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Difficile d'être un bon leader.
Difficile d'être un bon leader.
©Reuters

Bonnes feuilles

Indispensable au dirigeant, le leadership authentique est la clé de la réconciliation des notions de performance et de respect des personnes au sein des entreprises, en particulier dans des contextes de grandes transformations. Extrait de "Invitation au leadership authentique", François-Daniel Migeon, publié chez Eyrolles (2/2).

François-Daniel Migeon

François-Daniel Migeon

François-Daniel Migeon, X-Ponts, commence sa carrière à la Banque mondiale, puis au ministère de l'Equipement et au sein du cabinet McKinsey and Company. Appelé en cabinet ministériel, il est ensuite nommé directeur général de la Modernisation de l'Etat (2007-2012). Fin 2012, il fonde Thomas More Partners, cabinet ayant vocation à aider les dirigeants à développer leur propre leadership authentique et celui de leurs équipes et de leur organisation.

 

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Notre société traverse une crise : c’est une évidence que nul ne saurait discuter. Une crise du relativisme bien sûr, mais, avant tout, une crise de sens, et de confiance. Éclatement des liens sociaux et de la famille, atomisation des modes de vie, éducation en perte de repères, institutions en recherche de légitimité, gestion médiocre des États, folie des marchés financiers, crise du crédit, vie politique dissolue, malaise dans les rapports au travail, pluralisme éthique : toutes les dimensions de notre société ne sont-elles pas aujourd’hui ébranlées par une crise de confiance qui grandit de jour en jour ?

Le constat semble partagé par tous.

La question qui se pose est de savoir que faire face à cette situation. Car, dans ce contexte, lutter contre la perte de confiance est non seulement devenu une nécessité vitale, mais également une ardente obligation morale.

Il n’est pas improbable que cette crise soit liée à un désengagement progressif des lieux d’appartenance et de socialisation traditionnels (entreprises, partis politiques, Église, institutions), désengagement qui a conduit à l’affaiblissement d’une vision partagée et unifiée de l’homme et à un délitement progressif du lien social. La méfiance envers les autorités légitimes mine toute référence objective et possibilité de vie commune, et amène à se focaliser sur l’individu matérialiste, à l’origine de nombreux excès.

Si les institutions ne sont plus la réponse, quel chemin choisir pour agir ? L’erreur consisterait à penser que nous ne pouvons rien faire, ou, à l’inverse, à croire que nous pouvons changer le « système ». La première voie reviendrait à admettre une fatalité niant à l’homme sa liberté. La seconde voie – pour tentante qu’elle soit – a été suivie tout au long du xxe siècle avec son cortège d’idéologies politiques qui ont également échoué à promouvoir la liberté de l’homme.

Quelle voie suivre alors ?

Ma conviction, forgée à l’aune d’expériences très concrètes en tant que dirigeant et haut fonctionnaire, est que la solution passe par le leadership.

Entendons-nous bien : il s’agit d’aller au-delà du « management des organisations » dont l’objectif – noble et important – est de réussir à les faire fonctionner le mieux possible. Le leadership, lui, consiste en cet art d’imaginer l’avenir et de déclencher des dynamiques qui le font advenir. Il présuppose donc – par nature – une vision de la personne et une vision du vivre-ensemble.

Ma vision est « réaliste ». Elle pose comme principe le respect de la conscience de chacun. Elle choisit d’inviter chacun à l’analyse de sa propre expérience, et à l’exercice de sa liberté et de sa responsabilité. C’est d’ailleurs, selon moi, le rôle noble et éminent du leadership : la capacité à changer le cours des événements en interpellant l’intelligence et le coeur de chacun.

Comme responsable de la modernisation de l’État entre 2007 et 2012, j’ai été le témoin privilégié de la conception et de la mise en oeuvre de réformes de grande ampleur. Et un constat s’impose : là où un authentique leadership s’instaurait, les réformes s’accompagnaient d’une forte adhésion des personnels. Là où le leadership était défaillant, c’était le règne du statu quo ou du chaos qui généraient de la souffrance.

C’est pourquoi s’investir aujourd’hui dans le développement d’un leadership authentique répond en quelque sorte à un acte politique. La manière dont le futur advient dépend du leadership qui choisit ou non de se déployer. Les histoires personnelles et collectives reposent sur la libération du meilleur de nous-mêmes et sur l’ampleur de notre mobilisation.

Dès lors, la question à poser est bien celle du choix du modèle de leadership dont le monde a besoin. Ma conviction est que, pour répondre à cette crise, la réponse doit d’abord être celle du service. J’appelle ce leadership fondé sur le service le « leadership authentique ». Comme le disait déjà Albert Einstein, « il est grand temps de substituer à l’idéal du succès l’idéal du service ».

La notion n’est pas radicalement nouvelle, mais il devient urgent de s’interroger, de prendre conscience de notre responsabilité particulière, et d’envisager, avec le plus grand sérieux, cette pratique du leadership authentique, au même titre que toute autre pratique professionnelle.

Extrait de "Invitation au leadership authentique", François-Daniel Migeon, publié chez Eyrolles. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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