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Présidence italienne : Matteo Renzi peut-il insuffler un vent de réforme sur l’Union ?
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Il migliore ?

Matteo Renzi débute ce mardi 1er juillet sa présidence de l'Union pour un traditionnel mandat de six mois. Un fait qui laisse penser certains que l'Europe pourrait s'orienter vers les mesures de relances défendues par le jeune Premier ministre, bien que l'Europe du Nord y reste tout aussi opposée qu'auparavant.

Christian Lequesne

Christian Lequesne

Christian Lequesne a étudié à Sciences Po Strasbourg ainsi qu'au Collège d'Europe à Bruges et a été directeur du CERI (Centre d'Etudes et de Recherches Internationales) rattaché à Sciences-Po Paris.
 
Il est notamment l'auteur de l'ouvrage "Les Institutions de l'Union européenne" (avec Y. Doutriaux), Paris, La Documentation Française (collection réflexe Europe), 9e édition, 2013."
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Atlantico : Dès aujourd'hui 1er juillet, l'Italie de Matteo Renzi se retrouve à la présidence de l'Union européenne pour six mois. Quel sera l'avenir européen de Matteo Renzi ? Qu'est-ce qui se cache concrètement derrière le mouvement de réforme qu'il souhaite continuer à engager ?

Christian Lequesne : Je pense que Renzi veut s'imposer comme un leader entendu à gauche. Devant un président français qui a bien du mal à s'affirmer sur l'Europe, en raison de la division de son parti politique et de la difficulté à mener des réformes, Renzi veut montrer qu'il incarne une social démocratie italienne qui va réussir à changer le pays. Il veut aussi mettre de son côté toutes les chances d'apparaitre comme le leader de la social démocratie européenne. 

A l'inverse de Matteo Renzi, Angela Merkel est pour le maintien de la politique d'austérité appliquée en Europe. A quelle réaction de sa part peut-on s'attendre ? Quelles peuvent être les conséquences d'un tel désaccord ?

Je pense que les annonces de Renzi sur les Eurobonds ou sur la réforme des critères macroéconomiques de l'eurozone ne signifient pas qu'il va forcément les imposer. Je pense que Renzi a besoin de montrer en Italie qu'il s'affirme face aux pays du nord qu'incarne Mme Merkel mais en même temps lui est son ministre de l'économie Padoan semblent assez convaincus que l'Italie doit réduire encore sa dette et qu'elle doit faire les réformes structurelles attendues par les Allemands.

François Hollande et Matteo Renzi souhaitent relancer la croissance par l'emploi. La présidence italienne venue, l'alliance de circonstance entre Rome et Paris va-t-elle se renforcer ? Que peut-elle donner concrètement ?

Ne nous faisons pas trop d'illusions sur la nouvelle alliance franco-italienne. Ce qui compte au quotidien dans l'Union européenne, c'est l'Allemagne qui est le moteur économique. Pour la France, comme pour l'Italie, il serait suicidaire de s'aliéner l'Allemagne. Je ne crois donc pas à une alliance franco-italienne qui affaiblirait l'Allemagne. En revanche, cette coalition social-démocrate franco-itallienne peut accroître les marges de négociation des deux pays avec l'Allemagne. 

Au-delà de ces questions, que peut signifier la présidence italienne de l'Union européenne pour ces six prochains mois ?

D'un point de vue symbolique tout d'abord, elle peut signifier qu'un pays du sud peut se montrer pro-actif à la tête de l'Europe. L'idée selon laquelle le nord dominerait et le sud de l'Europe serait à la traine, qui s'est un peu imposée dans les esprits, sera ainsi défié. Ce qui est très bien, car cette coupure Nord/Sud est préjudiciable à l'avancée de l'Union européenne. L'Italie est par ailleurs un pays qui dispose, dans sa partie nord, d'une économie industrielle dynamique.
Elle peut être porteuse de bonnes recettes sur le plan de la compétititivité de l'industrie européenne dans le monde. L'Italie peut aussi mettre à l'agenda des politiques européennes qui la concerne directement, comme un meilleur partage européen des réfugiés et demandeurs d'asile. L'Italie du sud a l'expérience quasi hebdomadaire des réfugiés qui arrivent par la mer pour essayer de vivre en paix en Europe. Elle n'est pas beaucoup aidée par les autres Européens pour garantir un accueil décent de ses réfugiés. C'est une chose que Renzi peut vouloir porter à l'agenda.

La présidence européenne ne durant que six mois, Matteo Renzi aura-t-il le temps de mener à bien son programme ou ne sera-t-il que l'instigateur d'une ligne directrice ?

Vous avez raison: six mois c'est très court. Il y a en plus tout le quotidien de l'Union européenne qui doit être géré, auquel s'ajoutent parfois des crises imprévues. La présidence italienne, comme toute présidence exercée par un Etat membre, ne pourra pas faire avancer en six mois plus de 2 ou 3 priorités. Renzi choisira celles qui lui seront le plus bénéfique au plan interne italien. Une présidence réussie un accélérateur de légitimité pour le chef du gouvernement qui l'exerce. Rappelez vous de Nicolas Sarkozy en 2008.

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