Brésil-Allemagne et Argentine-Pays-Bas : affiches légendaires aux allures de tradition<!-- --> | Atlantico.fr
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Le dernier carré était très attendu
Le dernier carré était très attendu
©Reuters

Dernier carré

Les demi-finales de cette coupe du monde brésilienne ont lieu ce mardi et mercredi soir. Les 4 nations au rendez-vous sont des habitués. Pour le plus grand plaisir des passionnés.

Vincent Roger

Vincent Roger

Né en 1969, élu de Paris de 2008 à 2020, conseiller de plusieurs ministres, Vincent Roger a été délégué spécial de la région Île-de-France aux Jeux olympiques et paralympiques de 2017 à 2021.

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Le football est à ses grandes nations, ce que le vélo est pour chacun d’entre nous. Quand on en possède la pratique, c’est pour toujours ! Les quatre équipes formant le dernier carré de cette coupe du monde l’illustrent. La présence de l’Allemagne, du Brésil, de l’Argentine et des Pays-Bas est tout, sauf une surprise. Ces équipes ont fini premières de leur groupe sans concéder la moindre défaite. Si vous avez pronostiqué un tel carré final, pardon de vous dire que cela ne relève en rien de la prouesse. Pour ce quatuor, être aux portes de la finale constitue une tradition. Pas un Mondial depuis la première édition en 1930 sans qu’au moins une de ces quatre équipes n’arrive au stade des demi-finales ou de leur équivalent – poule finale à quatre en 1950 ; deux poules de second tour en 1974 et 1978 pour déterminer le dernier carré : les deux finalistes et les deux équipes pour le "petite finale" pour la 3ème place. Cette coupe du monde est exceptionnelle par la qualité des matches, l’intensité des rencontres, les prouesses des gardiens, le nombre de buts marqués, l’engagement physique des acteurs, des grands joueurs au rendez-vous. C’est sans doute un des Mondiaux les plus captivants avec 1970 et 1986, mais sa dernière ligne droite n’est en rien une révolution.  

Certes, comme je l’avais écrit dans une précédente chronique, au stade des huitièmes de finale, la suprématie du continent américain était une première. Mais au fur et à mesure des matches "couperets", on est revenu à une confrontation plus équilibrée – et en rien originale- entre les Sud-Américains et Européens. Pour mémoire en 1930 (Uruguay), il y avait en demi-finale trois équipes américaines (Uruguay, Etats-Unis- la seule de leur histoire- et Argentine) et une Européenne (Yougoslavie). Et histoire de comparer une coupe du monde lointaine qui se déroula en Amérique du Sud avec une qui se fit en Europe, celle de 1938 (France) eut trois demi-finalistes européens (Italie-Hongrie-Suède) et une Sud-Américaine (Le Brésil). A plus ou moins 80 ans d’écart on notera que de changement il n’en eut point.

Et pourtant, les Coupes du Monde du 21èmesiècles n’ont pas grand-chose à voir avec leurs grandes sœurs d’avant -guerre. Elles ne peuvent se comparer surtout si on évoque les flux financiers générés, le nombre de spectateurs, les milliards de téléspectateurs, le nombre de participants (32 actuellement, contre 13 en 1930), la représentativité des continents. La coupe du monde d’aujourd’hui constitue un des plus forts symboles de la mondialisation. Le globe vit au rythme de cet événement. Elle est mondialisée, mais pour autant s’est-elle vraiment démocratisée ? Visiblement non ! La domination de ce sport par une élite footballistique –constituée d’une poignée de pays-ne varie guère dans le temps.

A hauteur des demi-finales, les coupes du monde se suivent et se ressemblent. Après 84 ans et 20 Mondiaux, on observe que seulement 26 pays sont arrivés en demi-finales ou équivalents. 20 nations européennes, 5 américaines et une asiatique (la Corée du Sud à la maison en 2002). 18 de ces nations n’ont joué qu’une ou deux demi-finales. Conclusion, il existe un G8  qui règne sur la Coupe du Monde depuis près d’un siècle. Il réunit  Allemagne, Brésil, Italie, Uruguay, France, Argentine, Pays-Bas et Suède. Chacune de ces  équipes a, au minimum, quatre fois déjà été présente dans le dernier carré. A elles huit, elles ont joué plus des deux tiers des demi-finales ou équivalents de l’histoire du Mondial. Le record est pour l’Allemagne et le Brésil qui, demain, entreront pour la 12ème fois dans cet ultime carré. La géopolitique du football apparaît aussi stable que les Tables de loi. Le match de ce mardi soir "Brésil-Allemagne" comme celui de demain "Argentine-Hollande" ne bouleversent pas le monde footballistique. Et pourtant ils vont nous faire vibrer ! Comme quoi, le foot est un mystère. Il a réussi à faire d’affiches immortelles un éternel recommencement. Et puis, j’allais dire heureusement, le football ne peut se résumer à l’histoire des coupes du monde, aussi grandiose soit-elle. En ce jour où la planète foot pleure la disparition de ce joueur immense que fut Alfredo Di Stephano, sachez que ce génie du ballon rond  n’a jamais joué une coupe du monde, et malgré tout il révolutionna le football. Y voyez-vous une morale de l’histoire ? 

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