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Pourquoi l'obsession antilibérale française est contre-productive
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Bonnes feuilles

En France, l’obsession antilibérale est partout. Mais pourquoi s'accroche-t-on à des recettes qui ont fait faillite partout dans le monde et pourquoi stigmatise-t-on le seul modèle économique qui marche ? Nicolas Lecaussin donne des éléments de réponse dans "L’obsession antilibérale française", publié chez les éditions Libréchange. Extrait (1/2).

Nicolas  Lecaussin

Nicolas Lecaussin

Nicolas Lecaussin est essayiste et Directeur de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales)

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Au lieu d’accuser le libéralisme économique et de regarder la mondialisation comme la cause de la désindustrialisation française et du phénomène des délocalisations, M. Arnaud Montebourg devrait observer ce que font d’autres pays bien plus « libéraux » que le nôtre.

L’industrie manufacturière a commencé à relocaliser sa production en Grande-Bretagne, alors qu’en 2008 plus d’un cinquième de cette industrie était délocalisée en Chine. Depuis quelques années, l’industrie revient en Grande-Bretagne au lieu de s’installer au Vietnam ou aux Philippines. Elle quitte la Chine du fait de la hausse de 19 % des salaires moyens dans ce pays, entre 2002 et 2008 ; alors que dans le même temps son augmentation en Grande-Bretagne s’est limitée à 0,2 %, à la même période. Or, les économies faites grâce au coût du travail ne représentent plus que 17 ou 18 % des coûts de production. C’est insuffisant pour délocaliser. La main d’œuvre en Chine est devenue plus rare du fait de la hausse des salaires. Les ouvriers chinois préfèrent travailler dans les régions où les salaires augmentent plus vite. Pour chercher de la main d’œuvre en Chine, il faut utiliser des infrastructures qui ne sont pas encore au point. Le contrôle de la qualité des produits fabriqués doit être fait en permanence, car souvent, leurs défauts de fabrication ne sont repérés qu’une fois les produits à bord des bateaux. De plus, les sous-traitants locaux sont loin d’être tous fiables ; quant aux prix élevés du pétrole (de 25 dollars en 2000 à 132 dollars le baril en 2012) ils augmentent les coûts du transport.

L’Amérique du Nord est un bon exemple de relocalisation industrielle. Alors qu’environ 40 % de la main d’œuvre avait été délocalisée, on assiste depuis 2008 à un retour des industries, avec par exemple un gain net de 300 000 emplois industriels en 2010. Grâce à une plus grande souplesse du marché du travail et à des syndicats muselés, de nombreuses industries ont préféré réinvestir aux États-Unis.

Ce qui compte beaucoup pour une entreprise, c’est l’innovation. D’une manière générale, il est plus difficile d’investir dans l’innovation dans les pays en voie de développement, car on a besoin pour cela d’employés qualifiés dotés d’expérience, à qui l’on donne le matériel adéquat. Il est donc plus profitable de créer les centres de recherche dans le pays d’origine qui doivent être placés près de la production.

De la même façon, les relocalisations sont stimulées par les incitations fiscales. Aux États-Unis par exemple, la société Electrolux a bénéficié de 188 millions de dollars d’incitations fiscales pour s’installer dans le Tennessee. Car bien entendu, les meilleures incitations découlent de la mise en oeuvre de baisse de la fiscalité et de limitation des réglementations. Malheureusement, les gouvernements ont tendance à vouloir « aider » ce qu’ils considèrent comme des « industries innovantes ». Or, il n’y a pas une industrie plus innovante qu’une autre. Tout ce qui trouve un marché porteur est innovant : la glace ou les pizzas comme les ordinateurs. De toutes façons, ce n’est pas aux administrations et aux fonctionnaires à décider de ce qui est innovant, ou ne l’est pas !

La mondialisation profite aux Français. Le déferlement de produits à bas prix dans nos magasins  fait leur bonheur. Aujourd’hui, en moyenne 12 % de leur budget est consacré à l’achat de produits en provenance de l’étranger. Ces achats leur font économiser en moyenne environ 1 000 euros par an.

De même, quelque 20 % des biens et des services, produits dans l’Hexagone, sont vendus ailleurs. Si l’on fermait les frontières, des milliers d’entreprises feraient faillite. Nos hommes politiques, grands pourvoyeurs de leçons de morale humaniste devraient aussi savoir que la mondialisation enrichit les pays pauvres. C’est ainsi que la classe moyenne en Inde, qui compte actuellement plus de 300 millions de personnes, s’enrichit tous les ans de 10 % de personnes supplémentaires. Qui plus est, le salaire minimum en Chine a fait un bond de 70 % depuis 2008. Tous ces gens, Indiens et Chinois investissent de plus en plus au-delà de leurs frontières, y compris en France.

Extrait de "L’obsession antilibérale française", publié chez les éditions Libréchange, de Nicolas Lecaussin, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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