Condamnés des manifs pro-palestiniennes : quand les bobos jouent aux apprentis-casseurs (et ne parviennent pas à s’échapper contrairement aux vrais)<!-- --> | Atlantico.fr
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De nombreuses personnes ont été interpellées après les émeutes, dont des "Bobos".
De nombreuses personnes ont été interpellées après les émeutes, dont des "Bobos".
©Pixabay

L'habit ne fait pas le moine

Après les interpellations survenues suite aux émeutes de Barbès et Sarcelles en marge des manifestations pro-palestiniennes pourtant interdites, les premières condamnations ont été prononcées lundi soir. Loin des traditionnels casseurs au casier judiciaire déjà bien chargé, c'est un tout autre profil de condamnés, assez étonnant pour le grand public, que met en évidence cette première salve de sanctions judiciaires.

Patrice  Ribeiro

Patrice Ribeiro

Patrice Ribeiro est secrétaire général de Synergie-Officiers

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Atlantico : Un ingénieur père de famille, un informaticien lui aussi père de famille, une femme de 31 ans, un jeune homme de 26 ans : des profils qui pourraient surprendre au premier abord pour le genre d'incidents pour lesquels ils ont été condamnés. Quelle analyse peut-on donc faire de ces profils ?

Patrice Ribeiro : Il s'agit là de la première salve de condamnés qui arrive, mais une autre salve va arriver dans les jours prochains. Dans cette deuxième salve, il y aura très vraissemblablement des individus de Seine-Saint-Denis déjà connus des services de police pour faits de violence. Avec cette première salve, on est face à une population clairement politisée, voulant s'encanailler face aux forces de l'ordre , et qui a des valeurs morales qu'elle souhaite défendre et qui ne l'empêchent pas de s'en prendre aux forces de l'ordre. Vouloir défendre la Palestine est compréhensible, mais cela l'est moins quand il s'agit de jeter des projectiles sur les policiers. Je me souviens d'avoir rencontré le même genre de profils lors de la Coupe du Monde 1998 à la Soirée des géants au cours de laquelle il y a eu des incidents sur les Champs-Elysées avec des casseurs parmi lesquels on a pu retrouver des profils similaires, notamment des informaticiens. De même, si vous prenez les vrais hooligans, vous vous apercevez qu'il s'agit le plus souvent de personnes insérées.

Les personnes ici condamnées n'ont pas l'habitude de ce genre d'actions, ce qui explique qu'ils se soient fait prendre en premier. Les professionnels, eux, ont l'intelligence de reconnaître autour d'eux les policiers, et de ne pas se faire attraper. Les non-professionnels de la casse, dans ce genre de manifestations, sont pris dans un mouvement d'excitation et se retrouvent alors interpellés sans vraiment comprendre ce qui leur arrive. Quant à ceux qui savent courir vite, ce ne sont pas ceux qui se font prendre en premier, et encore une fois, je le dis, une deuxième salve de condamnations est sur le point d'avoir lieu. 

Y-a-t-il un profil type du condamné pour ce genre d'incidents ?

Il y a bien un noyau dur : ceux qui cassent et qui pillent de manière professionnelle. Et parmi eux, il y a toujours quelques idiots dont les valeurs morales ne les empêchent pas de lancer des projectiles sur les policiers.  Mais ce ne sont pas eux qui sont les personnes animant la casse, qui viennent avec des mortiers, des munitions à lancer contre les policiers, etc.

Il ne faut pas juger la faune qui peut y avoir à ce type de rassemblement au gibier qui a été attrapé. Les casseurs professionnels sont plus mobiles et plus rodés au jeu du cache-cache avec les forces de l'ordre. 

Une évolution dans le profil des participants à ce genre de débordements/manifestations qui dégénèrent est-elle à observer ?

Dans le cadre des manifestations avec débordements, on est face à des manifestations organisées par des individus dont on sait qu'ils drainent derrière eux un noyau de perturbateurs. Dans le lot, il y a des gens qui manifestent des sentiments de bonne foi, mais qui nourrisent en général des sentiments peu amènes envers la police, ce qui peut expliquer une partie des débordements car pris dans l'effervescence collective. Mais il s'agit là d'un phénomène marginal qui ne contribue pas au moteur de la perturbation de la manifestation, ces gens venant manifester par réel intérêt pour la cause. Toute cette cohorte de bobos auquel le profil de l'informaticien pourrait s'apparenter, insérés socialement, peuvent connaître une montée d'adrénaline l'espace d'un instant à casser du flic pour ensuite le raconter lors d'un dîner parisien dans le Xème arrondissement lorsqu'ils retournent dans leur trois pièces.

Dans le cadre des manfestations pro-palestiniennes, le noyau dur est constitué par des islamistes radicalisés. Le lieu de la manifestation joue aussi un rôle: samedi, le rassemblement a eu lieu à Barbès, où la population est sensible à cette thématique; jamais cette manifestation n'aurait été organisée aux alentours de la rue des Rosiers par exemple. Cela draine donc une population de délinquants d'opportunité, ce qui n'a pas loupé puisque ce sont eux qui s'en sont pris aux magasins de téléphonie portable, comme à Sarcelles d'ailleurs. Le bobo ne va pas casser un magasin de téléphone portable ; il va lever son poing, considéré qu'il fait partie de la génération des indignés, et jeter son petit caillou sur les policiers afin de s'en vanter. Ce n'est vraiment pas cette population qui pose problème, j'insiste là-dessus, mais bel et bien le noyau dur. Ce dernier est d'autant plus dur à canaliser que l'on sait qu'ils vont venir en s'insérant dans la foule. C'est là que ça devient compliqué : la nébuleuse de casseurs sort de la foule, casse les magasins et jette des cocktails molotov, puis se réinsère dans la foule , et là vous ne pouvez pas intervenir car vous risquez de créer un mouvement de foule, mais également vous tromper de cibles. Les casseurs ont bien évidemment conscience de cela, ce qui explique qu'ils aient tendance à s'insérer dans des manifestations autorisées, notamment les manifestations étudiantes. 

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