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Tout ce qu’il faudrait avoir le courage de dire à l’Algérie, aux Algériens d’ici et de là-bas... et à nous-même
©Reuters

Les matches de la colère

Les derniers incidents intervenus après la qualification des "Fennecs" en phase finale de la Coupe du Monde ainsi que l'éventualité d'un quart-de-finale avec la France qui n'aura finalement pas lieu ont relancé un débat déjà ancien sur la place de la communauté algérienne dans l'Hexagone. Le sujet n'a pourtant que peu de chances d'aboutir à de vraies réponses tant que quelques vérités n'auront pas été sorties du placard.

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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Atlantico :  Les heurts qui ont eu lieu le 26 juin dernier, suivis de leurs échos médiatiques, peuvent-ils être finalement vus comme le révélateur d'une "omerta mémorielle" entre la France et sa communauté algérienne ? A quand remonte ce malentendu ?

Dimitri Casali : Ces événements sont bien le révélateur de l'échec de l'intégration des population algérienne dites de la 3e génération en France, et c'est d'autant plus navrant qu'il faut souligner que les rues d'Alger ont été extrêmement calmes lors de la même soirée. On ne peut ainsi s'empêcher de remarquer qu'il existe depuis 20-25 ans un véritable problème posé par une partie minoritaire de la population originaire d'Algérie, problème qui est allé en s'accroissant sur les dernières années. C'est un fait sociétal que l'on ne peut que regretter puisque l'on peut rappeller qu'historiquement le processus d'assimilation fonctionnait de manière efficace.

La réconciliation de la France et de l'Algérie n'est donc pas un fantasme lointain ancré dans une réalité fictive : l'entente entre ces deux univers était bien existante par le passé et des tas de personnalités, d'Edith Piaf à Albert Camus -si fier de l'Algérie- en passant par Alain Mimoun -né Ali Mimoun Ould Kacha- ou encore Said Boualam -le chef des Harkis-, ont ainsi pu embrasser l'identité française sans jamais renier pour autant leurs origines. Néanmoins ces personnalités sont toutes passées au travers du filtre d'une école républicaine dont les valeurs étaient bien plus intégratrices de celles que l'on observe actuellement.

Depuis deux décennies, l'Etat ne cessant de capituler sur la défense des valeurs et symboles républicains, comme le drapeau ou l'hymne national, on ne peut s'étonner de voir que l'intégration ne fonctionne plus alors que la France a pourtant su intégrer pendant plus d'un siècle des populations aux origines des plus diverses (polonais, italiens, espagnols, portugais…). Il est à ce titre toujours salutaire de citer cette phrase de Romain Gary, né Roman Kacew, - juif Lituanien- : " Je n'ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines". Un fait qui illustre bien la force qu'a pu avoir le système d'identification à la française, et qui révèle d'autant plus la carence actuelle en la matière. 

Ahmed Roudjia : Il n’y a pas d’ « omerta mémorielle » entre les deux pays ; il y a plus tôt une guerre de mémoires que l’on se livre de part et d’autre de la Méditerranée ; cette guerre a été relancée Le 14 juin 2000, par le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika,  lorsqu’il prononça en français un important discours devant l’Assemblée nationale française, en présence de son hôte Jacques Chirac, et au terme duquel il demanda à la France de faire sa « repentance », c’est-à-d-dire de reconnaître les crimes qu’elle a perpétrés en Algérie de 1830 à 1962. La réponse, côté français, à cette revendication, fut la loi du 23 février 2005 qui, en son article 4, édictait que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord . » Bien que cet article fût abrogé en partie sous la pression de bon nombre d’historiens français, la guerre des mémoires entre les deux pays ne s’est pas  éteinte et ne le sera probablement jamais ; elle est tantôt déclarée, tantôt feutrée.

Des lobbys de la mémoire existent dans les deux pays et exploitent toutes les occasions qui s’offrent pour rallumer les feux de la haine et de la passion entre les deux nations. Un certain chauvinisme aidant dans les deux pays, favorise la réactivation des souvenirs et des contentieux anciens que d’aucuns essaient d’apurer par le biais d’un discours xénophobe, qui n’est point unilatéral. En Algérie, il y a aussi une minorité de chauvins, de pseudos « nationalistes » et même de « nationalistes »de type opportunistes, qui cherchent à en découdre avec la France, avec les Français, leur langue et leur culture, et tout cela au nom d’un désir de revanche à prendre sur elle…

Pourquoi un tel silence ? Que croit-on ainsi s'épargner ? Quel risques prend-on surtout à trop taire certains sujets ?

Dimitri Casali : On évite aujourd'hui ces sujets de par l'omniprésence d'une culture de la culpabilisation qui ne profite à personne. L'auto-flagellation et la repentance sont ainsi devenues la norme au sein de l'Education Nationale, aidant par-là à la formation d'une culture qui a atteint son point d'orgue en 2001 avec l'adoption de la loi Taubira sur l'esclavage. En surreprésentant un discours de haine de la France, nous n'avons réussi finalement qu'à saper totalement le sentiment d'appartenance qui était déjà présent chez de nombreux Français d'origine immigrés, et notamment d'origine algérienne. On évite donc le sujet par peur de faire remonter ceux qui fâchent.

La conséquence est aujourd'hui facile à constater, y compris au niveau statistique puisque l'on sait que plus d'un tiers des jeunes Français d'origine immigrée ne se sentent pas intégrés à leur pays d'accueil. Le risque est évidemment de ne plus pouvoir revenir en arrière a force de laisser s'installer une vision binaire et simpliste de l'histoire, divisée entre oppresseurs et oppréssés - La France étant bien entendue toujours du côté des oppresseurs...

Je pense à l'inverse qu'une réaffirmation claire et assumée des principes républicains aurait tout son intérêt, sans que l'on ait pour autant besoin de tomber dans l'excès inverse à celui du camp de la repentance. Je suis ainsi loin d'être d'accord avec la récente proposition de Mme Le Pen qui souhaite supprimer la double-nationalité, puisque l'on ne ferait ici qu'aggraver le ressentiment identitaire au lieu de profiter du rôle de médiateur que peuvent apporter certains binationaux. Ce constat ne dispense pas pour autant nos hommes politiques d'un plus grand courage, ces derniers s'étant beaucoup trop habitués à instrumentaliser l'histoire de certains groupes communautaires afin de mieux servir leurs intérêts électoralistes.

Ahmed Rouadjia : S’il y avait silence, il n'y aurait pas tant de bruits et de vacarmes autour de l’immigration algérienne, et seulement autour d’elle, et point autour ou à propos des immigrés Portugais, Espagnols, Tunisiens et Marocains. Pourquoi ces branle- bas, ces remuements de souvenirs, d’ exhumations du passé, se produisent et se font lire ou entendre uniquement lorsqu’il s’agit d’immigrés algériens ou leurs enfants ? Ce silence est relatif, car il est souvent rompu entre les deux pays par les lobbys de la mémoire dont j’ai parlé tout à l’heure et qui ont intérêt à entretenir les querelles et les tensions entre les deux Etats, entre les deux nations, et ceci afin d’assouvir leur vengeance ou leur désir de régler des contentieux…Mais les deux Etats aussi ont parfois intérêt  à susciter les tensions, à brandir des menaces de rétorsion économique, de pression diplomatique, de remise en cause de certains accords (c’est le cas des accords sur l’immigration et l’arrêt de celle-ci par l’Algérie en 1972…).

Il arrive aussi, comme c’est le cas depuis 2005, que le silence soit tacitement observé par les deux pays, surtout en ce qui concerne « la repentance », question sur laquelle le président Bouteflika semble avoir mis une croix dessus. De son côte la France officielle dont les intérêts économiques en Algérie sont colossaux, tient à garder de bonnes relations avec cette dernière, qu’elle regarde d’ailleurs  encore comme son prolongement naturelle et historique sur son flanc sud.

Adhésion aux valeurs françaises, rapport au colonialisme... Quels sont ces "non-dits" que la République française aurait tout intérêt à aborder vis-à-vis de ces immigrés d'origine algérienne ? Comment les mettre davantage face à leurs responsabilités dans la détérioration de leur rapport à la France ? Sont-ils d'ailleurs vraiment aussi Algériens qu'ils l'affichent ?

Dimitri Casali : Il y a effectivement tout d'abord un paradoxe dans le fait de voir ces jeunes clamer leur appartenance à la nation algérienne alors que cette appartenance est de fait assez fantasmée. Tout d'abord parce qu'il existe une certaine mythologie (voire une désinformation) qu'entretient le pouvoir algérien à travers sa politique d'éducation, ensuite parce que l'Algérie en tant que nation n'est concrètement née qu'en 1954 avec le déclenchement de la guerre d'indépendance qui a cristalisé la nation algérienne. Auparavant cette terre a connu des populations bien diverses au cours de son histoire (carthaginoises, romaines, germaines, berbères, arabes, ottomanes…) sur laquelle s'est rajouté la colonisation française pendant 130 ans. Cette fragilité de l'identité algérienne peut selon moi expliquer les exubérances de certains jeunes, notamment dans l'émergence des violences qui se sont manifestées le 26 juin dernier.

A partir de ce constat il me semble important d'adopter un discours qui soit plus courageux. Il serait ainsi plus réaliste de mettre en rapport la vie que peuvent avoir les populations d'origine algérienne dans l'Hexagone avec celle qu'elles pourraient avoir dans le pays de leurs parents. On découvrirait probablement de cette manière que la plupart des jeunes concernés n'accepteraient ainsi probablement pas d'échanger leur quotidien actuel contre celui que peuvent avoir les individus de leur âge en Algérie (difficultés économiques, pouvoir autoritaire…). On peut du reste s'étonner de voir que le véritable respect des biens et des personnes qui existe en Algérie détonne autant de celui qu'ont certains jeunes Français d'origine algérienne vis-à-vis de la France.

Ahmed Rouadjia : Les immigrés, leurs enfants et leurs arrières petits enfants (on en est maintenant presque à la cinquième génération) ont un rapport ambigu vis-à-vis de la France, et celle-ci pose également sur eux un regard  non moins ambigu, et qui est fait de condescendance, de supériorité et de paternalisme…L’ambigüité des immigrés et de leur descendance réside dans le fait qu’ils tiennent la France pour responsable de la colonisation de l’Algérie, de leur propre déracinement, et donc de leur implantation forcée  dans l’hexagone comme travailleurs musculaires, comme producteurs de richesse au profit de la France ; pour eux, celle-ci leur est redevable de beaucoup de choses, elle a des dettes envers eux, y compris la dette du sang. Leurs ancêtres, leurs pères, n’ont-ils pas été tués dans les guerres coloniales ( Indochine, Afrique, Moyen Orient.. ;) et aussi pendant la Première et Seconde guerre mondiales pour l’expansion ou la libération de la France ?

Quant au  non-dits que la France aura intérêt à aborder avec ses « immigrés » algériens en particulier, c’est justement de faire amende honorable en reconnaissant qu’elle est le responsable historique de leur transplantation dans l’Hexagone aussi bien avant qu’après l’indépendance de l’Algérie. Car ces immigrés algériens ne lui ont pas été imposés, mais voulus et désirés par elle au lendemain de l’indépendance pour les besoins de son appareil productif qui, pendant les années Glorieuses, réclamait toujours plus de main-d’œuvre docile et corvéable à merci.. ; or les immigrés algériens des années 60 répondaient tout à fait à ce « profil bas » 

L'échec de cette intégration peut aussi être perçu comme le miroir d'une faillite interne de l'identité française. Quelles vérités aurions-nous aussi bien besoin de nous asséner pour enfin regarder le problème en face ?

Dimitri Casali : L'échec de l'intégration est en effet celui de nos élites et de leur capitulation vis-à-vis de ce qui forgeait jusqu'ici les symboles de l'unité française. Notre vivre-ensemble s'est toujours basé sur le partage d'une culture historique ouverte sur le reste du monde qui nous rend collectivement fiers. Sans cette fierté fédératrice de batir un avenir commun, il semble difficile en aval d'éviter les tensions des quartiers chauds ou de favoriser l'esprit civique et le consentement à l'impôt. Il faut donc abandonner en priorité la lecture manichéenne qui est faîte de notre histoire et particulièrement de la colonisation, sans quoi nous resterons en permanence dans une logique de fractures et de conflits au sein-même de notre territoire. S'il ne faut pas se voiler la face sur certains épisodes d'exactions et de mauvais traitements, on ne peut que s'étonner de voir que l'on ne mentionne jamais le rôle de bâtisseur -25 000 kilomètres de routes et 3 500 kilomètres de voies ferrées, la construction de 26 ports, le développement de réseaux sanitaires, les découvertes  de Laveran et de Koch dans la disparition des maladies infectieuses (peste, choléra ou paludisme…)- qu'au pu avoir la France en Algérie.

Ahmed Rouadjia  : En dépit de tous les discours sur le fameux « refus d’intégration », il existe pourtant une foule de preuves contraires à toutes ces allégations : elles résident dans l’installation durable, voulue et désirée, par les 700 000 immigrés nés en Algérie recensés par l’Insee et par plus d’un million nés en France, de nationalité française, soit en vertu du droit du sol, soit en vertu de la manifestions de la volonté…Tous ces gens sont  bien intégrés, hormis une toute petite minorité d’inadaptés ou d’ asociaux, qui n’a pas trouvé sa place dans le système économique hexagonal…Ce que ces immigrés et leurs enfants et petits enfants refusent avant tout, c’est de retourner en Algérie et de s’y établir définitivement. Les uns ont perdu les habitudes, les goûts ( sauf culinaire), les manières de penser, de faire et d’agir ainsi que les habitudes « holistes » qu’on ne supporte plus ; pour les autres, qui sont nés en France, le pays-« le bled »- demeure à leurs yeux celui de leurs parents, non le leur, même si des liens affectifs et mythiques les y attachent encore. Ils ne rêvent pas de venir un jour s’y installer. Leur pays, c’est la France qui les a vus naître et où ils ont implanté leurs jalons, leurs repères … spacieux et identitaires….

Regarder les problèmes en face, ça devrait être pour la France, d’assumer sans honte ni complexe son héritage colonial, et de ne pas renoncer sous la pression des extrémistes de tous bords à ses principes universels, à son ouverture au monde et à sa tradition intégratrice d’éléments exogènes, pour ne pas dire assimilationniste…

Loin de se limiter au seul sol français, le débat comporte aussi une importante dimension dans les rapports qu'entretiennent Paris et Alger depuis 50 ans. Après Chirac et Sarkozy, François Hollande ne semble pas avoir réussi l'impossible réconciliation. Quel rôle la culpabilisation française joue-t-elle dans ce processus ? Comment le pouvoir politique algérien peut-il en profiter ?

Dimitri Casali : Il est vrai que le discours porté par les écoles algériennes présente de nombreuses contre-vérités distillées à des fins politiques, ce qui a pour conséquence non seulement de fausser le regard des nationaux algériens mais aussi ceux des Français d'origine algérienne qui retournent sur place le temps de quelques semaines. A côté des approximations de l'Education Nationale française, on trouve donc effectivement des exagérations plus que poussées dans la version que défend le pouvoir d'Alger de la Guerre d'Algérie et de ce qui en a découlé. C'est d'autant plus dommage de le constater alors que le corps professoral algérien compte de nombreux professeurs de qualité ou d'intellectuels de premier plan comme l'écrivain Boualem Sansal qui sont volontairement mis à l'écart par les autorités locales car ils ne présentent pas la version officielle de l'Histoire entre nos deux pays.

Ahmed Rouadjia : J’ai, partiellement, répondu à cette question. Mais je pourrai en dire encore plus. Par sa nature, son histoire et sa complexité, le couple franco-algérien ne saurait fonctionner que  sur le mode conflictuel. Amour et haine, fascination et répulsion, attirance et rejet, sont les modes qui président aux rapports mutuels des deux pays. Ces traits de conduite n’excluent pas  la coopération dans les domaines les plus divers, ni la réconciliation, ni sa remise en cause, ni les coups de tête,  ni les coups d’éclats ; ils n’excluent pas non plus les divorces momentanés, ni les retrouvailles plus ou moins éphémères et plus ou moins durables. La repentance réclamée à la France par l’Algérie n’a pas empêché la réconciliation entre les deux pays ni l’accroissement des échanges économiques et commerciaux entre les deux nations, ou plutôt entre les deux Etats.

Le seul avantage que le pouvoir algérien tire de la culpabilisation de la France est d’ordre idéologique : montrer à l’opinion publique algérienne que le régime de Bouteflika ne fait pas de « concession à l’ennemi », et qu’il est « fidèle à nos martyrs »….

Qu'est-ce qu'un dialogue franc entre les deux pays permettrait aux dirigeants politiques français de dire à leurs homologues algériens quant à leur responsabilité dans la progression du sentiment anti-français au sein des populations d'origine algériennes ?

Dimitri Casali :Il y a, au-delà même de la question de l'immigration et du sentiment national français, un intérêt logique plus qu'évident à réconcilier nos deux gouvernements, ne serait-ce que pour des raisons évidentes de partenariats économiques et commerciaux. Il est consternant de voir ainsi que c'est la Chine populaire qui est actuellement le premier exportateur de biens en Algérie alors que Pékin est loin de partager une proximité géographique comme culturelle avec ce pays.

Le problème est que la politique "anti-française" que mènent des autorités algériennes est l'arbre qui cache la forêt de problèmes sociaux, économiques et religieux, gigantesques depuis 1962.  L'Algérie n'a connu qu'un enchaînement  d'échecs gouvernementaux majeurs et tant que ces échecs continueront il sera probablement difficile de convaincre le régime de Bouteflika ou un autre d'abandonner un ressort électoraliste aussi puissant que celui de la dénonciation du colonialisme français.   

Ahmed Rouadjia : Il n’ y a pas à ma connaissance une « progression du sentiment anti-français au sein des populations d’origine algériennes en France ». Comme je l’ai dit, et des enquêtes sociologiques approfondies, pourraient le démontrer, rien de tel n’existe chez les immigrés et leurs enfants qui sont profondément acculturés. Partir des extrapolations et des raccourcis n’aident pas à la compréhension des choses ; cela pourrait aggraver la confusion et les malentendus.

Il faut noter que ces immigrés ne s’identifient guère au gouvernement de l’Algérie actuelle, même si les liens affectifs avec le pays demeurent fort. Mais ils ne font pas allégeance au gouvernement, et celui-ci n’a aucune autorité ou magistère politique ou moral sur eux.

Dire que ces immigrés sont porteurs de « sentiments anti-français », c’est ajouter de l’eau au moulin de toutes les enquêtes pseudos sociologiques qui parviennent à la même conclusion, à savoir qu’il existerait « un racisme à l’envers » où les « Français de souche »  seraient les premières victimes du racisme des immigrés…

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