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La prochaine crise mondiale est annoncée pour le printemps 2015.
La prochaine crise mondiale est annoncée pour le printemps 2015.
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Les prévisions du très sérieux centre de recherche et de management suisse IMD, ont été confrontées juste avant le 14 juillet aux analyses long terme des grandes banques américaines, Goldman Sachs, Meryl Lynch, aux experts du FMI et de la réserve fédérale américaine… Tout le monde est à peu près au diapason pour prédire le risque d’un nouvel effondrement des marchés qui entrainerait un nouveau dérèglement de la situation économique. De telles prévisions qui circulent désormais dans toutes les grandes capitales ridiculisent les propos du président français quand il persiste à penser que nous sommes sur le chemin du redressement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’aveuglement français est assez incroyable. Déjà en Juillet 2008, alors que le monde de la banque était déjà paniqué par les excès monétaires américains sur les subprimes, la gouvernance française se faisait prudente et mesurée sur l’impact en Europe alors que dès le mois de septembre, le système bancaire s’est retrouvé complétement bloqué. Heureusement, dès la crise cardiaque provoquée par Lehman Brothers, les chefs d’État et de gouvernement entrainés par Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Gordon Brown ont évité la catastrophe. A l’époque ce n’était pas évident.

Cette année, le même scenario est en train de se reproduire en plus grave. Obsédé par la reprise qu'il avait annoncée mais  pour laquelle il n’a rien fait, François Hollande a refusé de laisser penser que le monde était à nouveau au bord d’une crise financière et économique sans doute très grave.

La crise internationale pour la France est un peu comme le nuage de Tchernobyl qui s’arrêtait à la frontière.

Même les Américains et  les Britanniques qui ont affiché des performances remarquables depuis 2011 commencent à reconnaître que la bonne santé de leurs économies est très artificielle. Leur industrie financière est retombée dans les mêmes dérives qu’auparavant, alimentée par les même outrances monétaires. Les leçons n’ont pas été tirées. Les chiffres sur l’emploi qui sont utilisés dans la communication officielle sont évidemment biaisés et dissimulent des nouvelles beaucoup moins bonnes mais généralement pas reprises par la presse politique. N’empêche que les experts et les analystes, eux, savent qu’aux États-Unis les mises en chantiers, les permis de construire, les commandes de biens durables, les commandes à l’industrie, et la production industrielle, tous ces indicateurs sont à la baisse depuis Avril. Même phénomène inquiétant en UK  où les ventes au détail, et  les rentrées fiscales, sont à la baisse depuis deux mois …

Alors quand la Maison Blanche se félicite d’un taux de chômage tombé à 6,3%   de la population active  en juin, le US Bureau of Labor Statistiques précise que le taux des sans-emplois (l’indicateur U6), qui intègre ceux qui travaillent un peu (moins de 6 heures par semaine) mais qui voudraient bien travailler davantage, était de 12,4%... les démocrates et les républicains connaissent ces chiffres et savent bien que le Tea-party recrutent dans ces populations-là.

En Grande-Bretagne, le cabinet du Premier ministre peut se glorifier d’un taux de chômage ramené à 6,6%, mais s’abstient de donner des leçons aux Européens dans la mesure où il y a plus de 8 165 000 personnes à temps partiel (moins de 16H de travail par semaine) pour 22 000 000 qui travaillent à temps complet. Le tiers de la population active ne travaillent pas à temps complet alors qu’elle le voudrait.

Cette situation tempère singulièrement l’image de deux économies qui auraient trouvé la voie de la rédemption grâce à une politique monétaire ultra volontariste.

A la veille du week-end dernier, une convention de banquiers américains qui réagissaient aux prévisions pessimiste de l’institut de management suisse IMD, a convenu que la politique des QE (assouplissement quantitatif monétaire), conduite par les banques centrales, n’avaient pas généré grand-chose dans l’économie réelle, en dehors de la hausse spectaculaire du prix des actions dans les pays occidentaux et des prix de l’immobilier dans des régions comme le Brésil, le Canada , la Grande-Bretagne. Mais personne n’imagine pour autant un changement brutal qui aurait pour effet d’aggraver le risque de repliement.

Tout se passe comme si le monde avait été drogué pour surmonter le choc des subprimes et que l’addiction est telle qu’on ne peut guère débrancher les perfusions de morphine. Le risque d’overdose est donc évident sans parler des chocs politiques et sociaux aux États-Unis à l’approche de la présidentielle.

L’institut IMD s’attend donc à un effondrement des marchés financiers au printemps 2015. Cet effondrement entrainera un choc de confiance avec risque de blocage du marché du crédit … etc.

Ce scenario-là, qui est un peu la reproduction de celui de 2008 répondrait à trois séries de facteurs.

Première  série de facteurs, la surchauffe des marchés financiers. Tout le monde trouve les hausses boursières normales, or elles ne correspondent à rien de tangible. Elles sont principalement spéculatives.  Le Dow Jones touche actuellement les 17 000 points et le Nasdaq a encore progressé de 30 points en un an. Les autres marchés occidentaux ont plus ou moins suivi ce mouvement spéculatif avec beaucoup de volatilité. Or la valeur boursière est sans aucun rapport avec les performances économiques. Les résultats de l’an dernier comme ceux du 1er semestre sont  décevants. C’est bien la preuve que la création monétaire n’a pas contribué à créer de la richesse réelle, mais a principalement servi à enrichir l’industrie financière de Wall Street ou de la City en donnant l’illusion d’un enrichissement. Mais tout le monde s’attend à une correction de ce phénomène  d’ici à un an. Les investisseurs ne peuvent pas continuer à prendre autant de risque.  Comme chacun espère être le dernier à sauter du train, la correction comme souvent peut être brutale. Quelques gérants commencent cependant  à conseiller leurs clients pour qu’ils prennent  leurs bénéfices.

Seconde série de facteurs, une correction identique des prix de l’immobilier dans les pays qui connaissent une hausse de prix inhabituelle. Au Brésil, au Canada, et surtout en Grande-Bretagne , la hausse des prix de l’immobilier ne correspond pas à une hausse de la demande (ce qui, après tout serait relativement sein) mais à une surabondance de crédit pas cher.

Troisième  série de facteurs, un accroissement des risques de défaillance bancaire un peu partout dans le monde y compris en Chine (à cause de l’immobilier) et  qui recycle une partie de ses excédents en Occident. Le risque bancaire aggravera le risque de la dette publique dans les pays qui n’ont pas restructuré assez rigoureusement leur gestion budgétaire. Ce qui est le cas de la France.

Ajoutons à ce scenario le fait que les crises liées à un déséquilibre de la création monétaire par rapport à la création de richesse surviennent environ tous les sept ans. L’amplitude du cycle est de 7 ans. En 1994, la bulle obligataire… En 2001, la bulle internet … en 2008 la crise des subprimes...En 2015, on pourrait donc connaitre l’éclatement d’une nouvelle bulle financière mais dont les répercussions économiques seraient d’autant plus graves que les structures n’ont pas été réformées.

Les premiers signes avant-coureurs de cette nouvelle crise montrent bien que le système bancaire américain n’a toujours pas amélioré ses conditions de sécurité et que la banque centrale ne peut pas exonérer l’appareil de production d’organiser une meilleure compétitivité de ses produits.

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