Méthode du discours
Rentrée politique : discours, mode d'emploi
Universités d'été des partis, journées parlementaires ou interviews de rentrée, après la trêve des vacances, les responsables politiques doivent reprendre la parole. De préférence en marquant les esprits ! Quelques conseils d'un insider, lui-même ayant rédigé moult discours pour un homme politique de premier plan
À quelques jours maintenant de la rentrée politique, la question prend subitement un tour tragique pour une poignée de leaders engagés dans la course à la Présidentielle. Les universités d’été sont autant d’occasions de marquer les esprits avec un discours « choc » et de créer ainsi une dynamique pour les mois à venir. Encore faut-il savoir ce qu’est un discours politique réussi ! Sans prétendre être un expert, voici quelques conseils pratiques issus d’une longue expérience personnelle. La première question qu’il convient de se poser, c’est : à qui s’adresse-t-on ? S’agit-il de parler à des militants à quelques semaines d’une importante échéance interne, ou au contraire, de « parler à la France », en se situant au-dessus des clivages partisans ? Souhaite-t-on faire un discours de candidat à des primaires, de présidentiable, de premier secrétaire ou de secrétaire général ? Même si, de l’extérieur, la différence entre ces postures semble ténue, celle-ci conditionne pourtant toute la stratégie et donc, par extension, tout l’axe du discours.
Ensuite, il y a les fondamentaux. Un bon discours politique, c’est un discours où il y a du « fond » c'est-à-dire, une « vision », du « sens », une analyse rigoureuse de la situation et des propositions concrètes. A défaut, on risque très vite de tomber dans la succession de phrases creuses et de concepts vagues…voire pire, dans la grandiloquence et le ridicule. Il faut donc que le discours soit « dense » et « ramassé » de façon à ce qu’il n’y ait aucun temps mort pendant le propos. Chaque phrase doit avoir un but précis : attaquer l’adversaire, introduire une nuance, avancer une idée, créer du clivage, émouvoir. Mieux vaut ne rien dire que mal le dire. Et puis, n’oublions pas qu’un discours a vocation à être prononcé ! On n’écrit pas un discours comme on écrit une tribune dans le Monde. Certaines tournures, alambiquées, ou certains mots, « imprononçables », sont à proscrire. De même qu’il convient de limiter au maximum le recours aux chiffres et d’éviter les explications trop longues. Enfin, un discours politique réussi, c’est un discours qui est….repris ! Il faut donc qu’il y ait un message et quelques « phrases chocs », résumant la pensée de l’orateur et destinées à figurer dans les sacro-saintes dépêches de l’AFP. Nous les connaissons tous : « la France qui se lève tôt », « le pire risque, c’est celui de ne pas en prendre » (Nicolas Sarkozy), « je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas » (Jean-Luc Mélenchon), « nous sommes la vraie force anti-21 avril » (Jean-Louis Borloo)…
Ah ! J’oubliais ! L’orateur doit être à l’aise avec son discours, c'est-à-dire avec les mots, les idées et les tournures de phrase. Comme on dit dans le jargon, il faut qu’il se « l’approprie ». Evidemment, c’est beaucoup plus simple lorsqu’il en est l’auteur principal et que la « plume » se limite à remettre les idées dans le bon ordre, ce qui arrive plus souvent qu’on le croit. Et puis, dernier conseil : vérifiez bien l’état de l’imprimante ! Rien de pire qu’un bon discours…consultable uniquement sur disque dur !
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