. Les personnes urbaines se déplacent beaucoup plus que les ruraux. En campagne tout se dit, tout se sait. C'est pratique pour retrouver les personnes qui sont contaminées. Ce n'est pas le cas des villes qui grouillent d'inconnus. On ne parvient pas à mettre en place un isolement des malades, ni à les suivre. Je tiens cependant à préciser que la personne décédée au Nigéria, ne serait pas une victime de la contamination mais serait un cas importé du Libéria. 

L'épidémie montre t-elle des signes de faiblesse ? Peut-on parler d'un début de contrôle de l'épidémie ? 

Malheureusement non. L'épidémie ne cesse pas. La précédente épidémie d'ébola a eu lieu en 2000 en Ouganda, nous avions recensé 425 cas. Actuellement, il y en a plus de 1 300. Il y a des régions avec des reflux notamment en Guinée, d'autres moins. 

Quels sont les moyens de limiter l'épidémie ? 

Les moyens sont simples mais difficiles à mettre en place. Plus nous aurons de cas, plus ce sera difficile. Il faut tout simplement arrêter la chaîne de la transmission humaine, isoler les malades et éviter les contacts. Il n'y a pas de traitement contre ébola mais nous avons des médicaments qui aident le corps à résister et à combattre la maladie. 

Y a-t-il des contrôles sanitaires permettant de protéger les pays aux alentours et l'Europe ? 

Il peut y avoir des surveillances à la sortie des pays affectés. La surveillance à l'entrée des pays non affectés ne fonctionne pas. Il est plus intéressant de mettre en place des outils de surveillance à la sortie des pays contaminés, c'est le cas à l'aéroport de Konakri. S'il y a contamination en Europe ou en France, les services sanitaires interviendront rapidement. Les autorités sanitaires sont alertées et capables de réagir rapidement. 

Comment se transmet la maladie ? 

La maladie se transmet par contacts étroits, notamment à travers les liquides corporels comme le sang. C'est pour cela que les principales personnes touchées sont la famille du malade, son personnel médical et les personnes travaillant à la morgue. On retrouve des traces du virus dans le sperme mais la maladie n'est contagieuse que lorsqu'elle est active, lorsque c'est le cas la personne est trop affaiblie pour avoir des rapports sexuels. La maladie est certes contagieuse mais elle ne se transmet pas par voies respiratoires. 

Peut-on anticiper le nombre de personnes qui risquent d'être touchées par cette maladie le mois prochain ? L'année prochaine ? 

Malheureusement non, dans les maladies infectieuses il y a tellement d'accidents qui peuvent se produire qu'on ne peut pas anticiper. Vers mi-avril, nous pensions que l'épidémie était terminée, ce n'était pas le cas. Nous ignorons encore si certains pays ont été touchés sans s'en apercevoir. On peut dire que l'épidémie s'arrête lorsque 42 jours s'écoulent sans nouveau cas. 

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