Risques aériens : les zones du monde à ne surtout pas survoler (et comment s’assurer que votre compagnie aérienne ne le fait pas)<!-- --> | Atlantico.fr
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Atlantico vous dévoile les endroits du monde à ne surtout pas survoler en avion
Atlantico vous dévoile les endroits du monde à ne surtout pas survoler en avion
©REUTERS/Greg Wood/Pool

Zones non-exclues aériennes

Il a pu apparaître un sentiment de désarroi suite à l'annonce du tragique accident qui s'est produit à la frontière ukrainienne : celui de se demander comment un vol commercial ait pu s'engager au-dessus d'une zone de conflit. Et pourtant, si Israël n'est pas considérée comme dangereuse, d'autres comme l'Irak pourraient bien le devenir...

Michel Nesterenko

Michel Nesterenko

Directeur de recherche au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R).

Spécialiste du cyberterrorisme et de la sécurité aérienne. Après une carrière passée dans plusieurs grandes entreprises du transport aérien, il devient consultant et expert dans le domaine des infrastructures et de la sécurité.

 

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Les régions en rouges sont celles où les autorités peuvent tirer sur des avions à haute altitude. En orange, les principales destinations où l'avion est vulnérable à l'atterrissage ou au décollage. Crédits Google maps

Atlantico : La récente attaque d'un vol de la compagnie Malaysia Airline a suscité des réactions d'étonnement et d'indignation. En effet, il semble impensable que les instances de contrôle des espaces aériens n'aient pas règlementé le passage des vols commerciaux dans ces zones de conflit. Quelles sont les autres régions du monde déstabilisées au niveau politique et qui auraient la capacité d'attaquer un vol commercial à haute altitude ?

Michel Nesterenko : Il faut différencier la question des vols à haute altitude de croisière vers 10 000 m et plus et les vols à basse altitude et le décollage et l'atterrissage. Le risque viens de la performance des missiles disponibles sur la zone et de la technicité et formation des utilisateurs. En ce qui concerne la performance des missiles il faut différencier les missiles en fonction de la portée 5 Km, 15 Km, 50 Km, et 100 Km et la nécessité de guidage radar ou non, ce qui implique un plus haut degré de technicité et de capacité d'entretien.

Les missiles utilisés par les rebelles sont pratiquement exclusivement des missiles à courte portée à cause de leur simplicité et la facilité de transport. Pour exemple le missile utilisé en Ukraine pèse plus de de 600 Kg. Il en résulte que les avions volant à haute altitude sont hors d'atteinte ce qui est exactement le but recherché par les rebelles, car l'objectif des rebelles est de forcer l'avion à s'éloigner pour qu'il ne puisse pas tirer ou bombarder efficacement et pas nécessairement d'abattre l'avion. C'est pour cela que le contrôle aérien civil permets le survol de territoires en conflit comme l'Afghanistan par exemple car les routes en question permettent des économies de temps et de carburant très très importantes et les rebelles ne sont pas capable de les atteindre.

Les régions de conflits présentant un risque certain pour les vols à haute altitude sont des régions ou l'autorité nationale dispose de missiles à moyenne et longue portée et la capacité de positionner les batteries sans risque de destruction immédiate par l'ennemi. C'est le cas de l'Ukraine et aussi de l'Irak. En ce qui concerne l'Afghanistan il faut souligner que le risque sera maximum dès le départ des troupes américaines et de l'Otan, car à ce moment-là les Talibans pourront acheter des missiles à moyenne et longue portée et les positionner sans risque de destruction immédiate.

Quels sont les principaux vols qui les traversent ?

Dans le cas de l'Ukraine c'est la Malaysian Airlines qui a payé le tribut, mais le sort aurait pu tomber tout aussi bien sur la Lufthansa, British Airways ou KLM à quelques heures près. C'est une vraie loterie. Il n'y a pas vraiment de parti pris car le soldat opérateur du missile communique rarement avec le contrôle aérien civil pour savoir avec certitude quel avion le survole au moment du tir.

Outre ce type d'attaque qui nécessite la combinaison de moyens techniques, humains, et de compétences, certains pilotes expriment leurs craintes récurrentes d'attaque à l'atterrissage ou au décollage, par des groupuscules moins équipés. Si l'on devait dresser un diaporama des zones concernées, lesquelles faudrait-il mentionner ?

La question du décollage et de l'atterrissage est très sensible car le risque est maximum avec des moyens très simples et peu couteux. On peut endommager sévèrement un avion de ligne avec un fusil d'assaut, un RPG. Certains se sont même exercés, sans grand succès pour l'instant, avec des rayons laser. Demain,  ce seront des drones qui seront positionnées sur la trajectoire de l'avion. Les exemples d'attaques récentes contre des aéroports sont l'aéroport de Bagdad, du temps de l'occupation américaine, et ceux du Pakistan aujourd'hui. Toutes les pays et zones de rébellion active sont des zones à risque, sauf si les autorités nationales appliquent un contrôle policier constant et efficace sur toute la zone. Par exemple les vols vers Israël, L'Algérie, L'Egypte ne posent pas de risques particuliers.

Un grand nombre d'aéroports africains seraient à éviter ou à n'utiliser qu'en cas de nécessité absolue et certainement pas pour faire du tourisme n'en déplaise aux tour-opérateurs. Ce sont les zones géographiques de combats et de rébellion qui importent et non pas le nom ou la nationalité de la compagnie aérienne.

Existe-t-il des moyens de se rendre dans ces destinations tout en évitant les risques ? Quels sont-ils ?

Au risque aérien il faut ajouter le risque du kidnapping qui est devenu un vrai business. Pour un rebelle un touriste ou un homme d'affaire, Européen, Américain, Chinois aussi, ne sont qu'un chèque de $ 1 million sur jambes. Une vache à lait qu'il faut nourrir correctement pour en garder la valeur marchande. L'esclavage, la traite des hommes, enfants et jeunes filles est une industrie en plein essor. Pour se rendre dans des zones à risques il est préférable d'être accompagné par un ou plusieurs gardes du corps armés, voire utiliser des voitures blindées et certainement souscrire à une assurance particulière. C'est d'ailleurs de cette manière que certaines familles richissimes de pays à risque viennent chez nous.

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