Tour de France : comme Christopher Horner, ces sportifs capables d'être des champions à la quarantaine<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Sport
Christopher Horner lors du Tour de France 2010.
Christopher Horner lors du Tour de France 2010.
©Reuters

42 ans et plus fort qu'à 20 ans

C'est l'heure du grand départ du Tour de France ce samedi depuis Leeds en Angleterre. Une compétition à laquelle participe le cycliste Américain Christopher Horner, dernier vainqueur du Tour d'Espagne en 2013. A bientôt 43 ans, cet outsider pourrait jouer un rôle important en juillet et éventuellement accrocher les grands favoris en montagne.

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard

Jean-Pierre de Mondenard est un médecin du sport français. 

Il a exercé à l'Institut national des sports de 1974 à 1979 et suivi en tant que médecin la plupart des grandes épreuves cyclistes, notamment le Tour de France à trois reprises de 1973 à 1975 où il était en charge des contrôles anti-dopage.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages de médecine du sport dont six sur le dopage sportif. Il est l'auteur du livre : Tour de France : tous dopé ? (Editions Hugo doc, 2011) ainsi que de "Dopage dans le football, la loi du silence", éd. Gawsewitch, 2010, "33 vainqueurs du Tour de France face au dopage", éd. Hugo-Sport, 2011, "Histoires extraordinaires des géants de la route", éd. Hugo-Sport, 2012, "Les Grandes Premières du Tour de France", éd. Hugo-Sport, 2013

 

Voir la bio »

Atlantico : Le cycliste Américain Christopher Horner a remporté le Tour d’Espagne en septembre dernier devenant pour l’occasion le plus ancien vainqueur d’un grand Tour. A bientôt 43 ans (en octobre prochain) il participe à partir de ce samedi au Tour de France où ce grimpeur pourrait être classé dans les dix premiers. Comment peut-on expliquer que ce sportif soit aussi fort à son âge ? Pourquoi se bonifie-t-il au fil du temps, à la manière des bons vins ?

Jean-Pierre de Mondenard : Le cyclisme est un sport d’endurance qui nécessite une grande consommation énergétique. Dans tous les sports de fond la gestion de l’effort et de l’énergie est importante : il faut avoir plus d’énergie que l’adversaire dans le final.  Avec 19 ans de carrière professionnelle Christopher Horner a un avantage énorme par rapport aux plus jeunes cyclistes : l’expérience.  On l’a aussi vu auparavant en 1985 lors du Championnat du monde où Joop Zoetemelk a gagné à presque 40 ans. Il avait la science de la course et l’expérience mais il n’était pas le plus fort. Ce phénomène n’est pas nouveau. Dans les années 1920, des coureurs de presque 50 ans ont participé le Tour. Raymond Poulidor a lui terminé 3e du Tour 1976 à 40 ans,  le Portugais Joaquim Agostinho a fini 11e du Tour en 1983 à 41 ans.

Il y a toutefois un doute sur la dernière performance de Christopher Horner lors du Tour d’Espagne 2013. Il avait en effet participé à aucune compétition pendant cinq mois avant de reprendre au Tour de Utah, juste avant "la Vuelta". Or en s’arrêtant autant le potentiel énergétique baisse de façon considérable. Cela paraît donc étonnant qu’il revienne à ce niveau qui lui permette de remporter le Tour d’Espagne devant d’autres cadors comme Vincenzo Nibali. Christopher Horner a par ailleurs dit qu’il n’avait jamais vu de dopage dans l’équipe de Lance Armstrong alors qu’il y était en 2009 et 2010.

Plus généralement, on voit que certains sportifs comme Tim Duncan (38 ans) au basket sont toujours très performants malgré leur âge. La longévité des carrières sportives est-elle un phénomène nouveau ? L’amélioration des conditions d’entraînement est-elle le principal facteur ?

Il n’est pas anormal de voir des gens de 40 ans dans les sports d’endurance comme les courses de ski de fond, le marathon… Certains footballeurs des années 1920 jouaient déjà en compétition à plus de 40 ans comme en Angleterre. Ce sont des sportifs qui savent gérer leurs efforts.  Certains comme le basketteur Tim Duncan ont toujours été bons depuis le début de leur carrière. Les qualités de vitesse se perdent plus vite que l’endurance et des produits dopants peuvent aussi jouer dans le ralentissement de cette perte de vitesse. Les produits dopants facilitent la récupération au niveau musculaire et augmentent la longévité des carrières sportives. On voit bien que le physique a pris une place importante dans le sport, aussi bien en rugby qu’en tennis ou qu’en foot. Plusieurs autres facteurs peuvent intervenir : les charges d’entrainement en augmentation qui ne sont plus les mêmes qu’à l’époque, l’amélioration de la qualité technique et de l’alimentation…

Il ne faut pas non plus oublier que le mental joue beaucoup, aussi bien en compétition qu’en entraînement. Tous les grands champions ont un mental et une discipline de fer. Il permet d’assimiler les kilomètres d’entraînement, de gérer plus facilement des conditions pas faciles en pesant ce qu’on mange, de ne pas aller au restaurant, de se coucher à telle heure… Novak Djokovic racontait récemment dans son bouquin "Service gagnant" que son physiothérapeute lui avait ramené une tablette de chocolat lors d’un match mais il a pris un seul carré.

Peut-on imaginer que de plus en plus de sportifs aient une longue carrière sportive, au-delà de 40 ans ?

C’est probable car toutes les conditions s’améliorent. Les gens voient des sportifs âgés comme Christopher Horner ou le cycliste Français Sylvain Chavanel âgé de 35 ans et se disent pourquoi pas moi ? ça donne des idées à ceux qui en avaient pas forcément…

Propos recueillis par Julien Chabrout

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !